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Vernon Subutex tome 3 sur 3
EAN : 9782246861263
400 pages
Grasset (24/05/2017)
  Existe en édition audio
3.87/5   2106 notes
Résumé :
Vous l’attendez depuis deux ans, le voici !
Vernon Subutex 3, le retour de Vernon, suite et fin de la trilogie.

Un dernier volume encore plus explosif que les précédents. Nelly Kaprièlian, Les Inrockuptibles.

Le constat est d'une âpreté inouïe, dans laquelle pourtant ne se dissout pas l'humanisme tenace et rageur qu'on sent pulser dans chaque page, chaque phrase. Nathalie Crom, Télérama.

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Critiques, Analyses et Avis (191) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 2106 notes
♫ " This is the end
Beautiful friend ♫ "
Oui , troisième tome et terminus, tout le monde descend ...
La trilogie de Virginie s'achève et déjà, je regrette cette bande de potes qui m'a accompagnée des heures durant . Et à moins de le relire, ( mais la surprise ne sera plus au rendez-vous ), jamais plus je ne danserai, tremblerai , fredonnerai, , rigolerai avec ces personnages , cette équipée sauvage .
Adios, Vernon, adios Aïcha , adios la Hyène... et comme l'a dit si brillamment une amie babelio: "Arghhh" pour la fin ! :-)
Il me reste à lire les autres romans de la Miss Despentes, parce que j'ai craqué pour son ton, pour son son , pour la bande son, pour ses idées.
Virginie , elle écrit tout haut les paroles qu'on pense tout bas . Je regrette de ne pas l'avoir lu à sa sortie quand il collait si bien à l'actualité .. Ça n'a pas l'air compliqué d'écrire comme Virginie , on se dit que ça doit couler comme l'eau d'une source , non stop , mais sous cette apparence de fulgurance , de facilité , se cache un énorme travail , une vraie construction qu'on prend en pleine poire, à la fin comme une évidence .
" Les petits enfants du siècle " pourrait être le titre de cette trilogie , Virginie nous croque, nous observe , nous esquisse de mille et une façons, sous une quantité impressionnante de personnages.
Je me suis reconnue , tu te reconnaitras , tu réfléchiras et tu souriras ♫ my beautiful friend ♫ ... Tu pleureras Bowie, Prince, ta jeunesse , ton présent et une époque qui file à toute vitesse pour le meilleur et pour le pire ...
" Qu'est ce qu'on aura pu danser sur Prince "
Oui, Virginie, d'ailleurs , je t'ai sûrement croisée dans ♫mes soirées parisiennes ♫ . Et si ce n'est toi, c'est donc ton frère, ou ta soeur ou un de la bande à Vernon, mais avant toi, je ne faisais pas attention aux ♫ dingues et aux paumés♫ ...
Si Vernon et sa ♫ bande de potes à lui tout seul♫ vous manque , vous pourrez croiser dans les rues de Paris et de Barcelone, l'équipe de tournage de la future adaptation TV , jusqu'au 23 Juin ...
Et Romain Duris ( qui comme chacun sait , a les yeux bleus !) , sera Vernon , et Céline Salette la Hyéne ... J'ai hâte de voir comment toute cette ambiance sera retranscrite à l'écran ...

Ah, et pourquoi Vernon Subutex le nom ?
Vernon : en hommage au pseudo de Boris Vian ( Vernon Sullivan)
Et Subutex : nom commercial de la méthadone , ce qu'on donne aux héroïnomanes pour les sevrer .
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Disquaire, SDF, leader bien malgré lui d'une faction hétéroclite, témoin d'une société dépravée et chaotique... Voilà qui est Vernon Subutex. Autour de lui, toute une bande : Kiko, l'ancien trader ; Olag et ses chiens ; Aïcha et Céleste, mises à l'abri par La Hyène ; Mariana, l'amie de Vernon, Charles qui vient de mourir en laissant un joli pactole que sa veuve, La Véro, ne semble pas vouloir partager... Toute une bande qui s'est mise au vert et qui danse, sur les sons de Vernon, lors des soirées appelées "convergences". Toute une bande d'amis bientôt mise à mal par les rancoeurs, les jalousies et les vengeances...

Vertigineux, ce Vernon Subutex... Ultime tome de cette chronique romanesque, sociale et terriblement ancrée dans le monde et la société d'aujourd'hui. Un monde fissuré, disloqué, tumultueux, creusé d'abîmes. Une société violente, écorchée, mise à mal, désespérante parfois. L'on poursuit, le coeur serré, les yeux ébahis ou le sourire aux lèvres, les aventures de Vernon et sa clique. Des personnages très marquants et saisissants. Virginie Despentes n'a rien perdu de sa gouaille, de son franc-parler, aussi crû soit-il parfois, et trimballe le lecteur d'un tableau à un autre, d'un personnage à un autre. Un lecteur ébahi, étourdi, tourmenté, bousculé voire secoué, ébranlé par les mots percutants et la plume dense et puissante de l'auteure.
Époustouflant...
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Que s'est-il passé en 2015 et 2016, qu'est-ce qui a fait frémir nos petits coeurs d'Occidentaux blasés ?
Des attentats (Charlie Hebdo, Bataclan...), des décès de légendes du rock (Lemmy Kilmister, le chanteur de Motörhead, et David Bowie), la Nuit Debout...
Oui, il y a aussi eu des femmes violées et des migrants morts sur la route et en mer, mais c'est tellement classique, ça...
Et pendant ce temps-là, côté Vernon et sa bande : les 'convergences' battent leur plein, d'autres formes de nuits debout dont les adeptes atteignent un état mystique en dansant, sans avoir ingurgité quoi que ce soit de chelou, juste de la musique par les oreilles...
Les chemins de Kiko, Pamela, Olga, la Hyène, etc. se croisent et se séparent, au gré des événements, des hasards, des urgences, des prises de bec et des malentendus.

Dernier volet des aventures de Vernon. Malgré une lecture morcelée sur trois jours - parce que le texte est dense, riche, et que je ne veux pas en perdre une miette -, j'en ressors toute chamboulée. Il faut dire que la fin frappe fort.

Rien d'extraordinaire côté intrigue avant le dernier tiers, mais ce n'est pas pour le suspense que je me jette sur les ouvrages de Despentes dès leur parution.
J'aime et j'admire le ton de cette auteur, sa pertinence et son humour, son regard pointu et cynique sur notre société, son don pour se mettre dans la peau de personnages tellement différents, leur faire tenir des propos extrêmes - qu'on écoute soigneusement, jusqu'au bout, et même avec respect, parce que tout se défend et qu'ils ont le mérite de bouleverser nos schémas étriqués.

Deux grands moments d'émotion en particulier, aux côtés d'Aïcha puis de Solange, et deux grands moments de jubilation grâce aux tirades politiques d'Olga.
Mais tout le reste est très bon aussi, se lit avec intensité, entre (sou)rire et larmes, entre félicité et colère, entre délectation et sentiment d'horreur.

Un peu triste de quitter Vernon et sa bande dans ces conditions, mais impatiente de retrouver Virginie Despentes avec d'autres personnages qui, je n'en doute pas, garderont cet esprit. ♥
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Après la chute le rebond. Ou plutôt l'élévation.

Voilà un Vernon Subutex numéro 3 en guide de « convergences », shaman sans le vouloir ou presque, DJ spirituel de transes collectives et hypnotiques sur des arrangements de Bleach, dont même les plus rétifs subissent l'envoûtement : "... quand je reprends connaissance, je danse. Comme jamais j'ai dansé. J'avais les doigts de pieds qui dansaient, j'avais les cheveux qui dansaient, j'avais les narines qui dansaient... Connecté. Je ne vois que ce mot. Pas tout à fait stone comme avec des champignons, mais ce genre... je voyais des lumières qui me sortaient des paumes et qui s'enroulaient aux lumières des autres."
Mais si les convergences sont des rendez-vous nomades et extatiques d'une sphère humaine gravitant autour de Vernon, elles agissent aussi comme point de ralliement pour la plupart des personnages du récit. Ciselés par une verve saillante, une prose au diapason du vrai, une empathie sans détour, ils forment toujours cette galerie hétéroclite et détonante, d'une Virginie Despentes aussi à l'aise à scanner les cerveaux humains qu'à manier le verbe. Sans parler de son décryptage affûté de la société. Ce tome élève Vernon vers la spiritualité, mais il n'en reste pas moins enraciné dans notre époque, teintée de ZAD, de nuit debout ou de terrorisme.
C'est aussi un festival de réflexions décapantes, un régal de sentences, parfois aux accents céliniens: "C'est rien du tout mourir. On s'en fait tout un cinéma mais quand ça arrive, c'est juste une légère détente." Mort de Charles en l'occurrence, dont les retentissements sur les vivants amorceront les premières divergences... Jusqu'au final, pour le moins surprenant.

Ça a été un pur délice de lecture, longue et savoureuse, souvent à me retrouver en train de relire des passages pour ne pas les laisser filer comme ça, sans tenter de les retenir un peu.
N'empêche que voilà... Vernon c'est fini. Snif. Mais quelle série !
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Certains voient en lui un gourou, d'autres juste un DJ vieillissant. Personne ne sait qui est Vernon Subutex mais le fait est qu'il a le don de faire danser la foule lors des ''convergences''organisées par sa bande. Ces soirées, minutieuses préparées, dont le lieu et la date sont tenus secrets jusqu'au dernier moment, attirent des danseurs de tous horizons pour un moment magique et déconnecté. La bande à Vernon, garde rapprochée toujours vigilante, l'entoure avec amour, parfois dévotion, toujours fidélité. La vie aurait pu suivre son cours dans l'euphorie de l'amitié, de la musique, de la liberté si Charles n'avait pas laissé derrière lui un pactole en héritage. le clochard toujours bien chaussé a fait un testament mais la Véro, sa veuve pas très éplorée, n'est pas encline à partager le pactole. Dans la bande à Vernon, comme ailleurs, l'argent suscite la convoitise, la défiance, la jalousie et la belle harmonie vole en éclats. Encore une fois, Vernon détaché de tout, part pour une nouvelle aventure...Mais s'il réussit à tout laisser derrière lui sans états d'âme, d'autres n'ont pas ce bel esprit. Pour certains, l'heure de la vengeance a sonné.

Dernier tour de piste pour Vernon, La Hyène, Kiko, Olga, Aïcha et tous les autres...Toutes ces personnalités hétéroclites qui ont fait les beaux jours de la saga moderne de Virginie Despentes.
Percutants, fourmillants d'idées géniales, très ancrés dans la réalité de notre temps, ces trois tomes auront été une succession d'émotions, de la jubilation à la tristesse, de la colère à l'euphorie. Ce dernier tome nous rappelle un passé très récent, de l'ignominie des attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan à la solidarité des Nuits Debout. C'est tout le talent de l'auteure de nous confronter à la déliquescence de la société dans laquelle nous vivons. Les convergences de Vernon Subutex sont un voeu pieux, l'heure est plutôt aux divergences et Despentes sait comme personne mettre le doigt sur l'égoïsme, le racisme, l'homophobie, la frivolité, le matérialisme, le sectarisme, la violence, autant de maux qui gangrènent nos civilisations modernes. Doit-on être un doux rêveur pour croire encore à la liberté, la fraternité, l'égalité, l'amitié, la communion des âmes et des coeurs ? Avec une pointe d'humour, une bonne dose de cynisme et beaucoup de lucidité, Despentes nous met en face de nous-mêmes, simples humains qui essaient de garder la tête hors de l'eau.
Sombre et plus trash que jamais, ce troisième tome clôt en beauté cette trilogie iconique.
Adieu Vernon, la Hyène, Kiko, Olga et tous les autres.
A dévorer sans modération.
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critiques presse (8)
LeJournaldeQuebec
26 septembre 2022
Comme c’est du Despentes, ça se lit tout seul. Ceci étant, les échanges sont souvent longuets et parfois difficiles à distinguer (même ton, même style). Mais de là à dire qu’on n’a pas aimé, il y a une marge.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Culturebox
15 décembre 2017
Virginie Despentes conclut sa trilogie "Vernon Subutex" avec un 3ème opus plus dark que jamais. La bande poursuit un temps son rêve de communion fraternelle avant de se prendre en pleine tête la barbarie, la violence et le terrorisme. La claque finale.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Lexpress
14 août 2017
Il émane de Vernon Subutex 3 une puissance littéraire qui vous emporte et à laquelle il est impossible de résister.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeJournaldeQuebec
31 juillet 2017
Un livre qu’on espérait depuis déjà plusieurs mois. L’attente en valait la chandelle, puisqu’on a une fois de plus été subjugué par la prose de Virginie Despentes.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LePoint
02 juillet 2017
La trilogie rock'n'roll de Virginie Despentes, avec personnages trash et formules au vitriol, se clôt dans l'après-"Charlie". Trois Subutex, sinon rien !
Lire la critique sur le site : LePoint
LeFigaro
09 juin 2017
La romancière Virginie Despentes achève en beauté sa trilogie rock sur la société française d'aujourd'hui.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Liberation
29 mai 2017
Un roman qui zigzague, qui aime laisser l’intrigue filer pour mieux la tirer par les cheveux quelques portraits plus loin.
Lire la critique sur le site : Liberation
Telerama
24 mai 2017
vec une énergie folle et une empathie intacte, la romancière sonde les fossés qui divisent notre société. Saisissant.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (469) Voir plus Ajouter une citation
Quand t'as un gosse, c'est tous les jours éplucher des légumes, en plus il n'aime pas ça, ranger derrière lui, surveiller les devoirs, aller voir les profs, faire des lessives, repasser, l'emmener à l'entraînement de foot... Lucas a quatorze ans. Il vide un frigidaire par jour. Il a tout le temps faim. Qu'est-ce qu'on y peut. Il grandit tellement vite qu'il lui coûte une fortune en chaussures. Elle ne peut pas l'engueuler quand il touche le bout alors qu'elles sont encore mettables. Le mec, il pousse dans tous les sens. Depuis le début de l'adolescence, elle ne sait jamais, le matin, quelle gueule il aura en arrivant pour le petit déj. Un jour c'est le nez qui pousse – paf – il avait une gueule d'ange et brusquement le machin c'est Quasimodo, un autre jour c'est l'acné... Qu'est-ce que tu veux faire. Tu vois le désastre, les trucs blancs purulents, tu casses la tirelire pour la dermato et quand elle te prescrit des crèmes plus chères que les antirides La Prairie, tu les payes. Après, t'as le dentiste qui décrète que ton gnome a les dents qui poussent de travers et qu'il lui faut des bagues. Ça coûte une fortune, cette connerie, mais tous les gosses en ont. Tu ne vas pas le laisser avec les chicots en chaos sous prétexte que t'avais besoin de changer la machine à laver qui n'essore plus. Ensuite, il lui faut des lunettes. Tu négocies sur la monture, mais quand même, tu vas pas laisser ton môme se faire cracher dessus par toute la classe parce qu'il a des lunettes de pauvre, donc tu raques... Pendant ce temps, toi, t'as pas acheté de nouvelles chaussures depuis 1997. Mais bon, t'appelles ta banque et tu demandes un crédit. T'as les moyens, ou pas, la facture, c'est la même. Récemment, c'est sa voix qui change. Elle ne le reconnaît plus quand il appelle au téléphone. Elle a du mal à pas rigoler, quand il parle. Putain, on appelle pas ça l'âge ingrat pour rien.
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Kiko entretenait avec Charles des conversations interminables - le trader lui expliquait pourquoi, selon lui, les luttes de classe venant d'en bas ne pourraient jamais plus aboutir à rien : « C'est terminé l'époque de l'abolition de l'esclavage, ou du Front Populaire. Plus personne ne veut en finir avec la misère. On avait besoin de main-d'oeuvre, on était condamnés à négocier avec vous, les travailleurs. On n'avait pas le choix. Mais avec l'automatisation - on s'en fout des prolos. On va vous tuer. Je te parle pas de tirer dans la foule pendant les manifestations, ça, on l'a toujours fait. Non, on va vous exterminer massivement. Vous ne servez à rien. C'est là-dessus que vous êtes en retard. Vous continuez à raisonner comme sous papa Marx - quand le prolétariat était nécessaire pour que des gens comme moi accumulions la plus-value. Peut-être qu'avec les progrès de la science, on fera encore un petit élevage de prolétaires robustes, pour vous prélever du sang, des organes et des morceaux de peau, porter nos enfants pour que nos femmes n'aient plus à s'abîmer... mais même pour ça, franchement, avec les bio imprimantes et les couveuses de l'avenir, on va pouvoir se passer de vous. On va vous éliminer. C'est pragmatique. Vous créez beaucoup trop de problèmes par rapport à ce que vous rapportez. C'est pour ça, c'est inéluctable : les classes pauvres, on va vous rayer de la carte. » Ces raisonnements apparaissaient parfaitement logiques aux yeux du vieux Charles, qui répondait du tac au tac, enchanté d'être enfin tombé sur un interlocuteur lucide et sincère : « Tu préconises qu'on prenne les devants et qu'on exhume les guillotines ? » et Kiko secouait la tête, en signe de négation : « Si vous en étiez capables, vous l'auriez fait il y a longtemps. Mais vous respectez le dominant. Regarde comme les pauvres aiment Poutine. Je ne dis pas que c'est dans votre ADN, mais c'est un héritage de longue date. C'est comme un codage culturel, vous ne vous émanciperez pas assez vite. On vous a appris à aimer le chef. »
(p. 72-74)
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Comment garder l'espoir, après que l'espoir est mort ? Nous n'avons pas pour vocation d'accueillir toute la misère du monde. Nous avons pour vocation de vivre séparés du monde par des murs. Nous avons pour vocation de vivre entourés de barbelés de militaires de douaniers. Nous avons pour vocation de bouffer du sucre, par tonnes, nous avons pour vocation de détruire des forêts entières pour produire des milliards de rouleaux de papier hygiénique, nous avons pour vocation de déambuler dans des rayonnages saturés et de chérir des objets manufacturés. Nous avons pour vocation de couler des bateaux de migrants avant qu'ils ne gênent le tourisme. Nous avons pour vocation la rigidité le refus de l'accident de nous enduire de protection solaire avant de bouffer des glaces de nous empêtrer dans la Toile en gobant toujours les mêmes idioties, nous avons vocation à compter les espèces disparues, nous avons vocation à dépouiller les vulnérables, nous avons vocation à ingérer des hectolitres de soda. Nous avons vocation au mépris, mépris de tout ce qui est gratuit, de tout ce qui est donné, de la beauté, du sacré, mépris du travail d'autrui, du consentement d'autrui, de la vie d'autrui...
(p. 351-352)
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"Hier à la télé j'ai entendu une femme, une femme riche, éduquée qui parle ce français du pouvoir, elle disait sur ce ton des gens qui ne doutent de rien et surtout pas de leur intelligence, alors qu'ils devraient, on dirait même qu'il y a urgence, elle disait "tous les pauvres ne sont pas terroristes, heureusement! Le "heureusement", ajouté sur le ton du bon sens, du ma brave dame
ben dites donc imaginez tous ces pauvres arme au poing refusant d'être laminés, on serait dans des problèmes, on n'en finirait plus. " Tous les pauvres ne sont pas terroristes, heureusement !"
Mais heureusement pour qui? Heureusement qu'elle disait que le bon pauvre se laisse mener à l'abattoir sans protester sinon imaginez le bordel que ça serait à chaque saignée.
Cette femme c'est que pendant qu'elle félicite le pauvre de sa docilité dans ce français châtié des courtisans admis au Palais, les Goodyear, les Air France, les postiers ou des ArcelorMittal sont écrasés, embastillés pour l'exemple. Elle sait les kilomètres de colonnes de réfugiés qu'on parque dans des camps pour les expédier en Turquie , elle sait l'explosion de la misère à quelques mètres
du luxe de sa cantine. Ils savent. Ils applaudissent la soumission. Ils se réjouissent de nous voir aussi bêtes. "Heureusement disent ils ,heureusement que le pauvre laisse le riche lui grimper sur le dos.
Une autre fois dans ta télé c'est une autre bourgeoise parlant le même français appris dans le même Palais qui vient te dire "je suis islamophobe".
Elle n'a pas honte.Tout est bon dans le bourgeois même le caca alors si ça lui sort du cul pourquoi elle le poserait pas sur la table?
Elle est islamophobe, il fallait qu'elle en parle.Ces gens-là ,s'il s'agit d'aller chercher le contrat du côté de l'Arabie Saoudite quand il s'agit d'aller manifester coude à coude avec le Cheik ,l'islam ne leur pose plus aucun problème. Quand elle dit islamophobe, l'Arabe auquel elle pense ce n'est pas celui qui fait la queue derrière elle pour s'acheter du Vuitton dans le 8e arrondissement,
l'Arabe auquel elle pense c'est le pauvre autorisé à marcher sur le même trottoir qu'elle, habilité à entrer dans la même mairie, à prendre le bus, à s'inscrire dans les écoles, de cela elle n'en peux plus.
C'est trop de souffrance il faut que ça sorte. Elle et islamophobe au nom de la liberté de l'Égalité de la fraternité. Les autres religions ne la dérange pas.
Elle précise islamophobe mais pas raciste
et quand elle ouvre les portes de cette intolérance là elle imagine que c'est au nom du bien du peuple comme s'il avait besoin de pogroms, le peuple, plutôt que d'argent pour la santé publique ou s'il avait besoin de plus de bavures policières et non d'accueil pour les SDF, qu'il avait besoin de plus de meurtres homophobes et non de plus de professeurs. Comme si elle imaginait sérieusement qu'elle allait désigner de son petit doigt de comtesse la population de pauvres sur laquelle le peuple pourra se défouler un peu comme on montrerait le macaron qu'on voit dans la vitrine de chez Ladurée, que sa fortune
lui confère une autorité naturelle sur le petit peuple qu'elle s'occuperait de diviser en bergère inspirée. Mais madame la comtesse si vous avez le droit à être islamophobe combien de temps pensez vouspouvoir interdire aux autres d'êtres antisémites et de ne pas avoir honte de le dire puisqu' on a plus honte de rien, au Palais, d'être homophobes et de ne pas avoir honte de le dire, et de penser qu'il faut les éliminer, ces pédés, de penser que la place des femmes est à la maison et qu'il faut corriger celles qui sortent ,de penser que les Noirs sont des singes, et ne pas avoir honte de le dire ?
Vous avez honte de quoi au Palais? On commence à se poser la question... pas de l'évasion fiscale ni de la corruption ni des expulsions ni de l'école démolie, ni des hôpitaux outragés ni de la pollution ni de la bouffe empoisonnée, ni des ventes d'armes, ni du chômage longue durée. Laissez-nous vous dire madame la comtesse que la petite rebeu qui prend le bus avec son foulard sur la tête nous on s'en bat les couilles ce qu'on veut c'est que l'histoire change de sens, qu'elle cesse de ne servir que vos intérêts, pour penser un peu à celui du grand nombre."
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Reste branché sur ta télé, camarade, tu n'as pas tout vu : deux jours plus tard, c'est monsieur le comte qui vient nous raconter la vie. Il s'est penché sur le code du travail. Un homme qui n'a jamais bossé pour un Smic. Il a un message, pour le peuple : la loi El Khomri, c'est aux petits oignons, l'ouvrier honnête sera content. Le gouvernement leur a préparé une série de mesures qui ont déjà été appliquées dans des dizaines d'autres pays, qui n'ont jamais relevé aucune économie, qui n'ont jamais aidé aucun peuple à mieux manger, qui ne servent qu'à faciliter la concentration des richesses et à exaspérer tout le monde mais chez nous, chez nous ça va marcher... Ils ont tous sous le bras cette histoire de peuple endetté, et s'appuyant là-dessus, ils te disent "l'heure est venue de rembourser. Et de fermer ta gueule, comme font les putes à qui on fait rembourser une vie entière ce qu'elles ont coûté à leur maquereau." Est-ce qu'ils remboursent, au Palais, quand ils se font prendre la main dans le sac ? Est-ce qu'ils payent leurs impôts ? Eux, ils se servent. Toi, tu trimes.
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Vidéo de Virginie Despentes
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