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Citations sur Une femme (66)

La voici, déjà à l’orée du bois. A grandes enjambées de garçon, dirait sa mère – sa mère ! De rage, elle donne un grand coup dans la terre détrempée qui éclate en mille gouttelettes noires. Elle reprend sa marche, violente. Les galoches s’enfoncent, lourdes dans la terre collante, humide. Cette grosse terre qu’elle pétrit de ses foulées d’adolescente – jeune insolente sans brides – sa crinière brun-rouge glisse peu à peu sur ses épaules encore frêles. Un désir soudain de saisir à pleins doigts la boue. La terre sent une odeur âcre, brûlante. Elle lui enserre les mains, l’étreint. La jeune fille la respire, s’en barbouille le visage. Le vent s’est levé, l’orage là-bas qui rage par-delà Reims, la terre amère, fumante, comme les crottins que laissent derrière eux les gros chevaux du père Jacquin. Elle se met à crier, l’envie de crier sans fin, d’expulser un désir incommensurable, l’envie d’être sans retenue, indécente.
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Elle a tout obtenu de la vie ; elle peut mourir maintenant. Camille se sent dangereusement puissante, elle aime, elle connaît l’amour, le reste est sans importance. Volontairement, elle patauge dans les flaques. Plus personne ne pourra la raisonner, plus personne à la maison ne lui dira quoi que ce soit. Elle connaît l’homme, elle est homme et femme, elle est sculpteur ! De grandes œuvres naîtront de ses mains, colossales, comme ce qu’il fait, lui. Elle saura apprendre encore et encore. Un jour elle sculptera une œuvre géante, comme Michel-Ange. Cette nuit elle a compris l’intelligence de la chair, elle a saisi ce qui lui manquait. On dit que les vierges sont invincibles : elle pense tout le contraire. Ce soir elle n’est plus la jeune fille incomplète, elle est une femme, libre, qui marche dans la nuit et qui sait où elle va. Ce soir, elle est Diane et Aphrodite, elle domine, le monde est à ses pieds. Cette nuit, elle a possédé un homme, l’homme qu’elle aime, ce soir Monsieur Rodin l’a aimée pour la première fois. Elle est aussi forte que l’amour même.
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Dure, droite, elle regarde de ses yeux terriblement ouverts le grand remue-ménage de Paris, semblable à une marée. Camille songe à la mer qui transforme les tempêtes du grand large en une caresse qui vient chatouiller doucement les pieds. Paris encercle amoureusement les jambes de l'adolescente.
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Il y avait une fois un petit clown qui avait enfilé en cachette les grandes chaussures de la vie. Mais il les avait mises à l'envers. Le pied gauche était à droite et le pied droit était dans la chaussure de gauche.
Il partit tête baissée et se retrouva sur le nez. Mais son cœur était plus large que les chaussures : on pouvait y mettre les deux pieds. Les gens ne s'en privaient pas. Ils enfilaient son cœur et piétinaient avec.
Comme le petit clown ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, il remit les grandes chaussures à ses mains pour mieux tâter la vie et ses pieds dans son cœur. Alors il se mit à courir : mais là où il posait les pieds, son cœur s'écrasait, et quand il ouvrait les bras, il perdait ses chaussures.
Il réfléchit, mais les yeux grands ouverts, et perdit son nez.
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*Paul Claudel regardant sa soeur, Camille*

... Sa soeur est belle, vraiment. Les autres personnes ont des yeux morts. Elle, elle regarde. Ses yeux vibrent comme si elle rendait chaque être humain, chaque objet plus resplendissants.
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L'art n'est que sentiment.
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Attention, mademoiselle Camille, fermez bien votre col. On est vite pris pour ce que l'on n'est pas. La conscience pour soi, ça ne suffit pas dans ce bas monde.
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Ils se disent tout dans la pierre même, c'est là leur vrai royaume, leur couche nuptiale, le long désir entre elle et lui qui ne cesse de se prolonger, de renaître,l'absence aussi.......aussi forte que la possession. Elle n'aura jamais d'époux, de maison, d'enfants à elle. Juste une pierre, la pierre de leur continuelle impossibilité à être heureux ensemble.
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"N'atténuez jamais la laideur, l'avachissement de la vieillesse. Si vous arrangez la nature, si vous la gazez, la déguisez, vous créez de la laideur parce que vous avez peur de la vérité."

p.123
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Camille déteste ces femmes qui ne disent jamais ce qui leur fait ou non plaisir. Eternelles victimes, elles se sacrifient à tout jamais. Ayant réfrène leur joie, elles ne peuvent plus que subir. Elles ont de dressé un tel barrage devant le plaisir que même un plat, une fleur, ne provoquent plus chez elles le moindre acquiescement. Toute existence est en forme de croix. Camille, du fond du coeur, remercie Monsieur Rodin de lui avoir communiqué le goût du plaisir. De toute façon, elle l aurait trouvé. Toute petite, elle s'était juré de chercher toujours plus loin. Il y a un certain égoïsme qui est une forme de santé. La réflexion de son père, un jour, est restée gravée dans sa mémoire d'enfant. "Camille, dis aux autres ce qui te fait plaisir. Le sacrifice peut aliéné tout le monde. Que les autres sachent ton vrai désir. Rien n'est pire qu'on se sacrifié pour vous. Ce n'est pas un cadeau à faire. Pour un homme, c'est une forme insupportable de chantage."
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