Le Journal d'Aurore est passé en BD... et la couleur lui va bien ! Quand on a aimé un livre, on a toujours une légère appréhension au moment de découvrir sa déclinaison dans un autre support. En l'occurrence, le journal d'Aurore développé désormais en bande dessinée résulte d'une collaboration étroite entre
Marie Desplechin, l'auteure du produit initial, le dit journal publié en quatre volumes à l'école des loisirs et désormais réuni en anthologie, et la dessinatrice
Agnès Maupré, aidée à la couleur par
Grégory Elbaz.
Le résultat est une vraie réussite à la hauteur de ce qu'annonce la quatrième de couverture : « jeune fille seule comme un rat, affligée d'un physique monstrueux et d'une famille ennuyeuse, certainement athée, probablement lesbienne, cherche jeune homme pour l'aimer à la folie ». « Bourrée d' complexes » comme la jeune femme chantée jadis par
Boris Vian, Aurore traverse ses deux dernières années de collège – elle se paye le luxe de redoubler sa troisième - en proie à une crise d'adolescence qui se déploie dans toutes les dimensions possibles : famille, études, amies effectives et amours potentielles se dressent comme autant d'obstacles à surmonter. Les difficultés imaginées ne sont pas moins rudes que les réelles, Aurore ayant une grande capacité à se muer en emmerdeuse pathétique dès qu'elle fait un effort de sociabilité. Coincée entre une petite soeur moche mais surdouée et sans complexe, Sophie, et une grande, Jessica, déjà sur le marché infini de l'amour, Aurore se débat avec sa vie. Elle peut heureusement compter sur des amies qu'elle n'a pas réussi à décourager, Lola et Samira. Ses essais de garçons sont évidemment calamiteux mais c'est surtout au sein de sa famille que les conflits s'aggravent, au point que ses grands-parents finissent par lui offrir l'asile politique pendant tout un trimestre scolaire. Quelques expériences auxquelles elle se résout la mort dans l'âme, comme un voyage scolaire en Angleterre, vont lui accorder des satisfactions inespérées.
On attendra d'avoir lu le second tome pour vérifier qu'Aurore finit par s'en sortir, ce dont l'humour tendre et vache de
Marie Desplechin ne nous permet pas de douter… Aurore est vivante, Aurore est aimable, simplement, le lecteur s'en aperçoit avant elle, comme si, ajouté à l'humour de l'autrice, le dessin d'
Agnès Maupré nous donnait une longueur d'avance sur le monologue de vraie-fausse dépressive de notre héroïne.
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