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sur 566 notes
Choqué ! Je suis absolument choqué quand j'essaye de m'imaginer, comment un membre tant éminent de l'élite ait pu traiter sa soeur, la plus grande sculptrice de tous les temps. Éminent il était ce Paul Claudel : immortel (membre de l'académie française), ambassadeur, grand-croix de la Légion d'honneur, auteur prolifique er figure de proue de la religion catholique. Je n'arrive tout bonnement pas à comprendre qu'un homme tant cultivé ait pu agir de la sorte. Et ce ne sont certainement pas ses explications vaseuses, à propos de la pauvre Camille, qui m'y mèneront.

J'avoue que le pourtant excellent ouvrage d'Anne Delbée m'a coûté de la peine à terminer. En fait, j'ai failli plusieurs fois l'abandonner, tellement que le sort scandaleux, réservé à cette artiste hors pair par son éminent frere m'a dégoûté. Si j'étais Saint-Pierre, je ne l'aurai pas laissé entrer au paradis, malgré son visa particulier, qu'était son 'Annonce faite à Marie'. Ouvrage sur lequel, j'ai trouvé une critique on ne peut plus pertinente de la main de ChatDuCheshire à Babelio, dans la vie, le professeur Isabelle Corbisier, qui après avoir loué les qualités littéraires de cette oeuvre, ajoute : "Mais celle-ci (l'écriture) est au service d'un propos catholique réactionnaire totalement écoeurant à mes yeux. Toutefois on ne peut reprocher à l'auteur de ne pas y être en phase avec lui-même quand on sait ce qu'il fit de sa soeur Camille..."

Une chose est certaine, jamais je ne lirai un autre ouvrage de Paul Claudel. Non pas comme une espèce de revanche posthume, mais tout simplement parce que n'importe quel oeuvre de lui serait hypothéquée par le tragique destin de sa soeur, qu'elle a vécu largement à cause de lui.
Il y aura, devant mes yeux en d'autres termes, toujours cet ahurissant contraste, entre la gloire et les honneurs d'un côté, la misère à l'état pur de l'autre.

Pour ceux qui n'ont pas lu ce livre ou un autre sur Camille Claudel, ni vu le film que Bruno Nuyten en a fait en 1988, avec une inoubliable Isabelle Adjani, l'incarnant à l'écran, je résume brièvement les faits. La sculptrice a passé presque 30 ans dans un asile d'aliénés, de février 1915 jusqu'à sa mort, le 19 octobre 1943, pour être précis. L'instigateur de cet enfermement, pour 'démence paranoïde', n'est autre que son frère. La cause principale de sa mort est la malnutrition, problème dont le frère avait été informé par le chef de clinique juste avant sa mort. le grand académicien-diplomate-supercatholique n'a pas daigné venir à son secours, ni à son enterrement (dans une fosse commune), d'ailleurs.

L'ouverture, à Nogent-sur-Seine, le 26 mars dernier, du Musée Camille Claudel, lui permettra enfin, du moins je l'espère, de sortir de l'ombre d'Auguste Rodin. 74 ans après sa mort, ce n'est vraiment pas une minute trop tôt !

Comme il y a déjà 16 bonnes critiques de l'ouvrage d'Anne Delbée, je m'abstiendrai de synthétiser ce livre. Je veux juste exprimer mon étonnement que l'auteur n'a pas été couronné d'un prix prestigieux, outre celui des lectrices de Elle. Si le Prix de l'Académie française, s'avérait évidemment un peu délicat, il restait le Goncourt, Renaudot ou Femina !
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« Elle a tenu longtemps. Sans armes, sans ruses, sans faux-semblants. À mains nues. Voilà. Elle n'a plus ni ciseau, ni maillet, ni sculpture. Ils ont tout pris. Elle revoit la vieille Bible usagée. Elle voulait sculpter. Les petits contre les forts, les grands. Il y en avait encore tant d'autres – tant d'épopées qu'elle aurait aimé relire de ses doigts poussiéreux. Elle est là, sans livres, sans terre, sans bras. La camisole. » (p.70)
On est frappé par la splendeur avec laquelle Anne Delbée nous révèle la vocation de Camille, dans un des premiers chapitres (Les enfants de la lune). L'adolescente est bouleversée par l'appelle des rocs altiers et nous aussi avec elle. Dès le début, ces derniers ressortent des paysages familiers, ils sont humanisés. Un rituel mystique se joue entre Camille et la forêt, les falaises, les racines d'arbres, le vent, la boue, la Nature mystérieuse dans le bruit de l'orage. Elle veut respirer la terre, rouge, elle l'enveloppe dans sa pèlerine, en fait un balluchon. Dans une nudité sacré du coeur, elle se roule dans le sable.
Les pierres lui reviennent toujours : dans ses visions, dans les fables qu'elle invente pour son jeune frère. Elle fait parfois peur à son cadet par son regard vibrant de passion. Sous l'astre nocturne, les blocs de granit s'enlacent, lui demandent des baisers. « Ils étaient nus et leurs doigts à jamais étreints. Aussi ferme que la pierre, aussi obstiné que l'âne, tel était leur amour. » À 13 ans, elle se promène seule, ses vêtements trempés, oublie l'heure, la « petite sorcière » de son père, Louis-Prosper, qui la comprend si bien. Camille aimerait voir le diable, persuadée qu'il est « commun, passe-partout ». D'ailleurs, ce mot maléfique colle à son prénom, par le mépris des un, par l'admiration des autres. « Traînée, traînée ! » Sa mère lui donne des claques, son oeil noir et ses malédictions n'arrêtent pas Camille, si heureuse de sculpter.
Derrière les phrases haletantes d'Anne Delbée se cache le cerveau puissant de l'écrivain qui par le moindre détail de ces pages initiales annonce déjà tous les évènements futurs de l'histoire de l'artiste damnée.
Très jeune, Camille se passionne pour la lecture (Baudelaire, Villon, la Divine Comédie de Dante et tant d'autres), pour des concerts (Richard Wagner, Claude Debussy). Sa culture est immense. Tous les recoins de son âme nous sont dévoilés. Camille a besoin de solitude : « Elle n'est pas méchante mais elle veut être seule ». « Comment peut-on tous les jours de sa vie se réveiller à côté de quelqu'un ? Une chose est essentielle : la solitude à soi lorsqu'on ouvre les yeux… » « Camille marche sous la pluie. L'orage a crevé. Camille, curieusement, se sent heureuse d'être seule. Elle n'aurait pas aimé rester là-bas », sur le divan de l'atelier où Monsieur Rodin l'a aimée pour la première fois. « J'irai là où il n'y a personne. » « On me reproche (ô crime épouvantable) d'avoir vécu toute seule… »
Elle n'aime pas des longs sommeils, elle oeuvre dès l'aube ! Elle déteste les gens qui perdent leur temps dans les politesses. Comme si elle sentait que le temps lui était compté, son ouvrage ni ses mains ne peuvent attendre ! Et pourtant elle est capable d'humilité, douée d'autodérision, cette donzelle aux cheveux indisciplinés. « Ce sont les médiocres qui ont peur d'apprendre et qui s'enferment chez eux. le temps efface toutes les signatures. » Cependant ses yeux bleu sombre affolent, non seulement son petit Paul, mais des étrangers, d'autres sculpteurs, et parfois même son père. « Vous avez quelque chose. Ne le gâchez pas par votre violence ! », lui affirme son premier maître Alfred Boucher.
J'étais en quelque sorte voisine de Camille Claudel au temps où j'habitais à deux pas de l'Île Saint-Louis. Mon ami brûlait d'admiration pour cette femme sculpteur injustement enfermée dans des asiles psychiatriques. Nous nous arrêtions devant la plaque apposée sur sa dernière maison, en même temps son atelier, mais je ne connaissais pas encore la tragédie de Camille Claudel, ni par le film avec Adjani ni par ce texte. C'est maintenant que j'ai la chair de poule en longeant le quai de Bourbon, N°19. J'entends alors en moi ces phrases du livre : « Camille songe à la mer qui transforme les tempêtes du grand large en une caresse qui vient chatouiller doucement les pieds : Paris encercle amoureusement les jambes de l'adolescente. Elle se laisse faire, souveraine de cette ville qu'elle apprivoise déjà. »
À mon humble niveau, j'aime aussi reconnaître des « personnages » et des « attitudes » dans des gros rochers de la forêt de Fontainebleau et les photographier avec frénésie : un mouton, un couple, une fée carabosse, bien au-delà des silhouettes spectaculaires décrites communément dans des guides touristiques. Tant pis si un randonneur me lance avec sourire : « Arrête de fumer la moquette ! » C'est aussi pour cela que je dévore ce bouquin. Dire que je l'ai ramassé au kiosque du Jardin des Serres d'Auteuil, tout écorné par des lectures intensives !
Rodin, « lui seul partageait avec elle un identique idéal de beauté et de vérité. » Elle tombe amoureuse d'abord de ses Mains de sculpteur, si habiles, si intelligentes, si sensuelles, si mystiques, transfigurant la réalité. Ils se sculptent l'un l'autre, leur Rencontre les inspire pour plein d'oeuvres !
Anne Delbée s'est incroyablement documentée pour écrire un livre si détaillé, riche en renseignements techniques sur la sculpture, parsemé de références à Michel-Ange et d'autres génies intemporels. Ses pensées concernant la philosophie de l'art ainsi que l'histoire de l'art m'ont parlé énormément. Très vite j'ai arrêté de publier des citations car chaque passage me paraissait une révélation ! À vous de découvrir les étapes suivantes de la vie de Camille Claudel, ses autres rencontres, rêves et projets.
Un tel destin, un tel roman, poussent à réfléchir et peut-être à se dire qu'il existe un amour si fort, si torrentiel, qu'il faut savoir y survivre, mais déjà il faut avoir du courage pour le désirer. Pour Camille, c'est un amour où la vie et la création ne font qu'un. Elle n'en a pas besoin d'autre. Celui-là est sacré. Est-ce vouloir trop ?
Demeurent La Vague (1897), marbre-onyx et bronze, La Valse (1905), bronze, Vertumne et Pomone (1905), marbre, ces oeuvres présentées Paris, au musée Rodin, et tant d'autres encore…
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Fin du XIXe siècle, une très jeune femme rêve d'être sculpteur. Impensable à cette époque ! Et pourtant, pourtant Camille résiste en dépit des considérations de sa famille. Elle lutte pour assouvir sa passion. Un jour, elle rencontre le célèbre Rodin et c'est l'amour fou. Elle devient son élève aussi bien en amour qu'en sculpture. Son talent éclate, mais leur relation est orageuse et déborde de l'atelier. La rupture est annoncée et Camille ne la supporte pas. le scandale est là, le frère, Paul Claudel, ne le supporte pas. Il la fera enfermée...

Camille Claudel fut internée pendant trente ans... Ce magnifique hommage contient quelques lettres écrites par Camille à son frère. Ce sont des lettres très poignantes dans lesquelles on ressent toute la passion dévorante de Camille pour son art. Quant à la folie, on peut se poser bien des questions à son sujet...
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«Une femme » d'Anne Delbée est la biographie de Camille Claudel, soeur de l'écrivain et poète Paul Claudel, et élève et amante d'Auguste Rodin.
XIX siècle, Camille est l'aînée d'une fratrie de deux soeurs et un frère Paul avec qui elle partage un amour fraternel. Jeune adolescente, atypique et sauvage, Camille aime fureter dans la nature et prend un réel plaisir à toucher et modeler la glaise.
Dotée d'un don pour la sculpture, la jeune fille décide d'exercer cet art.
Mais à cette époque, l'aspiration pour cet art est scandaleuse pour la femme, et sa mère qui voue une haine inextricable pour sa fille, s'y oppose catégoriquement. Soutenue par son frère et son père avec qui elle entretient une tendre complicité, ce dernier lui offre des cours sur Paris.
Camille rencontre le célèbre sculpteur Auguste Rodin et devient son élève, de cette passion commune découlera une longue et tumultueuse histoire d'amour.
Demeurant dans l'ombre de Rodin, la jeune femme trouve la force de quitter son amant malgré l'amour qu'elle lui porte, et se consacre à corps perdu dans ses oeuvres.
Murée dans sa passion, l'artiste Claudel s'isole dans son atelier, s'épuise à sculpter, démunie, sans ressources, elle s'acharne. Paul, attendri par sa soeur, essaie de l'aider mais sans espoir.
Malgré son génie, Camille n'arrive pas à imposer son art, anéantie et obsédée par Rodin qu'elle croit néfaste à sa réussite, malade, pauvre, essoufflée par sa vocation, elle sombrera dans la folie comme une bête sauvage, seule et perdue.
Sa mère, sans scrupules, prend l'initiative de la faire interner dans un hôpital psychiatrique où elle finira ses jours.
Chaque chapitre de cette biographie comporte des lettres de Camille Claudel, écrites de l'hôpital, où elle crie et adresse son désespoir, sa haine pour Rodin, son désir de retrouver sa liberté, mais elle n'aura en retour que du silence et de l'ignorance.
Bouleversante d'émotions, Camille Claudel fut une incomprise, naît d'une époque qui ne lui fut pas favorable, cette femme courageuse, volontaire, insoumise imposera sa passion pour la sculpture, et revendiquera sa rage de liberté.
Son intégrité et sa soif de réussir, malheureusement la conduiront vers une triste destinée, mais le temps jugera de son talent.
Anne Delbée signe une oeuvre littéraire touchante sur la vie de la sculptrice Camille Claudel.
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C'est une biographie romancée intéressante et complète , pour l'apprécier à sa juste valeur j'aurais dû débuter par cet ouvrage avant de me lancer dans les autres biographies et lectures de documents divers sur Camille Claudel.
Le rappel constant à chaque nouveau chapitre de son exil en milieu psychiatrique sonne comme un écho douloureux du calvaire qu'elle a vécu.
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j'ouvre le livre et je lis, écrit à la main
"Printemps 2014
Pour ma soeur chérie"
il y a aussi un post-it : "Tu me reparleras de Rodin après avoir lu ce livre. Bises."
et je me souviens de la conversation que nous avons eue lui et moi quelques semaines auparavant où je lui confiais mon admiration pour cet homme.

Alors, qu'en est-il, ce livre m'a-t-il cassé mon Rodin?
je ne peux pas dire ça, et le livre ne s'y prête pas.

Par contre, je suis tombée raide dingue (…) de Camille, sa personnalité, sa force de travail, sa pugnacité et bien sûr son génie.

Et on peut dire que sa rencontre avec Rodin a sans doute plus fait son malheur que son bonheur, une chape de tristesse et d'injustice face à de fugaces instants de bonheur et de complicité.

Touchante aussi la complicité avec son frère et fort son amour pour son père qui l'a toujours soutenue, même face à sa mère qui ne l'aime pas ; sa fille qui sculpte depuis l'enfance ne rentre pas dans le cadre bourgeois et conventionnel qu'elle s'est fixé pour elle.

Insupportable le poids étouffant de la société "bien pensante", impitoyable et destructrice.

Le livre se dévore, plein d'émotion, avec parfois des passages plus obscurs, où je ne savais plus qui parlait, ou alors si c'était une description réelle ou juste un égarement de la belle Camille.
Il est émaillé de passages de lettres, et de citations d'ouvrages de son petit frère Paul.

Bien sûr je n'ai pu m'empêcher, en cours de lecture, de googler les titres de sculptures pour (re)découvrir des oeuvres d'une intensité tangible, et je n'aurai de cesse désormais de pouvoir les découvrir en vrai, en plâtre, en marbre ou en jade (les Causeuses).

Sublime revanche, Camille, la force de ton oeuvre offre au monde ta pérennité.


4/5

is@juin14
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Pépite !!!
Quand on s'attaque à la biographie de Mlle Camille CLAUDEL, sculpteur de son état, c'est comme un immense bloc de marbre façonné par la vie: quel génie !! une passionnée, belle, intelligente; incarnant la liberté, la passion, sa condition féminine bien malmenée dans le milieu artistique, élève puis amante de Monsieur Rodin, elle s'impose comme une immense artiste.
Celle qui sera toute sa vie "mise à l'écart" par sa famille, internée au Centre psychiatrique de Montdevergues en Vaucluse, son frère Paul ne lui rendra que quelques visites où elle restera interné pendant trente trois ans !!!..

Hélas combien de ses contemporaines ont -elle été "bâillonnées" de la sorte, et si peu considérées...Une artiste émouvante reconnue bien tardivement, son œuvre est impressionnante de par la maîtrise de son art et caractérisée par la force et la beauté qui se dégagent de ses sculptures.

Si vous voulez prolonger cette lecture je vous conseille sa correspondance ..son entourage voulait la faire passer pour une folle..et ne relisant ses lettres nous sommes bien loin de cette description erronée.

Livre culte pour tous les amoureux de Camille Claudel qui a été le livret du magnifique film adapté au cinéma avec Gérard Depardieu et la sublime Isabelle Adjani.

je vous propose mon quizz et la liste des ouvrages sur cette magnifique artiste
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Très beau livre d'Anne Delbée, qui nous révèle la vie de Camille Claudel.
Une femme passionnée qui se donne corps et âme à son art, ainsi qu'a son amour.
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Cette biographie raconte la vie de Camille Claudel, son enfance à Villeneuve avec son frère Paul avec qui elle était fusionnelle.
Quand Camille sera adulte, son frère lui manquera, elle aurait aimé aller en Chine avec lui. Camille est décrite comme une personne au caractère entier avec assez peu de patience. On apprend aussi qu'elle ressentira un sentiment d'amertume quand elle se comparera à Auguste Rodin.
A cette époque il n'était pas facile pour une femme d'être reconnue comme artiste et d'être exposée. Les chapitres alternent biographie et lettres de l'asile.
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Une femme… quelle femme ! Camille Claudel, la soeur de Paul l'écrivain, l'élève, la maîtresse et la muse d'Auguste Rodin mais surtout une femme sculpteur à part entière dont le talent n'a été hélas reconnu à sa juste valeur que trop tardivement.

Le livre d'Anne Delbée est un bel hommage à cette merveilleuse artiste qui connut un destin hors du commun. « Trente ans de création – Trente ans d'asile »
Camille Claudel est née en 1864 à Fère-en-Tardenois dans une famille de la bonne bourgeoisie catholique de province. Elle est rejetée par sa mère, qui, après le décès prématuré de son premier né, attendait un garçon, Un brin sauvageonne, les cheveux hirsutes, Camille dès son plus jeune âge s'échappe de la maison familiale de Villeneuve, court dans la nature, parle aux pierres, « poignasse » la terre et la met en forme. A 17 ans, elle le décide, elle sera sculpteur. Soutenue dans son projet par son père, elle va séjourner à Paris où Rodin l'accepte comme élève dans son atelier. Il va s'en suivre plusieurs décennies de création artistique, tout en sensibilité et délicatesse, et une relation passionnée et tumultueuse dont Camille sortira épuisée psychologiquement, anéantie. Un comportement quelque peu désordonné, elle sera jugée folle par sa famille qui la fera interner, sans scrupule, dans l'asile de Montdevergues, où elle mourra 30 ans plus tard en 1943. Au tournant du 19ème siècle il ne fait pas bon être une femme qui refuse les conventions et les codes de la société.

J'ai lu cet ouvrage poignant il y a quelques années déjà. Il m'avait été offert par une amie qui en avait été tellement touchée à sa lecture qu'elle avait souhaité me faire partager son ressenti. Je lui en suis très reconnaissante. Cette biographie originale de Camille Claudel, assez atypique dans son style d'écriture et sa conception, est une pépite ; Anne Delbée y révèle toutes les facettes de la personnalité de cette femme artiste passionnée mais incomprise, enfermée presque la moitié de sa vie en hôpital psychiatrique. Comment ne pas se sentir révolté devant tant de cruauté et d'injustice ? A noter que chaque chapitre est ponctué par des extraits de textes de Paul Claudel et surtout de lettres touchantes de Camille à son frère dans lesquelles elle exprime toute sa passion pour son art et son désespoir d'être privée de sa liberté.

« …quant à moi je suis tellement désolée de continuer à vivre ici que je ne suis plus une créature humaine. Je ne puis plus supporter les cris de toutes créatures, cela me retourne sur le coeur. Dieu ! que je voudrais être à Villeneuve ! Je n'ai pas fait tout ce que j'ai fait pour finir ma vie gros numéro d'une maison de santé. J'ai mérité autre chose que cela… »

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