Etre otage, c'est pire qu'être en prison. Au moins, en prison, tu sais pourquoi tu es enfermé. Alors qu'otage, c'est juste de la malchance. Au mauvais endroit, au mauvais moment.
Je suis au fond du gouffre. Comment pourrais-je regarder dans les yeux mes amis, mes compagnons de travail avec cette somme que je leur aurais fait perdre ? ! Sortir d'ici, oui, plus que jamais. Mais pas à n'importe quel prix... pas à n'importe quel prix.
Ça me paraît tellement irréel de savoir que la vie continue dans toute sa banalité alors que je suis enfermé ici, menotté au sol.
Au-dessus de moi, un ciel rempli d'étoiles. Quelle magnifique sensation de liberté.
Être otage, c’est pire qu’être en prison.
Au moins, en prison, tu sais pourquoi tu es enfermé.
En prison, tu connais le jour où tu vas sortir, la date précise…
Alors qu’ici je peux juste compter
les jours qui sont passés sans savoir
quand ça va s’arrêter.
« Ne pas perdre le décompte des jours. Le temps, c’est la seule chose dont je sois certain. » (p. 85)
Parfois, j'entends une voiture qui passe.
Des gens qui vont, qui viennent... qui vaquent à leurs activités quotidiennes.
Travailler, faire une course, visiter un ami...
Ils passent devant cette maison.
Ça me paraît tellement irréel de savoir que la vie continue dans toute sa banalité alors que je suis enfermé ici, menotté au sol.
Je suis attaché à moitié nu à un radiateur dans une pièce vide depuis plus de trois semaines.
Qu’est-ce qu’un gamin de trois ans a pu comprendre à cette scène?
Un gars attaché comme un chien.
Oui, qu’on ferme cette porte!
Que personne ne me voit moisir dans cette pièce.
Moisir et déprimer un peu plus jour après jour.
Oh là là ! Où tu vas ?
Tu es attaché à un radiateur et tu leur dis gentiment "bonne nuit" ?
Il faut que j'arrête ça tout de suite. Ces types ne sont pas dans mon camp, ce sont mes ennemis. Je dois les traiter comme tels.
À partir de maintenant, c'est fini les amabilités avec des gars qui sont mes geôliers.
Et je fais quoi une fois dans la rue ? Si j'y arrive ? Je me cache ? Je cours ? Peut-être qu'on va me tirer dessus ? Ah ! mais la tête de Thénardier quand il verra que j'ai filé. Et de tous les autres enfoirés ! Envolé le petit gars timide. Envolé celui qui avait pas l'air de pouvoir tenter un coup aussi risqué. Hé hé !
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