La laïcité était « un espace non religieux pour que chaque religion y trouve sa place ». Sa caractéristique était l’intégration, même de ses ennemis, en acceptant la diversité des opinions. C’était un régime d’inclusion contre le régime d’exclusion typique de l’Ancien Régime, alors que le christianisme (dans la spécificité française, il s’agissait du catholicisme, ailleurs du protestantisme ou de l’orthodoxie) avait imposé le monopole de la religion officielle. Du régime d’exclusion on était donc passé aux droits égaux pour tous. En ce sens, la genèse de la laïcité contemporaine se plaçait sous le signe d’une lutte contre les prétentions au monopole de la religion pour affirmer la possibilité de plusieurs vérités publiques et la liberté de conscience et de culte.
Déclinée à la Poulat, l’entité particulière qu’est la laïcité se manifestait comme un espace de liberté pour les cultes et pour tous les cultes. Aux cléricaux convaincus que la laïcité marginalisait la religion en la réduisant à l’espace privé, Poulat opposait son idée qu’elle n’était pas la privatisation de la foi, mais son contraire, la « publicisation du culte ». Aux anticléricaux persuadés que la laïcité signifiait contrôle de la religion et limitation de son espace public, il objectait qu’elle garantissait la liberté de conscience pour tous, donc une place au soleil pour tous.