Citations sur Teen Spirit (132)
On avait fini par confondre indignation et peine perdue, on se contentait de tirer notre temps en prenant tout au dérisoire, on s'était habitués à l'idée que tout était foutu, pas la peine d'en faire un ulcère. L'histoire nous avait donné tort, définitivement, on avait appris à prendre la colère pour une émotion désuète.
Le problème, avec ce genre de gars du cinquième, bien habillé, grassement payé, bien né, bien éduqué, bien cultivé, ayant un bon job etc. c'est qu'ils annulaient tout espoir en l'humanité. Quand je croisais un type top largué au comptoir d'un PMU et qu'il me racontait n'importe quoi, je pouvais toujours m'imaginer qu'avec un peu de boulot il réfléchirait plus droit. Mais ces gars du cinquième signaient la mort de cette illusion. Ils avaient tout pour eux mais restaient aussi cons qu'une bite.
Ce qui faisait la légitimité de sa classe d'origine, odieuse, cruelle, discutable, mais légitimité quand même, c'était le plaisir. Le bon goût, le raffinement, le savoir-vivre... Une toute petite classe sociale privilégiée était le "point de convergence" fitzgéraldien du travail abrutissant de la planète entière. Tout le monde trimait pour que ces quelques personnes puissent s'occuper de prendre du bon temps, d'avoir du goût et un bon style. Et, justement, de ne pas travailler vulgairement.
A présent, même ceux-là, surtout ceux-là, en première ligne, courbaient l'échine comme des esclaves, vies laborieuses, sans garantie, sans prendre le temps de rien. L'exploitation s'était durcie, mais ne convergeait plus vers le bonheur de personne.
J'ai croisé des gamins, courant devant leurs parents, d'autres retenus par la main. Normal, depuis que j'en avais une, la ville s'était remplie d'enfants.
J'ai passé la journée à regarder les programmes pour mômes. Ca déversait ferme de la daube, dans les chirauds des petits enfants...
Bouffer le cerveau aux moins de douze ans, s'assurer qu'ils prennnent l'habitude de boire ce qu'il faut de Coca par jour, pénétrer tous les crânes de gosses pour y enfoncer des mensonges : le bonheur, c'est être conforme, ça s'obtient en se payant des trucs, et pour ça il faut obéir, rentrer dans tous les rangs, que rien ne dépasse de non monnayable, et surtout ne jamais faire chier, être convenable c'est être heureux et être le premier, y a pas mieux. Une société d'adultes s'abattant sur ses propres enfants, en tout cynisme, les détruisant avec ardeur.
Dans quel genre de monde ces enfants-là seraient-ils adultes ?
J'ai passé la journée à regarder les programmes pour mômes. Ça déversait ferme de la daube, dans les chirauds des petits enfants...
Bouffer le cerveau aux moins de douze ans, s'assurer qu'ils prennent l'habitude de boire ce qu'il faut de coca par jour, pénétrer tous les crânes de gosses pour y enfoncer des mensonges : le bonheur, c'est être conforme, ça s'obtient en se payant des trucs et pour ça il faut obéir, rentrer dans tous les rangs, que rien ne dépasse de non monnayable, et surtout ne jamais faire chier, être convenable c'est être heureux et être le premier, y a pas mieux. Une société d'adultes s'abattant sur ses propres enfants, en tout cynisme, les détruisant avec ardeur. Puisque tout ce qui compte, au final, c'est de satisfaire le chef du dessus : as-tu bien vendu tes burgers tes cd tes dvd tes baskets tes sacs à dos tes figurines tes beaux t-shirts. Les as-tu vendus massivement, les as-tu vendus assez cher ? Que le chef du dessus soit content de tes résultats. Toute réflexion annexe sera taxée d'anachronisme et chassée d'un mouvement d'épaules.
Jamais propagande n'avait été mieux dispensée, et jamais propagande n'avait connu pareil cynisme. Même dans les pires bourrages de crâne, staliniens, hitlériens, sionistes ou palestiniens, catholiques ou scientologues, les professeurs avaient eux-mêmes été formatés, et croyaient en ce qu'ils dispensaient. On n'en était plus là, les directeurs de chaînes, les réalisateurs de clips, les producteurs de groupes, les cadres marketing, tous savaient pertinemment qu'ils escroquaient des innocents.
[Elle avait] Une vie de merde, des horaires d’esclave, toujours joignable au téléphone, le teint toujours brouillé sous le fond de teint, dégradée par la fatigue, la guerre des nerfs et le vide émotif ambiant.
C'est de la préhistoire, leur truc de psychiatrie, en Europe. Ils se la racontent avec des livres, mais ils sont pareils qu'à l'époque où les dentistes arrachaient les dents à la tenaille...
Le peu qu'on ait qui vaille vraiment, s'en réjouir vite et pas se tromper.