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Critique de Floyd2408


J'aime le dessin, lors de mon adolescence, je griffonnais mes humeurs sur une feuille blanche, le graphite en mouvement s'animait de forme légère, petit à petit ma bibliothèque de bande-dessinée prenait naissance avec emphase, Gotlib, Dany, Claire Bretécher, Coyotte, Maester, Franquin et Hugot sont ces dessinateurs qui eurent ma primauté, j'ai eu l'occasion grâce à la masse critique de Babelio de redécouvrir le plaisir du dessin avec entre autre, Paris sous les eaux de Joann Sfar, La cage aux cons de Robin Recht et Alors, il planta une forêt de Kayla Harren, lorsque sur l'étale d'une librairie mon regard se pose sur la première de couverture d'Ici de Martine Delerm et de Philippe Delerm, mon attraction fût irrésistible, par le dessin et le titre, sans oublier l'auteur que j'apprécie énormément Philippe Delerm, ayant lu certains de ces livres comme Quelque chose en lui de Bartleby, le trottoir au soleil, Écrire est une enfance, La sieste assassinée et j'en oublie. le plaisir de découvrir ce livre à quatre mains, ce couple d'artiste qui vingt après leur dernière collaboration avec Fragiles, revient entremêler le dessin et les mots, cette union artistique est une excroissance de leur vie commune, Martine avec ces exquises laisse Philippe jongler avec ces mots pour animer ces aquarelles, une musique prosaïque berce ce va et vient naturelle entre ces dessins sans que l'un et l'autre interviennent et ces mots comme une refrain d'une mélodie, sublime l'instant et la simplicité éphémère des choses, celles qui gravitent autour de nous, cette valse rythme le coeur, l'ébauche s'anime d'une aquarelle en douceur, la marée prosaïque quitte le dessin pour bientôt lui tenir la main pour ne plus se quitter l'un l'autre, un mariage s'accomplit devant nous.
Martine Delerm dessine, Philippe met en mots la gravure de sa femme sans connaitre le sens qu'elle lui a donné, ce mécanisme fonctionne à merveille, l'osmose est là, la poésie graphique à la tenture pastelle s'invite aux mots de l'écrivain comme un écho intime, le petit personnage épuré au trait simple, une petit fille sage, souvent expectative, dans la réflexion, perdue dans ces rêves, aux couleurs des quatre saisons, sirène, assise sur un masque chirurgicale le regard au loin, perchée sur une branche la peignant tout en regardant une boite ouverte, stoïque devant des feuilles manuscrites, errant sur des feuilles mortes qui voltigent dans l'atmosphère, à califourchon sur un réveil ancien à aiguille et ces autres dessins qui illustrent cet album, une douceur se dégage de ces ébauches, beaucoup d'émotions aussi enveloppe chaque tableau, comme celui de cette petite fille tenant un parapluie au-dessus de son visage, la pluie de larmes se déversant sur tout son corps par un chagrin, de la souffrance avec ces barbelés perçant le corps de cette jeune enfant à trois endroits, tenant un des poteaux, puis cette aiguille de couture qui la traverse, incrédule assise sur une bobine de fil, de la joie naturellement que vous découvrirez avec plaisir. Chaque tableau de Martine Delerm, avec son héroïne, s'empare d'un sentiment, d'un instant, d'une émotion, d'une sensation, d'une légèreté, d'une mélancolie, d'une souffrance, du passé, d'une odeur, d'une réalité, d'un imaginaire, d'un plaisir, d'une envie, de la fugacité de l'instant, d'une respiration, d'un vertige, et surtout du lecteur, le magnétisant dans cet univers Delermien graphique de cette jeune demoiselle si attachante.
Les mots de Philippe Delerm sont des chemins qui cristallisent tous ces dessins, dans cette même direction qu'est la vie. Une certaine philosophie se distille dans cette prose, l'espace parle à nos silences, le silence est un bienfaiteur, nous avons différentes vies, la passé reste fragile et souvent ineffaçable, nous sommes une fuite immobile, la mélancolie du plaisir sans qu'il devienne souvenir, la folie est une différence rafraîchissante, se réconforter de ce que nous sommes sans oublier ce que l'on aurait être ou devenir, nous sommes nos actes et nos actions….Voici quelque principe de vie que les mots suggèrent aux dessins ou la petite héroïne s'anime dans sa légèreté d'être, la complexité de sa vie, comme la nôtre est d'être l'assurance de nos choix et de nos actes, les détours et les contours de nos vies sont cette rivière qui chemine son chemin et pousse sa destiné vers l'océan, pour nous l'océan c'est le plaisir qui saupoudre nos vies, comme manger une pomme, être oisif dans un jardin de jonquilles, peintre la vie et ressembler à la vie, cultiver ses rêves, plonger dans l'imaginaire, lire encore et encore, éviter l'actualité qui est contraire au présent, regarder les saisons et les vivre et ces autres moments que nous offre notre terre féconde.
J'ai à chaque dessin, imaginé des mots, puis lu ceux de Philippe, j'ai analysé aussi ces dessins, puis je me suis laissé porter par cette poésie tridimensionnel, où je suis acteur de mes émotions et de cet imaginaire qui entre en éruption, pour jaillir et le laisser porter par ce beau livre.

Le plaisir est sans fin, comme la vie est courte, Ici est une douceur invisible qui vient caresser vos lèvres d'un léger sourire de bonheur, imperceptible et si profond, merci.
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