Maxime Tellier, nouvellement promue commissaire, est toujours hantée par le meurtre de sa mère, survenu trente ans plus tôt en sa présence, alors qu'elle était âgée de huit ans. Malgré des séances d'hypnose et de psychanalyse, les souvenirs de ce jour fatidique, notamment le visage du meurtrier, refusent de remonter à la surface, l'emmurant dans un silence qui devient de plus en plus pesant, l'empêchant d'avancer dans la vie.
Le corps d'une femme est retrouvé atrocement mutilé dans un entrepôt désaffecté sur les quais de la Seine: le visage écorché, les doigts brûlés à l'acide, aucun papier. Donc aucune identification possible. Pour quelle raison? Affaire qui vient s'ajouter à l'enquête que Max et son équipe mènent sur la mort d'une autre femme, Catherine Louvier, retrouvée morte dans son appartement. Affaire surnommée "La dame aux camélias" par la presse. Avec pour seul témoin un adolescent vu dans la cage de l'escalier de l'immeuble...
En creusant un peu, Max trouve des affaires similaires au meurtre de la femme de l'entrepôt: deux cas non résolus, perpétrés à Lisieux et à Avignon, dont l'une toujours non identifiée. Aucun indice, aucune piste, sinon le profil type des victimes et le modus operandi. Bien maigre point de départ. Max redoute surtout qu'ils aient affaire à un tueur en série sévissant sur tout l'hexagone. Si c'était le cas, la pression de l'opinion publique, de la presse et de sa hiérarchie deviendrait vite ingérable.
C'est alors qu'elle reçoit un message sibyllin émanant de l'assassin de sa mère. Pourquoi se manifester trente ans plus tard? Que lui veut-il? Entre ses enquêtes croisées, ses problèmes personnels, les exigences du juge d'instruction et l'absence pesante d'Enzo, Max va avoir besoin de toutes ses ressources, de sa perspicacité et du soutien indéfectible de son équipe pour boucler ces deux affaires.
Curieusement, peu ou pas de description des lieux des crimes. Une enquête menée tambour battant dans laquelle l'auteur ne s'attarde pas dans des passages narratifs qui ne feraient que ralentir le rythme du récit. C'est à peine si elle nous donne çà et là quelques indications indispensables pour suivre les enquêteurs dans leurs investigations.
Sous "l'innocente" motivation de raconter une enquête policière fictive,
Sandrine Destombes n'hésite pas à égratigner au passage certaines idées préconçues qui ont la vie dure, malgré les soi-disant progrès sociaux réalisés ces dernières décennies. Notamment la place des femmes dans la police, sans agressivité ni féminisme primaire, se contentant d'émettre un constat dans un système complexe et très hiérarchisé: "Max -c'est ainsi qu'elle souhaitait se faire appeler- avait réussi le concours interne pour devenir commissaire de police et elle savait qu'elle n'avait pas droit à l'erreur. Tous les yeux étaient braqués sur elle. Certains attendaient, avec plus ou moins d'impatience, qu'elle se noie dans ses nouvelles attributions tandis que les membres de son équipe ne bougeaient pas le petit doigt sans sa bénédiction." (Page 10)..."Max fulmina tout le temps que dura la conférence de presse. Sa place n'était pas ici. le procureur avait exigé sa présence tout en lui signifiant qu'il n'attendait rien d'autre d'elle. Max avait la désagréable sensation de servir de faire-valoir, d'incarner l'image de la politique de parité au sein des forces de l'ordre. dans les faits, elle était la potiche de service qui devait écouter son propre compte-rendu débité par un homme qui, de son côté, ne l'avait lu qu'en diagonale." (Page 23).
Encore carton plein pour
Sandrine Destombes avec ce polar bien ficelé dont on lit de bout en bout les 379 pages sans s'ennuyer une seconde, porté par ses personnages attachants et ses pointes d'humour bienvenues. Et toujours cette empathie naturelle qui donne au roman un ton particulier, bien à lui...
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