Une énorme nostalgie. Un homme qui découvre que sa vie est sinon un échec en tout cas quelque chose de bien plus réduit que ce qu'il a cherché à faire et surtout à être. La perte d'une canne et tout un processus d'introspection ultime (?) se met inexorablement en marche.
Très belles descriptions de paysages captées sur un réel très réel pour celui qui comme moi a parcouru les montagnes et leurs innombrables et improbables sentiers. Réel immédiatement transcendé par le psychisme des relations qu'il a entretenues avec deux femmes, son épouse Marie et son amante Angèle.
C'est très beau mais parfois difficile à suivre, tellement la propension de l'auteur à digresser sur base de la dernière pensée qu'il a développée que la lecture en devient un peu compliquée. Comme souvent avec Déon, je dois alors me résigner à me laisser bercer un temps par ses mots enchanteurs, jamais noirs ni destructeurs dans les pires moments, joyeux à d'autres instants et vous amenant à vous réjouir de la vie, toujours aptes à vous indiquer des voies de sortie d'une impasse ou encore à magnifier la voie où l'auteur vous entraîne et que l'on ressent comme belle, intelligente, transcendante. C'est à ce moment-là qu'il peut donner la chair de poule et c'est splendide.
Un livre semblant écrit d'une traite, sans chapitres ni pauses, qui sonne comme annonciateur de la fin d'une vie d'auteur, d'une vie tout court. Heureusement ce n'a pas été le cas, merci
Michel Déon.