J'ai fini ma lecture ce matin. Après quelques difficultés avec les cents premières pages, j'ai commencé à ressentir davantage la plume de l'auteure et de sympathie à l'égard de Laurel. Et j'ai avalé les deux cents pages restantes entre la soirée et la matinée. D'un coup, je ne pouvais plus lâcher le roman, j'étais assaillie par les émotions et mes doigts tremblaient lorsqu'ils partaient à la rencontre des pages. Si je ne mets pas
Love letters to the dead dans mes coups de coeur, il n'en reste pas moins un titre que je recommande à tous, vivement !
Laurel vient de perdre sa soeur, May, à l'aube de son entrée au lycée. de là, sa vie change totalement. Elle choisit d'intégrer un nouveau lycée, loin de ses anciens camarades, de se recréer une vie loin de May et du souvenir de sa mort, de tout ceux qui auraient pu la connaître. Mais il y a tellement de choses que May ne lui a pas dites avant de partir... Lorsque Mme Buster, professeur d'anglais, donne comme devoir d'écrire à une personne disparue, Laurel choisit d'écrire à
Kurt Cobain, que May adorait. Mais elle ne s'arrête pas là. Elle écrit aussi d'autres lettres, à
Jim Morrison, à Judy Garland, à Amy Winehouse,... Petit à petit, la jeune fille commence à faire le deuil de sa soeur et à lever le voile sur ce qu'il s'est passé le jour de sa mort.
Si vous passez souvent sur le blog, vous savez que ce genre de roman est de ceux qui ont ma préférence. J'aime ces histoires de vie, de reconstruction, d'espoir. Alors ma seule crainte lorsque j'ouvre un livre de cette veine, c'est de tomber sur une histoire redondante, pleine de pathos et qui ressemble à tant d'autres déjà publiés. Même si je n'ai pas tout de suite été accrochée, j'ai au moins été rassurée.
Ava Dellaira traite de la mort et du deuil, entre autres, avec finesse, sans chercher forcément à faire larmoyer son lecteur. Sa plume est juste, jamais trop incisive ou trop brute, toujours subtile et légère. Certes, on parle de perte, de mort, de désillusion, et plus, mais c'est traité avec délicatesse, sans aller trop dans le détail ou à en dégoûter le lecteur. Et au début, c'est cette écriture qui m'a retenue et fait dire : attends, tu tiens quelque chose...
Parce que, clairement, ce n'est pas tout de suite passé avec Laurel. Je m'attendais à un personnage un peu plus construit, plus solide et moins transparent. Au lieu de ça, je me suis retrouvée face à une jeune fille sans réelle personnalité, suivant le courant et idolâtrant sa soeur au point de souhaiter lui ressembler. Sauf que je me suis trompée sur elle. Si au début elle suit, elle finit par s'affirmer et à s'ouvrir, à évoluer au fur et à mesure des lettres qu'elle écrit, des souvenirs qui remontent et des expériences qui lui arrivent. On la voit petit à petit accepter le départ de May, et tout ce qu'il a représenté, mais aussi en finir avec la culpabilité qui lui pèse, les regrets qui la rongent. J'ai finalement découvert en elle un personnage attachant, complexe et brillant. Mais je ne retiens pas que Laurel de cette histoire.
Inévitablement, il y a May. Elle a beau être morte avant même le début de l'histoire, elle n'en reste pas moins un personnage central du roman. Entre les souvenirs que Laurel nous partage et les flash-back qu'elle fait parfois, elle nous présente sa soeur, et alors, c'est comme si elle était là, encore vivante. Et sans m'en rendre compte, je me suis prise aussi à l'apprécier, à la regretter. Puis, il y a aussi les amis de Laurel, Natalie, Hannah, Kristen et Tristan, qui racontent une autre histoire, qui rencontrent d'autres problèmes. Mais, comme Laurel, au cours de cette année, ils apprendront à se connaître et à grandir. C'est vraiment une palette de personnages tout en nuance et en profondeur, complexes et développés, que l'on prend plaisir à suivre et à voir évoluer.
A travers des parcours différents, des passés différents,
Ava Dellaira créé un roman sur le deuil, mais pas que. Elle nous parle de l'acceptation de soi et de l'importance d'être soi, de rêves et d'espoirs aussi. Ce sont également les lettres que Laurel écrit qui entraînent et poussent à la réflexion. Pour chaque lettre, Laurel reprend un fait de la personne à qui elle s'adresse, qui lui fait penser à telle ou telle chose, qui fait remonter en elle telle ou telle souvenir. C'est un peu comme un effet boule de neige en fait.
Et nous bascule dans un autre univers.
Love letters to the dead est rempli de références musicales, cinématographiques, poétiques même. C'est comme une ode aux souvenirs, à ces chanteurs/auteurs/célébrités partis trop tôt, d'un suicide ou d'un accident. Et je me suis plu à parfois lire ce roman en musique. Et c'est un univers qui nous bouscule. Si au début j'étais assez indifférente, les émotions ont fini par me gagner. Je n'ai pas versé de larmes, mais une fois dans l'histoire, j'ai été touchée par l'écriture d'
Ava Dellaira, qui sait vraiment transmettre des émotions. Plus on approche du final, plus le roman nous fissure, nous transperce. Alors que le voile se lève, finie l'innocence des premières pages. L'histoire se corse à mesure que le secret de Laurel est sur le point d'éclater, comme pour nous préparer à ce qui va arriver. Parce que la vérité est douloureuse. Parce que l'on soupçonnait autre chose. Parce que l'on préférait - en fait - ne pas savoir...
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