je me demande si c'est l'étrangeté même de ces juxtapositions qui a attiré Depardon à Glasgow: la misère urbaine contrastant avec ce que Nairn qualifie de "modèle de réussite architecturale", la majesté des volumes face au désespoir le plus sombre au coeur de la condition humaine.
toutes les grandes photographies ont ce pouvoir de vous faire le monde d'un œil neuf, comme si l'appréhender à travers l'objectif d'un autre revitalise ce que vos yeux sont capables de voir mais ratent parfois.
- Depardon utilise les alignements de ces imposants tènements le long de grandes artères comme toile de fond des tranches de vie poignantes figurant au premier plan: une mère qui manœuvre une poussette pour traverser la route, un ivrogne comateux devant l'entrée d'un magasin, un enfant sur une bicyclette, un petit garçon qui fait une bulle de Chewing gum d'un rose transcendant juste à la limite du cadre.
Quand j'y habitais dans les années 1970, quand Depardon y a séjourné au début des années 1980, ses jours de gloire étaient depuis longtemps passés et son brillant avenir restait à écrire.
j'ai pu constater de visu l'évolution sidérante de la ville au fil de ces quatre décennies: ce vestige du XIXème siècle devenu une conurbation moderne et dynamique.