Ma soudaine apparition à une faible distance d’elle ne sembla pas un brin l’inquiéter. Elle continua sans broncher les gestes fascinants du rinçage et de l’essorage de ses dessous féminins. Une longue minute s’écoula sans que je parvienne à m’adresser à elle.
- Que devient Eros dans ce miracle japonais ?
- C'est le dieu qui nous prépare chaque soir le bain de vie. Il a le génie de garder à neuf son mystère !
- On peut vivre jusqu'aux cendres son feu sensuel ?
- ... et renaître à chaque fois à sa flamme !
- Les notions de tromperie, cocufiage, jalousie, culpabilité, ont toujours choqué Izumo et moi. Elles nous sont devenues étrangères le jour où nous avons pris conscience d'une double réalité : la femme aimée au foyer ne suffit pas aux besoins de son conjoint; l'homme aimé suffit aussi rarement aux appétits - non moins vitaux et pressants - de sa conjointe. N'est-ce pas la vérité de toute vie conjugale ?
- Notre cuisine, dit-elle, est autant affaire de regard que de saveur. Tanizaki Junichiro a pu dire que "la cuisine japonaise est une chose qui se regarde, mieux encore qui se médite dans la pénombre".
- Allons, Popol, sans ta parole ce matin a l'air d'un désert. Dis quelque chose. Même un mensonge serait préférable à ton silence de mercredi des Cendres !
J'étais follement épris de cette joueuse de tennis tchèque que j'avais rencontrée à Prague l'été précédent. C'était une fête de tâter la truite à sa rivière blonde de dix-sept ans et demi.
Elle était belle, côté jardin, côté cour, à la folie. Elle était lisse et chaude au toucher, velue et savoureuse. Bleu à force d'être dru et noir, son mille-feuille donnait à boire et à manger à l'exilé.
- Là où on attendait, dit Mama Matamores, un macho né coiffé et les pieds devant, on trouve, je ne sais pas moi, une sorte de monument ennéagone, un obélisque surmonté d'un coq de sorcellerie !
L'aube du samedi de mai 84 trouva la cérémonie du thé encore réveillée dans le rêve qui devait - jusqu'à l'innocence - ensoleiller à jamais nos travaux et nos jours d'amants.