Depardon arrive très bien à nous faire comprendre sa démarche, et à nous faire vivre des émotions vives et profondes. Difficile d'être un paysan à cette époque. La solitude, la météo, les difficultés financières, la santé, l'avènement des multinationales, etc, sont autant de difficultés qu'il faut affronter.
Ce témoignage est touchant, poignant, il serre les tripes. Les photos, sont comme d'habitude avec R. Depardon, magnifiques. Et les écrits sont pudiques, intimes.
Commenter  J’apprécie         80
Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - 80 clichés sur 50 ans de la vie de Raymond Depardon. Une thématique commune : le monde des paysans, dont il est originaire. Raymond Depardon est né à Villefranche-sur-Saône, de parents agriculteurs. Très vite, il a eu un appareil photo entre les mains, et s'est attaché à immortaliser la terre qui l'a vu naître. Cette passion devenue métier, il s'est laissé emporter par le rythme de la vie : « J'ai photographié l'Afrique, les hommes politiques, je rêvais de faire du cinéma documentaire [...] L'été, je passais voir mes parents. » Mais la nature, le retour aux sources, semblent être le fil conducteur de son oeuvre, comme en témoignent ce court ouvrage et le reportage réalisé au Chili auprès de cultivateurs.
Outre des clichés réalisés dans les années 80 et 90, il a retranscrit des passages de la série Profils paysans qu'il a filmée sur 10 ans, de 1998 à 2008. Une campagne désertique et des paysans résistants dans des paysages de brume confèrent à ce documentaire une forte valeur de témoignage, tout en laissant la place à une profonde émotion. Des hommes et des femmes aux visages burinés par le travail au grand air, aux regards expressifs et qui rappellent qu'on ne peut rien faire contre le temps qui passe, que la nature a toujours le dernier mot. Cet ouvrage émouvant frappe par son authenticité et met à nu la précarité du monde agricole qui semble voué à disparaître. Un livre documentaire à mettre en regard de la série filmée de Depardon. Anne Clerc
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
J'ai longtemps regretté de ne pas avoir filmé mon père. Est-ce qu'on peut filmer son père? Quand j'ai pensé à le filmer, il avait disparu, je ne sais pas si j'y serais arrivé... Aujourd'hui sans doute, mais il y a quarante ans, pas sûr. Le cadrer, lui poser des questions, j'en étais incapable.
" Au début, ça me disait trop rien de me marier.
Maintenant, c'est trop tard. Elles sont toutes parties en ville. Je regrette. Surtout la vaisselle et la lessive, ça fait peine. C'est le plus pénible. Et l'hiver, il y a des moments où ça manque quelqu'un avec qui on pourrait discuter."
Paul Argaud
" L'autre jour, monsieur Arnaud, d'Aulac, il me l'a bien dit dans le bureau :" Les petits comme vous, on n'en veut plus. On en a marre de descendre le quinze tonnes dans la merde pour cinquante litres de lait."
Un jour, je suis repassé au Pont-de-Montvert, dans les Cévennes, j'avais une introduction dans une ferme de la région, au Villaret, chez la famille Privat. Je suis resté dix jours à dormir dans mon camion stationné dans la cour. Je buvais le café avec eux dans la cuisine à six heures du matin. Au bout de quelques jours, ils savaient plus de choses sur ma famille que je savais de choses sur eux.
Ce n’est pas que j’aime la solitude. Mais quand on a que ça, il faut bien faire avec. (Paul Argaud)
En 1961, Raymond Depardon réalise plusieurs reportages photographiques en Algérie, puis à Évian, pendant les premières négociations pour mettre fin à la guerre. Les clichés algériens montrent surtout Alger. L'attention prêtée aux mouvements des personnes et aux lignes propres à l'environnement urbain dévoilent avec beaucoup de subtilité une ville sous tension, fracturée par la colonisation, et les images, loin des images du corpus orientaliste véhiculées par les colons, ne sont pas sans rappeler les images du célèbre film "La Bataille d'Alger".
À Évian, Depardon capte les visages, les sourires, les volutes de fumée de cigarette et les jolis costumes de la délégation algérienne, composée de jeunes militants. Certains d'entre eux, notamment Krim Belkacem, à la tête de la délégation, disparaîtront quelques années plus tard, dans les violences politiques post-indépendance.
Ces photographies, en plus de leur caractère esthétique et artistique, interrogent beaucoup, sur l'apport des images à l'histoire bien sûr, mais aussi sur la mémoire algérienne de la guerre d'indépendance, toujours disputée ardemment.
Près de soixante ans plus tard, Depardon fait part à l'auteur Kamel Daoud de son désir de voir ses photographies republiées. le romancier décide de s'en emparer et de leur adjoindre du texte. Les deux s'entendent pour ajouter aux images d'époque une nouvelle série de photographies prises en 2019 à Alger. le livre, "Son oeil dans ma main", est publié simultanément en France et en Algérie, aux éditions Barzakh, dont le rôle important dans les sciences humaines et la littérature est maintenant acquis.
L'auteur Kamel Daoud était l'invité des Matins du 14 février 2022.
#guerrealgerie #photographie #franceculture
_____________
Découvrez tous les invités des Matins de Guillaume Erner ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj
ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins
Suivez France Culture sur :
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture
Twitter : https://twitter.com/franceculture
Instagram : https://www.instagram.com/franceculture
+ Lire la suite