Je me suis demandé dès la première page si je voulais vraiment lire ce livre, qui a reçu le prix Décembre au moment de sa sortie en 2001, du fait de la contrainte du langage qu'il impose. Les policiers arrivent sur une scène de crime : une femme a été assassinée par son mari qu'elle voulait quitter; il a retourné l'arme contre lui, épargnant la fille de neuf ans du couple qui a assisté à la scène, une enfant non désirée, non désignée, et qui souffrait de maltraitance de la part de ses deux parents, mais particulièrement du père, une enfant dont on camouflait les ecchymoses... Elle raconte les événements dans une langue déconcertante, peu ponctuée, cathartique, mythologique, faite d'inversions, de mots inventés, de mots savants qu'il devient lourd de chercher, des incantations qui s'apparentent souvent à des alexandrins… Langage du trauma, de l'indicible, qu'il appartient au lecteur de déchiffrer ? On décèle un sens si on va à la recherche des mots, et cela finit par produire de bien jolies phrases. Je suis contente de m'être accrochée car j'ai somme toute été touchée, mais je reste avec l'impression d'être passée souvent à côté de quelque chose, surtout la fin, que j'ai trouvé pénible à lire et absconse.
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