"Pome" fait suite à "Verte", dans lequel nous avions quitté notre jeune apprentie sorcière sur de jolies retrouvailles. Nous la retrouvons ici alors qu'elle est maintenant au collège, en classe de 6ème. D'un commun accord avec ses parents, elle vit désormais la moitié de la semaine chez Gérard, son père, dans un immeuble qui loge également dans l'appartement d'en face Raymond, dit Ray, son grand-père paternel. Viennent aussi d'y emménager Pome et sa mère. Verte et Pome deviennent vite copines. Chacune n'ose pas avouer à l'autre qu'elle est une sorcière, parce que c'est interdit déjà mais aussi parce qu'elles appréhendent la réaction de l'autre. Mais quand la vérité se fait jour, tout n'est pas si simple... Parallèlement, Verte doit apprendre à vivre avec ses hommes, elle qui n'a toujours été entourée que de femmes, pendant que Pome, avec qui les relations avec sa mère sont tendues, se trouve une nouvelle famille auprès d'Anastabotte, Ray et Gérard...
Toujours avec plein d'humour et de spontanéité,
Marie Desplechin nous fait bien plaisir en nous invitant une nouvelle fois dans le petit monde de Verte. Basé sur le même principe, elle donne la voix à ses protagonistes chacun leur tour, en leur consacrant à chacun un chapitre. Sorte de roman choral donc, on découvre la même histoire de différents points de vue, en y ajoutant des détails, de nouvelles infos ou de nouveaux événements au fur et à mesure, entretenant une certaine part de mystère.
Pas d'Ursule ici, ou très peu : la mère de Verte y tient juste un rôle de figurant. Mais on a, à la place, Clorinda, la mère de Pome, pour jouer ici le rôle de la mère peu aimable, dure et exigeante. On retrouve en revanche Anastabotte, la grand-mère toujours vêtue de toutes les couleurs, qui initie ici Verte et Pome à la sorcellerie. On fait connaissance avec Gérard, ce papa qui commence à ouvrir les yeux sur la nature de sa fille, de son ex-femme et de son ex-belle-mère ; mais aussi de Ray, grand-papa poule qui aime à râler, et qui tombe sous le charme d'Anastabotte. Verte, fidèle à elle-même, est une sacrée rebelle. La petite Pome est mignonne comme tout, autant que Soufi qui, là encore, a su nous surprendre dans le dénouement.
Cette suite est une jolie réussite, basée essentiellement sur les liens d'amitié et familiaux. C'est parfois drôle, parfois touchant, souvent les deux à la fois. À part Clorinda, les personnages sont attachants, mignons comme tout. Quant à l'intrigue, bien que simple et un peu facile au premier abord, elle touche en fait un sujet plus subtil : celui d'oser s'assumer tel qu'on est aux yeux de tous, celui de ne pas cacher sa vraie nature.
Un gentil petit roman jeunesse, plein de tendresse et de fraîcheur.