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EAN : 9782718604749
135 pages
Galilée (13/09/2006)
4/5   2 notes
Résumé :
« Ce livre, à la fois intime, entre soi et soi, et pourtant “hors de soi”, c’est une sorte de causerie, le murmure d’une confession animée, mais aussi une apostrophe jouée, la fiction d’un entretien dramatique, un débat politique enfin – dans une langue au sujet de ladite langue.
Cela se passe avec soi comme avec tout autre quand un enfant d’hier essaie ainsi de parler de sa propre voix, et quand à son adresse il diagnostique cette maladie contractée à l’écol... >Voir plus
Que lire après Le monolinguisme de l'autre, ou, La prothèse d'origineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pour celui qui a appris à parler dans un environnement culturel unilingue, la question de la langue maternelle ne se pose pas trop. Derrida, ce fut pas son cas. Né en Algérie en 1930, il grandit dans une famille de pied-noir d'origine juive et fréquente une école où le français est la langue officielle, tandis que l'arabe et le berbère sont présentés en cours optionnels –en toute logique. Derrida a donc dû apprendre le français en le portant sur un piédestal, mais ce n'était pas sa langue. C'était la langue de l'autre et l'autre, parce qu'il avait eu la chance d'apprendre immédiatement la bonne langue, apparaissait comme monolingue.


La question que se pose Derrida est la suivante : le monolinguisme de l'autre n'est-il pas inhérent à la structure même du langage ? Il faudra se souvenir que Derrida et Lacan en cette époque s'opposaient dans la mesure même où leurs pensées auraient trouvé la plus grande puissance à s'assembler, et la question posée dans cet essai semble se référer indirectement à la description du stade du miroir.


En 1949, Lacan annonçait : « La forme totale du corps par quoi le sujet devance dans un mirage la maturation de sa puissance, ne lui est donnée que comme gestalt, c'est à dire dans une extériorité où certes cette forme est plus constituante que constituée, mais où surtout elle lui apparaît dans un relief de stature qui la fige et sous une symétrie qui l'inverse, en opposition à la turbulence de mouvements dont il s'éprouve l'animer. »


L'extériorité pose le point d'achoppement qui permet au sujet de se construire (ici d'acquérir le sujet) mais ouvre à une longue chaîne d'identifications secondaires qui fera ici éclore l'illusion selon laquelle la langue de l'autre est pure, solide, durable. Il faudrait pouvoir renverser le trône sur lequel est assis l'autre dans le miroir.


Je crois que l'autre est monolingue ; l'autre croit qu'un autre l'est davantage que lui –et ainsi de suite on remonte vers une origine qui ne se saisit pas. Alors, Derrida se tourne vers l'à-venir. C'est ici qu'intervient l'écriture comme rêve de laisser une marque qui rappelle la mémoire, geste d'amour et de haine qui « se plie et s'enchaîne auprès de la langue […] pour lui donner ce qu'elle n'a pas et ce qu'il n'a pas lui-même ». Nous verrons ici une subtile référence à la définition lacanienne de l'amour dans sa dimension de manque. Et s'il y a un manque, c'est qu'il y a un espoir, une promesse mais qui sera originaire et sans contenu. « Et une promesse qui ne s'attend plus à ce qu'elle attend: là où tendu vers ce qui se donne à venir, je sais enfin ne plus devoir discerner entre la promesse et la terreur. »


La langue se constitue d'une aliénation originaire vers laquelle il faudrait remonter pour écrire, à l'intérieur de la langue, et inventer son propre idiome en vue de l'idiome absolu. Ce n'est pas la première fois qu'on rêve d'une pure langue, non pas pure langue absolue, mais pure langue relative, le monolinguisme de soi.

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Une écriture fluide et une pensée complexe. Témoignant de son rapport particulier à la langue française. Il se demande si finalement la langue est une propriété?
Le français est sa seule langue et cette langue n'est pas la sienne. Quelle est sa langue? Il n'a pas d'autre langue.
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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
Quand on demande de croire sur parole, on est déjà, qu'on le veuille ou non, qu'on le sache ou non, dans l'ordre de ce qui est seulement croyable. Il s'agit toujours de ce qui est offert à la foi, appelant la foi, de ce qui est seulement « croyable » et donc aussi incroyable qu'un miracle. Incroyable parce que seulement « crédible ».
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Ce « trouble de l'identité », est-ce qu'il favorise ou est-ce qu'il inhibe l'anamnèse ? Est-ce qu'il aiguise le désir de mémoire ou désespère le phantasme généalogique ? Est-ce qu'il réprime, refoule ou libère ? Tout à la fois sans doute et ce serait là une autre version, l'autre versant de la contradiction qui nous mit en mouvement. Et nous fait courir à perdre haleine ou à perdre la tête.
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Une citoyenneté, par essence, ça pousse pas comme ça. C'est pas naturel. Mais son artifice et sa précarité apparaissent mieux, comme dans l'éclair d'une révélation privilégiée, lorsque la citoyenneté s'inscrit dans la mémoire d'une acquisition récente: par exemple la citoyenneté française accordée aux Juifs d'Algérie par le décret Crémieux en 1870.
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L'absence d'un modèle d'identification stable pour un ego — dans toutes ses dimensions: linguistiques, culturelles, etc., - provoque à des mouvements qui, se trouvant toujours au bord de l'effondrement, oscillent entre trois possibilités menaçantes [1) amnésie sans recours, déstructuration pathologique, folie ; 2) stéréotypes conformes au modèle dominant, amnésie intégrative ; 3) hypermnésie, excroissance de la mémoire, engagement vers des tracés qui portent l’anamnèse au-delà d’un passé disponible, d’un savoir enseignable].
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La citoyenneté, on le sait, ne définit pas une participation culturelle, linguistique ou historique en général. Elle ne recouvre pas toutes ces appartenances. Mais ce n'est pourtant pas un prédicat superficiel ou superstructurel flottant à la surface de l'expérience.
Surtout quand cette citoyenneté est de part en part précaire, récente, menacée, plus artificielle que jamais.
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Videos de Jacques Derrida (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Derrida
« On écrit toujours avec une main coupée »
Selon Hélène Cixous, l'écriture ne renvoie pas à un statut ni à une profession, mais à un acte : aussi écrit-elle en collaboration avec les voix qui l'habitent et la traversent. Dans cette perspective on peut à bon droit reprendre la formule par laquelle elle titre une séance de son séminaire : « On écrit toujours avec une main coupée». Ces ouvrages nous confrontent en effet au mouvement même de la vie et de la mort, à la joute entre Eros et Thanatos, au commerce des vivants et des morts. Ils équivalent à bien des égards à « sentir, penser, écrire avec les fantômes ». D'autant qu'à travers eux se déploie un continuel et profond questionnement : qui parle, qui écrit quand « j »'écrit ? On comprend dès lors que, dans ces conditions, Hélène Cixous soutienne : « Transformer sa pensée en poème, parce que c'est cela écrire ».
Première table ronde : - M. Marc Goldschmit, Directeur de programme au Collège international de philosophie : « Derrida, l'écriture, la littérature » ;
- Mme Marie-Claude Bergouignan, PR émérite, ancienne VP de l'université de Bordeaux IV: "Hélène Cixous et la cause des femmes" ;
- Mme Céline Largier-Vié, MCF Paris 3 : « 'Une présence incalculable' : l'Allemagne d'Hélène Cixous ».
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2654738/helene-cixous-mdeilmm-parole-de-taupe
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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