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Citations sur Le monolinguisme de l'autre, ou, La prothèse d'origine (54)

Un désir sans horizon, car c'est là sa chance ou sa condition. Et une promesse qui ne s'attend plus à ce qu'elle attend : là où tendu vers ce qui se donne à venir, je sais enfin ne plus devoir discerner entre la promesse et la terreur.
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Cela aurait ressemblé pour moi, il y a bien longtemps, avec d'autres mots, à un terrifiant jeu d'enfant, inoubliable là-bas, interminable, je l'ai laissé là-bas, je te le raconterai un jour. La voix vivante s'en est voilée, une voix toute jeune, mais elle n'est pas morte. Ce n'est pas un mal. Si un jour elle m'est rendue, j'ai le sentiment que je verrai alors, pour la première fois en réalité, comme après la mort un prisonnier de la caverne, la vérité de ce que j'ai vécu: elle-même au-delà de la mémoire, comme l'envers caché des ombres, des images, des images d'images, des phantasmes qui ont peuplé chaque instant de ma vie.
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Chaque fois que j'ouvre la bouche, chaque fois que je parle ou écris, je promets.
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Si, par exemple, je rêve d'écrire une anamnèse de ce qui m'a permis de m'identifier ou de dire je à partir d'un fond d'amnésie et d'aphasie, je sais du même coup que je ne pourrai le faire qu'à frayer une voie impossible, à quitter la route, à m'évader, à me fausser compagnie à moi-même, à inventer une langue assez autre pour ne plus se laisser réapproprier dans les normes, le corps, la loi de la langue donnée […].
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La chance obscure, ma chance, une grâce dont il faudrait remercier je ne sais quelle puissance archaïque, c'est qu'il me fut toujours plus facile de bénir ce destin. Plus facile, le plus souvent, et encore maintenant, que de le maudire. Le jour où je saurais à qui en rendre grâce, je saurais tout et pourrais mourir en paix.
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l'avant-première langue peut toujours courir le risque de devenir ou de vouloir être encore une langue du maître, parfois celle de nouveaux maîtres. C'est à chaque instant de l'écriture ou de la lecture, à chaque moment de l'expérience poétique que la décision doit s'enlever sur un fond d'indécidable. C'est souvent une décision politique - et quant au politique. L'indécidable, condition de la décision comme de la responsabilité, inscrit la menace dans la chance, et la terreur dans l'ipséité de l'hôte.
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L'absence d'un modèle d'identification stable pour un ego — dans toutes ses dimensions: linguistiques, culturelles, etc., - provoque à des mouvements qui, se trouvant toujours au bord de l'effondrement, oscillent entre trois possibilités menaçantes [1) amnésie sans recours, déstructuration pathologique, folie ; 2) stéréotypes conformes au modèle dominant, amnésie intégrative ; 3) hypermnésie, excroissance de la mémoire, engagement vers des tracés qui portent l’anamnèse au-delà d’un passé disponible, d’un savoir enseignable].
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Habiter, voilà une valeur assez déroutante et équivoque : on n'habite jamais ce qu'on est habitué à appeler habiter. Il n'y a pas d'habitat possible sans la différence de cet exil et de cette nostalgie.
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la mère, comme la langue maternelle, l'expérience même de l'unicité absolue qui peut seulement être remplacée parce qu’elle est irremplaçable, traduisible parce que intraduisible, là où elle est intraduisible (que traduirait-on autrement ?), la mère est la folie: la mère « unique » (disons la maternité, l'expérience de la mère, la relation à la mère « unique ») est toujours une folie et donc toujours, en tant que mère et lieu de la folie, folle. Folle comme l'Un de l'unique. Une mère, une relation à la mère, une maternité est toujours unique et donc toujours lieu de folie (rien ne rend plus fou que l'unicité absolue de l'Un ou de l'Une).
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Rien n'est intraduisible pour peu qu'on se donne le temps de la dépense ou l'expansion d'un discours compétent qui se mesure à la puissance de l'original.
Mais « intraduisible » demeure - doit rester, me dit ma loi - l'économie poétique de l'idiome, celui qui m'importe, car je mourrais encore plus vite sans lui, et qui m'importe, moi-même à moi-même, là où une « quantité » formelle donnée échoue toujours à restituer l'événement singulier de l'original, c'est-à-dire à le faire oublier, une fois enregistré, à emporter son nombre, l'ombre prosodique de son quantum. […] Dès lors qu'on renonce à cette équivalence économique, d'ailleurs strictement impossible, on peut tout traduire, mais dans une traduction lâche au sens lâche du mot « traduction ».
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