On était venus pour une histoire, une enquête, résoudre le pourquoi d'un titre aussi évocateur qu'abstrait, pour découvrir l'humoriste sous un autre jour, se rendre compte de ce que valait l'auteur. On était venus pour un mystère, un divertissement, avec une fringale de lecteur qui ne souhaite qu'être happé par ce qu'on lui raconte, cette faim dévorante qui nous fait tourner les pages en hâte en se demandant ce qu'il va se passer ensuite. On était venus les bras chargés d'espoirs divers dont on aurait été ravis de n'en voir exaucé qu'un seul. On voulait ceci, mais on se serait bien contentés de cela. Que nenni. Nada. Niet. Peau de zob. On n'aura rien de tout ça.
Bredouilles, on n'en sera pas fâchés non plus, hameçonnés par les premières folies de Desproges qui ne mettent pas deux lignes à venir. Lire
Des femmes qui tombent, c'est retrouver le même Desproges que sur scène, au poil près. On se fout un peu de l'histoire et de ce qui peut bien arriver aux personnages. On se fout de la direction que prennent les mésaventures de cette petite bourgade française. La moitié du roman consiste à décrire des personnages de manière saugrenue. L'autre moitié, Desproges s'efforce d'essayer de donner un semblant de liant à ses conneries, et se souvient parfois qu'il avait lancé une enquête. Ce qui commence comme une bonne blague n'arrive pas à masquer bien longtemps que l'écrivain a commencé son travail sans avoir la moindre idée du résultat souhaité, il s'amuse au fil de l'écriture et nous amuse avec lui, voilà tout. La farce est trop longue pour être consistante et nous intéresser de sa chute, dont on sait que Desproges l'aura improvisée en cours de route. Plus qu'un roman, c'est une citation jouissive et déconnante à l'excès depuis sa toute première majuscule jusqu'à son tout dernier point, dont il ne faudrait surtout pas couper la moindre virgule.
Et de ce point de vue là, c'est un petit régal, un empilement de phrases et d'idées géniales comme s'il en pleuvait, des situations cocasses comme un cauchemar amusant dont on met un temps fou à se réveiller, mais pas une surprise. Desproges était plus intéressé par la tournure de ses piques, bâties avec son soin habituel, que par l'écriture de son propre roman. Ca se lit, ça se dévore d'une traite par amour du bon et passion du mauvais mot. du Desproges, voilà tout.