Je ne connaissais pas
Nicolas Delesalle. Les quelques mots de présentation m'apprennent qu'il est reporter et travaille pour Télérama... Je n'en saurai pas beaucoup plus. C'est donc avec curiosité que j'ouvre son premier roman.
Kolia est âgé d'une quarantaine d'années à la mort de sa grand-mère. Son grand-père, qu'il nomme affectueusement Papito, est endormi dans le canapé. Mais ce vieil homme à la vie bien remplie a tout oublié, victime de la maladie d'Alzheimer. Aussi Kolia est-il tout étonné de l'entendre répondre à sa banale question : « Alors t'as piqué un roupillon Papito ? », « Tout passe, Kolia. Tout passe, tout casse, tout lasse. »
Cette phrase le bouleverse et le fait réfléchir. C'est ce qui le pousse à écrire une lettre ouverte à Anna, son arrière-petite-file à venir. Il plongera dans ses souvenirs pour les lui raconter. Penchés sur son épaule, les lecteurs découvrent avec elle les moments forts de l'existence de l'auteur. Chaque chapitre en ressuscite un.
Il y a la première communion, attendue comme une promesse de miracle, ce moment où il pourra enfin « manger Dieu ou son fils, ou le Saint-Esprit ». Est-ce que « ça irradie le coeur [comme] un soleil dans le ventre qui brûle les saloperies » ?
La découverte de la lecture. le défilé des professeurs d'un « bahut privé de pères maristes ». Les tentatives de conquête spatiale avec son cousin qui lui apprend, très grave, que « c'est bientôt la troisième guerre mondiale, on ne verra jamais l'an 2000, il faut quitter cette planète, alors j'ai dessiné les plans d'une navette pour se tirer ». le premier baiser, la première rupture, le chien Raspoutine ou la naissance de son premier enfant.
Pas d'histoire à proprement parler.
Nicolas Delesalle saute allègrement d'une époque à l'autre au fil des chapitres. le voici à quinze ans, là il est à la maternelle, ici, il est reporter ou là encore, il a huit ans. La chronologie est gaiement bousculée. Ce qui nous donne l'impression d'écouter, à côté d'Anna, cet ancêtre qui redécouvre des souvenirs dans le désordre.
Chaque chapitre porte un titre et compose une petite histoire offerte comme une vraie perle. Les mots font mouche. Dès le début, on est pris : « Au plafond, un ventilateur antédiluvien tournait au ralenti et découpait de grosses tranches d'air tiède qui me tombaient sur le visage. » Quelle image, non ?
Telle expression fait éclater de rire, telle autre pince le coeur.
Chaque lecteur sera touché par quelque chose de différent, mais tout le monde se retrouvera certainement dans ces pages.
J'ai tout aimé de ce livre qui m'a fait parcourir les routes de l'enfance, de l'adolescence, de la famille et je suis très reconnaissante à Babelio qui m'a permis de le découvrir dans le cadre de son opération « masse critique ».