Le manoir est une construction rurale, à mi-chemin entre la ferme et le château, dont la vocation était, à l'origine, essentiellement agricole. Le possesseur du lieu n'était jamais étranger à la terre et à sa vie, tournée vers l'exploitation des labours, des prairies et des bois, différait assez peu de celle des fermiers. Il était certainement plus proche des paysans qu'il ne l'était des seigneurs, bâtisseurs de châteaux.
Bien que tenant d'un fief, le gentilhomme rural n'avait pas le droit de bâtir une demeure avec tours et donjon. Le manoir, édifié au sommet d'une colline, au flanc d'un coteau, à proximité d'une voir de passage, dans le giron protecteur d'un vallon circulaire, n'en présentait pas moins un caractère défensif ; il était fréquemment entouré de douves dont les tracés restent parfois visibles. Bâti sur un rez-de-chaussée aux murs de pierre percés de meurtrières ou défendu par de petites tourelles, le logis se protégeait parfois derrière un pont-levis, comme c'était le cas au manoir de La Pipardière ou de celui du Breuil-en-Auge. La demeure permettait ainsi de préserver la famille des rôdeurs, des envahisseurs et des hordes hostiles.
Première partie : LE MANOIR