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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre, je crois qu'on peut l'aborder de deux façons.

Soit on le lit comme une histoire de couple et celle de la cohabitation dans un immeuble ancien et on en reste à une histoire presque banale, comme finalement, un fait divers, qu'on referme en se disant qu'il ne fait pas bon vieillir dans nos sociétés occidentales...

Soit on écoute la petite voix qui chuchote entre les lignes, se glisse dans les phrases et l'esprit de la narratrice, Sonia, et alors, on se pose davantage de questions, la lecture de distrayante comme un bon roman devient bouleversante comme une remontée de souvenirs et angoissante comme une terreur qui n'en finit pas de nous quitter.



A travers l'histoire de quelques années de la vie de Sonia, son mari et ses enfants, c'est l'histoire de notre société sur le vingtième siècle qui se trouve parcourue. C'est l'évolution – mais sans en être une puisque les mêmes comportements réapparaissent toujours , à toutes les générations - des mentalités des hommes, de ceux qui collaborèrent pendant la seconde guerre mondiale à ceux qui refusent la possibilité d'une société multiculturelle. Si les hommes disparaissent, d'autres reprennent sous d'autres aspects, les mêmes idées ou devons-nous plutôt dire idéologies ? Toute différence par rapport à un standard établi par eux devient une raison de persécution ; il ne fait pas bon être étranger, avoir une autre religion, parler une autre langue, vivre différemment ou encore être âgé dans une société toujours en recherche d'efficacité et de production.

Quand on referme le livre, la même peur que celle qui habite Sonia, nous étreint : il faut déménager, fuir ces hommes qui font régner leur loi de ségrégation et de discrimination, fuir les institutions qui les confortent, fuir ceux qui détournent le regard, qui se taisent leur donnant implicitement raison. Et finalement, et c'est toute l'ambiguïté de la réflexion laisser l'intolérance gagner du terrain.




J'ai beaucoup aimé ce récit qui, sous une histoire somme toute facile à lire en apparence, cache une question que l'on doit se poser tous les jours : qu'est-ce qui fait que j'ai envie de me lever, chaque matin, pour écrire une possibilité différente du vivre ensemble, qu'est-ce qui me pousse à sortir de chez moi pour continuer à tendre la main vers l'autre, celui qui ne me ressemble pas, en essayant d'oublier ceux qui cloisonnent, sectorisent, parquent, font sentences de vérité ? Que faire au milieu d'une société qui n'est finalement si on ne la jugule pas, qu'une réminiscence d'une histoire déjà vécue ?




"C'est ce qu'on appelle la cohabitation, je suppose. J'ignore pourquoi, cela me plonge dans les abîmes de la perplexité. Sans doute parce qu'il m'est difficile de décider à quel groupe j'appartiens, de reconnaître notre plus petit commun dénominateur. Je n'y perçois souvent que la tragédie de l'incompréhension."
Citation du texte d'Agnès Desarthe.
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Sonia et son mari s'intallent dans leur premier vrai "chez eux". Ils vont faire leur nid là, le bonheur est en promesse. Elle est sensible, presque fragile (mais moins qu'il n'y paraît), sans cesse dans le doute et le manque de confiance, elle est traductrice chez elle ; il est architecte, ailleurs, loin, solide et cartésien, réfléchi. Elle aime pouvoir compter sur lui, le sentir fort et serein. Ils ont un premier enfant, un second. le bonheur ? Pas vraiment, parce que ça n'est pas sa vie que Sonia nous raconte dans ce livre, mais les rapports avec son voisin, dans cet immeuble... Un vieux monsieur, faible, que le sort n'a pas épargné depuis leur arrivée. Il a perdu son chien, sa femme, son fils... Et les "bons soins" auxquels ce vieil homme, son voisin de palier, est confié par sa pingre bru relèvent de la pire maltraitance. Sonia fait face comme elle peut, entre impuissance réelle et semi lâcheté, entre révolte humaniste et contraintes réalistes de protection de soi, jusqu'à ce que...
Je ne vous dévoilerai pas la fin, qui est amère comme l'est la réalité, entre révolte et découragement. On est ici dans une histoire qui pourrait être vraie, sans fard, sans même énormément d'excès malheureusement, dans son horreur, pas dans un film hollywoodien où les salauds sont toujours punis à la fin et les plus faibles protégés et heureux...

Une fois de plus, Agnès Desarthe peint l'âme humaine, l'ambiguïté, l'agitation intime de l'incertitude, les hésitations concrètes des choix d'action à faire (au-delà du Bien et du Mal ou de toute autre morale) comme personne. Son personnage (ou même devrais-je dire ses personnages) est réel, humain, à la fois fort, délicat et fragile, on pourrait presque sentir le souffle de sa présence, son odeur fine. Décidément, j'aime beaucoup sa manière d'envisager la vie, d'aborder chacun, d'introspecter l'âme en une analyse sauvage et revendicatrice, tellement concise et ciselée.
Le thème, en plus, me touche beaucoup en ce moment, et puis j'ai passé ma lecture à avoir en tête la chanson de Jean-Jacques Goldman "Né en 17 à Leidenstadt", qui colle si bien à la problématique principale que soulève ce livre. Moi qui me disais ces derniers jours que je lisais lentement en ce moment, je me rends compte que ça venait du livre, pas de moi, car j'ai dévoré les 138 pages de celui-ci entre hier matin et cet après-midi ! Beaucoup trop court, et pourtant presque insoutenable parfois, par ce qu'il suggère tout en légèreté apparente...
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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