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Que l'écriture est belle ! Que ce livre est beau dans sa douleur !

Une "cruelle" poésie suinte à chaque page au travers du désenchantement !

Si juste, il écorche les coeurs, cogne les vies, détruit les cartes postales !

La rage - le désespoir
* les désirs d'une jeunesse oubliée, cabossée, enterrée à Troumaron au bas des immeubles construits sur des marécages qui n'a pas réussi à combler l'odeur du goémon ni l'incertitude du sol où ne poussent que les cadavres des ronces et des rêves. (p.29)

La douleur des âmes s'infiltrent dans les mots qui vous prennent aux tripes et se gravent en larmes d'océan sur le sable du soleil brûlant.

Le silence d'Eve est celui qui grandit , naufragée d'un visage noyé - Une si grande solitude !

* L'étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles, l'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins et l'homme saigné noir à ton flanc souverain.
Je suis jeune : prenez moi la main *.

Gribouillis d'humanité qui ne croit en rien mais souffre quand même.

Eve, Sarita, Clélio, Sad et les autres les oubliés de Port Louis, à l'Ile Maurice .

*Les enfants ont des ailes de plomb et persistent à croire qu'ils peuvent voler, jusqu'à ce qu'on les retrouve, ordures parmi un tas d'ordures *. (p.114)

L'auteure originaire de l'Ile nous raconte le verso de la carte postale entre tristesse et cruauté de la vie.

Livre trouvé en boîte à livres, une pépite !

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Ce court roman raconte, à travers le « destin » de quatre adolescents coincés dans une « banlieue » misérable de Port-Louis, la face cachée de l'île Maurice. Troumaron, c'est ainsi que s'appelle le quartier dans lequel vivent Sad, Clélio, Eve et Savita et ils prennent de plein fouet la misère, la violence, l'ennui, le désespoir qui ronge cette banlieue oubliée, oblitérée. Entre colère et fatalisme, sexe et dépendances, les mots de Rimbaud s'offrent sur les murs pour tenter de conjurer le sort. Dans la chaleur poisseuse de Troumaron, le corps est mis à rude épreuve, particulièrement celui des femmes. C'est presque une tragédie shakespearienne que vivront les quatre jeunes gens.

« Seulement » 154 pages mais des pages denses, âpres, qui donnent la parole à chacun des protagonistes, des pages où la langue française virevolte et traduit les états d'âme au plus près. Une belle découverte.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Je me demande pourquoi Ève se fait toujours malmener. Cette histoire semble mal partie : elle sent trop le péché qui a perdu en chemin ses raisons d'être. Des millénaires et une subtile variation, le mal décrit avec une gaucherie embarrassante dans un langage qui n'est ni original, ni perturbant.

Pourtant, Ève a un karma qui détonne. Malgré le parasitage de son environnement, elle parvient à irradier autour d'elle et c'est la raison pour laquelle elle suscite sans cesse le désir d'hommes qui ne comprennent pas ce qui leur arrive (il y en a même un qui lui écrit des poèmes, c'est le plus touchant de tous car il essaie d'être personnel et perd du temps dans l'accomplissement d'un acte qui ne changera rien au cours de l'histoire). Si Ève avait eu plus de chance, elle aurait pu être Jésus par exemple, ou quelque chose du même genre, mais c'est une gamine de banlieue alors elle ne peut pas vraiment. On retombe dans le convenu : Ève n'a pas les mots pour se dire ni pour se comprendre et elle ignore les horizons que son karma pourrait lui faire atteindre. Elle croit peut-être se venger de son impuissance lorsqu'elle se livre à des hommes qu'elle n'aime pas (à tous) mais si elle s'écoutait, elle saurait qu'elle aime l'humanité et qu'elle espère l'apaiser globalement en procédant localement, individu par individu.


Perdus dans cette histoire, on découvre Sévita et Clélio, personnages secondaires qui ne servent pas à grand-chose. Ils apparaissent seulement pour figurer l'évolution classique de ceux qui ne connaissent pas l'horizon. Sans eux, le récit se serait envolé beaucoup plus loin que les moyens narratifs d'Ananda Devi ne le permettent. Ici, on se contente d'être triste et malheureux. Eve ne peut pas sauver l'humanité car elle n'a pas compris que la souffrance ultime et rédemptrice ne peut être atteinte qu'en chérissant sa douleur. le jour où elle cessera d'haïr les hommes –ou de se haïr- elle y parviendra enfin.


Ananda Devi ne nous présente pas cette éventualité. Elle divague sur les mots et le pouvoir de l'écriture et conclut son histoire dans une rêverie littéraire aussi cotonneuse qu'insipide.
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Eve, Sadiq, Clelio, Savita, quatre adolescents à l'ïle Maurice.
Tous meurtris par la vie, la pauvreté, la misère, la violence.
C'est Eve le personnage central.
Sadiq, plus intellectuel, est fou amoureux d'elle.
Savita est son amie, qui veut la débarrasser de ses démons.
Clelio est le plus violent et le plus démuni des quatre.
Les personnages alternent dans le récit.
J'ai eu un peu de mal au début.
Et puis je me suis laissée emporter par la beauté et la poésie de l'écriture.
Je me suis attachée à ces quatre jeunes en perdition.
C'est une très belle et triste histoire, racontée avec une grande délicatesse.
Le quartier de Troumaron, à Port-Louis va me rester en tête un bon moment, ainsi que la désespérance de ces jeunes.
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C'est un livre où on la voit déchoir, s'écrouler, s'embourber dans les ténèbres de son corps. C'est un livre où l'on voit des enfants tristes, des adolescents amoureux, des adultes lâches. C'est un livre où chaque détail scabreux nous est livré, vêtu de poésie. Les métaphores s'enchevêtrent pour nous laisser entrevoir l'enfer de la prostitution. Un enfer si commun, si vrai. Il y a des Ève partout. du commencement jusqu'à maintenant, dans le livre d'Ananda Devi, elle aura croqué au fruit défendu.
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La quatrième de couverture est très juste, incisive mais franche, Ananda Devi fait planer dans l'horreur une certaine poétique. Poétique des décombres, ces destins déjà brisés dans un bidonville, ces hauts murs qui ne laissent aucun avenir, ces gamins sans rêve, ce monde de pauvreté et de violence, où même les usines ont fermé où l'espoir n'existe plus du tout, dégage une poétique du désespoir.

Les destins de quatre ados s'entremêle dans ce roman, dont la lecture nous laisse somme toute sans surprise. On se laisse porter par leurs déboires, les violences, les viols, l'alcool… Ils tentent de se sauver, eux-mêmes, les uns les autres, par la poésie, l'amour ou l'amitié, pourtant bien conscient de la vanité de leur existence.

Loin du Sari vert qui m'a durablement marqué, je pense que celui-ci ne va pas me coller à la peau ou à la mémoire…. Parce que tout compte fait, malgré la poétique omniprésente et même quelque part un peu forcée en contraste avec la dureté et la tristesse des drames qui se déroulent, finalement, tout ce récit nous coule un peu dessus. On ne s'attache pas tant aux personnages, on lit seulement… Ca passe.
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Un livre étonnant. On a l'impression de lire une poésie en prose. C'est un livre aussi qui peut se passer dans toutes les cités du monde. Je l'ai lu au même moment où les médias parlaient du film de Lady Ly « Les Misérables » : il pourrait se dérouler à Montfermeil.

Les personnages sont bien campés et intéressants. Malheureusement, il se perd parfois en digression (notamment en italiques) où on perd son latin (et je ne parle pas des parties de texte en créole).

Enfin un auteur mauriciens qui me parle d'aujourd'hui et d'une réalité peu connue.
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J'ai adoré ce livre ! Je l'ai lu avec appréhension car dans le cadre d'un cours à l'Université sur la violence faîtes aux femmes dans la littérature francophone mais une fois dedans je n'ai pu me décrocher de cet ouvrage. J'ai aimé cette structure d'abord, j'ai aimé ces personnages bien identifiables et aux caractères très pointus, j'ai aimé comment l'on se fait et comment l'on se défait. J'ai aimé cette poésie dans cette écriture pourtant dure et violente. Je recommande et plutôt deux fois qu'une !
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Un cercle dans un cercle. Eve débute et clôt l'histoire. Ou plutôt son sac, le début et la fin de tout. Un sac empli de livres, monnayés contre son corps. L'intérieur de son corps lui permet de monnayer la sortie de son esprit, hors de ce cercle vicieux, pour le plonger dans un autre.

Des jeunes qui sillonnent l'île, enfermés dans leur quotidien, incapables de sortir d'eux-mêmes, brisés d'avance. Enfermés dans leur clan, pour échapper à l'individualité dénuée de tout ; guidés par l'élan de quitter cette île, élan qui devient violence face à la côte trop vite atteinte, à l'inconnu trop souvent effleuré.

Sad tente de sortir de ses poèmes pour trouver ce qui l'arrime encore ici, pour se trouver, au-delà des murs qui l'entourent, sur lesquels il martèle les mots de Rimbaud, ses propres mots.

Sauver Eve, la sortir d'elle-même. Amour fou, pur, amour pour sortir de soi, aller vers l'autre, quitte à s'(y enfermer aussi.

ar Eve se fuit, avec l' illusion d'échapper à cette vie en s'échappant d'elle-même : toutes ces mains lui prennent un peu de vide à chaque fois. Eve laisse son corps s'ouvrir à d'autres, désabusés, affamés d'une autre chair que la leur, tentant de puiser ailleurs l'énergie qui leur fait défaut depuis longtemps, qui se fuient, eux aussi.

Une mise en abyme fantastique, un vrai tourbillon.

Tous tentent de s'échapper les uns dans les autres, dans les yeux d'une autre. Sad dans les yeux d'Eve, Eve dans les yeux de Savita.

Une écriture douloureuse, sans issue, qui se referme sur les mots contenus, les vrais, les cris d'amour étouffés à la naissance, le cordon mauricien coincé dans la gorge.

Et, malgré tout, Sad : "Dans ma tête, je te fais une promesse : Eve, je te sortirai de tes décombres."
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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Beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman qui évoque l'île Maurice dont j'ignorais tout avec son côté pile et son côté face.
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