Oxford. L'inspecteur principal crache du sang, direction l'hôpital. Avec l'enquêteur Lewis, qui ne vient pas les mains vides, il ne peut s'empêcher d'échanger quelques plaisanteries. Puis Morse reçoit des mains d'une petite mamie le livre de son époux – l'oeuvre de sa vie – récemment décédé. Lorsqu'il est en mesure de lire ce Meurtre sur le canal d'Oxford il se lance dans une enquête immobile car l'épilogue proposé par l'auteur ne le satisfait pas.
C'est sur les conseils d'un « collègue » avisé - son avis sur ce roman : le Vent sombre – que j'ai ouvert cet été mon premier
Colin Dexter. le choix de
Mort d'une garce, paru en France en 1994 est le huitième de la série Morse composée de treize romans, se fit lors d'une de mes vadrouilles dans un vide-livres. Bien entendu, je l'en remercie car dès les premières pages tournées des effluves apéritives en émanèrent qui allaient m'assurer de douces saveurs littéraires agrémentées de copieuses pincées de malice parfaitement dosées.
« Tandis qu'il vomissait, abondamment cette fois, l'interne observe le marc mêlé aux éloquentes tâches de sang écarlate – sang journellement désoxygéné par une abondance de nicotine puis libéralement lubrifié à l'alcool. »
Morse enquête sur le viol et le meurtre d'une jeune femme, retrouvée noyée dans le canal, perpétrés au 19ème siècle. Il faut avoir un sacré culot pour s'attaquer à une telle entreprise. Mais notre homme s'ennuie – cela ne va pas durer - et, grâce à sa célèbre perspicacité – et à son ulcère à l'estomac -, va dénouer les fils pour prouver l'innocence des condamnés. Dans ce roman à énigme la mise en situation est particulière puisque l'enquêteur est cloué au lit et va devoir être assisté par des tierces personnes afin, par exemple, de glaner des documents nécessaires à la réalisation de l'objectif. Mais le cerveau de Morse, lui, est toujours aussi bouillonnant – peut-être aidé en cela par quelques rasades de whisky que son dévoué Lewis lui a glissé lors de sa venue. Ainsi, l'inspecteur, amateur de casse-tête, sort sa trousse de dissection et analyse les entrailles du récit où il a détecté des failles. On assiste à un véritable tour de force lors de la suture qui va permettre de conforter ses doutes, de dévoiler le coupable.
Son altesse Morse distribue les tâches entre deux bons mots - qui irritent fortement le chef de service – et quelques opérations de charme. C'est un séducteur-né qui use de toutes les ficelles pour déployer son sens aigu de l'amabilité sur un ton aguicheur, parfois facétieux, souvent badin. Sa bonhomie, qui lui vaut aussi de nombreux louanges, accompagnée de gentilles piques n'est pas toujours du goût de tous et le lecteur s'en repaît et en redemande. La mélancolie rattrape son personnage principal qui passe du stade du marivaudage à l'amère affliction.Tout cela est subtil, élégant et appétissant, se boit comme du petit lait.
Mort d'une garce a un charme faussement désuet qui, sous la plume maligne de son auteur, s'enrichit par son style. Alors qu'il propose une enquête labyrinthique – avec ses incertitudes - qui progresse avec la rigueur nécessaire, les relations entre les personnages s'avèrent parfois fragiles aidées en cela par la fraîcheur du ton. Comment ne pas s'attacher aux états d'âme, aux lumineuses déductions, à la dérision de ce sacré inspecteur Morse que nous souhaitons vivement retrouver dans l'une de ses autres aventures.
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