Elle marchait sur un fil

J' ai beaucoup aimé ce livre, qui évoque la difficulté de savoir qui on est après le départ de l'homme qu'on aime après l'âge de 50 ans. Et surtout, la difficulté d'être sous le regard de ceux qui pensent vous connaitre "par coeur", alors que vous leur montrez ce que vous aviez éteint en vous

Je connaissais la manière de saisir l'instant présent de Philippe Delerm, la justesse des ses mots pour poser le décors et faire naître les sensations, comme si on y était ... mais là, j'ai été emportée par cette histoire si touchante de Marie, par ses rêves, ses espoirs, ses bouées, ses regrets. Même si les personnages sont parfois un peu caricaturaux de certains parisiens proches des milieux artistiques et partant en vacances sur les côtes bretonnes, ils ont si touchants ! le style est flamboyant de simplicité et de justesse. On voit les palettes de bleus-gris, on sent le crachin et le sel, on goûte au vin, on entend les notes et les rires, on partage la complicité ou la colère, on pleure de leur désespoir, de leur rêves révolus, on s'enthousiasme de leur fébrilité, de leur ambition et de leur soif d'absolu. On vit avec Marie,Léa, André, Etienne, Pierre, Agnes, Joseph, et les autres durant 24h, le temps de faire défiler ces pages en apnée, happée par la précision subtile et la douce émotion. Tout en retenu. Sur le fil.