Les fantômes se nourrissent de la morosité, de la tristesse et nous entraînent dans leur cercle vicieux. Si vous cessez de les nourrir, ils disparaissent.
Quand le moral fait naufrage
Avoir le noir pour seule couleur.
Les fantômes, oui, pourquoi pas, mais pas si vite.
Il éclaira sa montre : midi trente. Il plongea la main dans la poche intérieure de sa veste et sortit son porte-feuille. Il caressa, à la lueur de sa lampe, la photo de Mina qui s'y trouvait, puis l'embrassa. Mina… Que faisait-elle en ce moment ? Allait-elle bien ? Alan ne devrait pas être là, mais avec elle.
De petits ruisseaux en petits ruisseaux, peut être qu'un jour naîtra une grande rivière
Sur la chaise vide que Karine avait demandée près d'elle, apparut subitement une silhouette brumeuse.
Dehors, les landes sauvages et grandioses de la Bretagne s'étaient couvertes de rosée, de cette rosée parfumée de sel, d'Histoire et de légendes.
L’absence d’un être cher hante longtemps ceux qui restent, car ils en oublient souvent que personne ne part vraiment. Les larmes masquent les présences pourtant parfois si évidentes près de nous. Les plus cartésiens rejettent ces sensations qu’ils balayent comme étant le fruit de l’imagination, des foutaises, ou comme de simples souvenirs qui refont surface en les rongeant de nostalgie ou, au mieux, en leur dessinant de charmants sourires, peut-être parce qu’envisager le contraire les effraie simplement. N’est-il pas dans la nature humaine d’avoir peur de ce que l’on ne connaît pas ? Mais l’absence n’a de sens que si on lui en donne. Elle n’existe que si on la laisse exister. Sa grand-mère lui avait enseigné que croire que la mort était une fin, qu’après c’était le noir, le néant et qu’il n’y avait plus rien, était comme croire que nous étions seuls dans l’univers.
-C’est bien ça, Alan. Cela ressemble bien à ces fameux Shadow People. On y trouve des spectres de vieilles femmes, d’hommes grands avec un chapeau à bord plat.
– Mina m’a dit qu’il me suivait depuis longtemps. Mais pourquoi se manifeste-t-il maintenant ? Après toutes ces années de silence ?
– Je n’en sais rien, mais il faudrait vraiment qu’on s’y intéresse.
– Cette chose est dangereuse, ce n’est pas un fantôme !
C'était donc d'ici, à l'endroit même où il se trouvait, que Sarah s'était jetée dans le gouffre, fermé, il y avait encore deux ans, par de simples planches et tôles qu'elle avait retirées.
Il se frotta la moustache et le menton en chuchotant, “c'était ici. Sarah… Pourquoi ?”