Citations sur Les jolies choses (74)
Les trottoirs entre Pigalle et Barbes ne désemplissent pas, lumières des devantures, un tas de gens. Certains vont aux putes, d'autres boire un coup, d'autres au concert, au cinéma, visiter quelqu'un, manger quelque part..., toutes sortes de gens faisant toutes sortes de choses, comme un vaste échangeur et c'est chacun ses rails...
Il est persuadé qu'elle aime ça. Une fois, quand même, il a demandé 'Mais tu ne simules pas avec moi ?'. Elle a répondu 'Pourquoi je ferais ça ?' et ça l'a rassuré, pleinement. Il est un peu dingue de sa queue, il ne s'en remettra jamais, d'en avoir une et qu'elle devienne dure. Il n'est pas difficile à convaincre qu'elle marche bien, qu'elle lui remue tout l'intérieur. Il s'en doutait.
[...]
S'il savait, son bout de barbaque, l'effet que ça lui fait, en vrai, il penserait sûrement qu'elle a un problème. C'est clair que des deux, ça doit être elle qui a un problème.
Jamais les femmes, elles, ne sont tarées comme les hommes sont capables de l'être, à vouloir tout le temps le faire avec tout le monde dans tous les sens. Les femmes, elles ont un trou, ça marche toujours et elles sont là, avec des ventres capables de gonfler et de bâtir un enfant. Elles ne passent pas leur temps, inquiètes, avec leur machin à se demander s'il peut grossir, et s'extasier quand il est raide.
(p. 186-187)
Et ils étaient devenus copains, quasiment par inadvertance, à force d'être toujours contents de se voir et d'en avoir souvent envie.
(p. 17)
"C'est peut-être ça, justement, qui fait beaucoup de bien. Pouvoir se plaindre des petites choses pas graves qui font partie de le vie, être un peu contrarié sans que ça soye désespoir."
Chez certains [des hommes qui lui écrivent], parfaitement assumée, il y a cette volonté de « l'avoir », pouvoir la montrer à tous les autres hommes dans la ville, qu'ils sachent qui est le patron, celui qui se tape la meilleure meuf, qu'ils bandent pour lui à travers elle.
Chez d'autres, tout aussi assumée, presque comme un cadeau, il y a cette volonté de la transformer comme ils l'entendent pour qu'elle devienne leur très vieux rêve.
Chez tous, par fulgurances, il y a cette impatience touchante, obsessionnel impératif désir, de l'avoir auprès d'eux. Il y a de très belles choses [dans ces lettres], des tournures magnifiques, concernant leurs amours, des compliments sublimes. [...] Il y a de très beaux regards.
Et d'autres plus sordides. Et d'autres trop naïfs, c'en est exaspérant.
[...]
Ces attentions enflammées qu'elle soulevait si couramment la flanquaient dans sa solitude bien plus sûrement que l'indifférence.
Cette tristesse-là, [elle] la touche pour la première fois, d'être autant convoitée, et de ne convoiter personne.
(p. 108-109)
Je veux plus de cette vie où jamais demain ne veut dire quelque chose.
C'est marrant comme une seule nouvelle peut tout faire valdinguer d'un seul coup. C'est deux trois mots mal assemblés et tout qui gicle, est démoli.
- Je ferai comme si j’étais elle, je rigolerai bêtement dès que quelqu'un ouvre la bouche, si on me touche le cul je dirai "ah mais ça va pas non?" et au moindre sujet abordé j'arrondirai un peu la bouche et je dirai " ah ça je sais pas j'y connais rien".
Tu sais, c'est pas sorcier d’être conne.
Alors intervient un bonhomme plus jeune à queue-de-cheval, la mâchoire fait genre animal mais il est super bien sapé, tout bien gonflé d'autorité, il demande à Pauline : 'Vous avez un problème avec ce monsieur ?'
Elle voudrait pouvoir lui répondre 'Occupe-toi de ton cul' mais l'autre lui fait peur et elle fait oui de la tête. Le type plus jeune chasse le vieux comme un sale chien, et le même que rien n'éloignait se sauve comme un voleur, aussitôt.
Pauline ne remercie pas, Zorro est très heureux d'être lui, dans cette situation, il lui demande 'Ça va ?' plein de bienveillance torve, tout doux, 'Vous êtes sûre, ça va ?'. Il lève les yeux au ciel : 'J'ai honte d'être un homme, parfois, honte de notre propre comportement.'
Elle pense : 'J'ai honte d'être moi et de ne pas lui faire peur, qu'il ne m'écoute même pas et toi t'arrives et c'est réglé'.
(p. 95)
C 'est la pire insulte qui connaisse. C'est très très grave, pour lui, quand on n'est pas professionnel. On peut être malheureux, malhonnête, profiteur, imposteur, à peu près tout ce qu'on veut, mais faut rester professionnel.