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Citations sur Le Maître de pension (7)

Le vent se mit à souffler. Un grand vent ferme et doux venu de l'ouest. Ramusot fut le premier à remarquer l'événement l'événement, et fit signe aux autres de regarder en l'air. Là-haut le brouillard se déchiroit et les lambeaux montaient dans le ciel, aussitôt emportés par le souffle de l'air. Les horizons de la lande se dégagèrent en quelques minutes, et même des rayons de soleil passèrent à travers les volutes de l'énorme brouillard qui s'enfuyait sous forme de nuées. Signe de pluie, c'était sûr, mais pour l'heure les garçons se sentaient un peu trop visibles dans l'étendue. On découvrait soudain la maison, le hameau de Bissiges et tout près les ruches de Ferrier, au loin les bois de bouleaux et de pins.

[André DHÔTEL, "Le Maître de pension", Grasset, 1954 -- page 257]
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" LA POESIE DES PAYSAGES LES PLUS DESHERITES "

[Une critique du roman d'André DHÔTEL, "le Maître de pension", Grasset, 1954 -- par Charles EXBRAYAT, "Le Journal du Centre", 9 avril 1954]

" André Dhôtel a une maîtrise, un art qui nous laissent pantois (car on se demande à la fin de chaque chapitre comment il va pouvoir repartir), et nous démontre qu'on peut faire naître la poésie des payage les plus déshérités. Lorsque nos écrivains méridionaux font chanter la garrigue, lorsque nos robustes romanciers paysans peuplent de fantômes leurs forêts auvergnates ou ardennaises, nous "marchons" car le décor est naturellement prêt pour l'histoire la plus fantastique. Mais tenir la gageure de réussir la même belle aventure en prenant pour toile de fond ces pays affreusement tristes, affreusement désolés que sont les plaines de la Marne, c'est très fort. "
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" UN RECIT ROMANESQUE A PLAISIR "

[Une critique du roman d'André DHÔTEL, "le Maître de pension", Grasset, 1954 -- par Maurice Faure, "France-Observateur" n° 204, 8 avril 1954]

" Dans tout ce récit, romanesque à plaisir, que de souplesse et d'aisance, que de savants éclairages et d'adroites perspectives, qui nous prennent au jeu, nous baignent en des remous de fantaisie, de mystère, de poésie -- la poésie des êtres et des choses. Au vrai, André Dhôtel est un conteur peut-être plus qu'un romancier, s'il faut distinguer, et si l'on veut que le roman soit une batterie de projecteurs dressés sur la réalité. Mais qu'est-ce que la réalité ? Où s'arrête-t-elle ? Pourquoi ne pas regarder au-dessus ou derrière ? C'est ce que fait Dhôtel. Bref, il reste ouvertement celui qui raconte. Et son attitude, nonchalamment, se joue des prétentions du roman objectif, sans écran et sans témoin, puisqu'il donne autant que les plus chevronnés des techniciens modernes le sentiment de la réalité.
D'ailleurs, il témoigne d'un réalisme incontestable. Il est attentif au détail, minutieusement. La campagne, le village, ses maisons, les visages et les corps, les attitudes, l'heure et la saison, tout est décrit, cerné d'un trait vif, juste et pittoresque. Mais à cette vérité exacte et ordinaire, il excelle à ajouter la transparence ou l'ombre obscure de l'étrange. Il suggère dans le tableau, dans la péripétie, et dans l'expression de l'âme, les profondeurs indicibles où l'on se perd. "

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On bavardait aussi dans les coins avec des filles, ou avec des garçons d'écurie. Alors on demandait des nouvelles du monde. Rien que ce vent de tempête qui pendant tout novembre souffla sans répit, avec des bourrasques à faire remuer la cloche au fond du clocher. Des tuiles de temps à autre se promenaient dans les rues comme des feuilles.
-- Tu ne connais pas ce vent-là, disait Tatane à Michael.
C'était un vent extraordinaire, pour qui savait l'entendre. Cela faisait un glissement continu comme une dizaine de cascades. Puis les arbres, les poteaux et les cheminées qui sifflaient. Du fond des cours montaient des grondements. Plus loin et plus haut, on sentait un chant clair et abandonné, comme si toutes les fleurs de l'été avaient ressuscité quelque part et s'étaient mises à parler. Ou, si vous voulez, là-haut le vent parlait des fleurs, des arbres chargés de feuilles pures, des herbes de la lande, et même peut-être des beaux magasins allumés dans les villes.

[André DHÔTEL, "Le Maître de pension", Grasset, 1954 -- pages 51-52]
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Avant la Révolution un Bassarier avait été fermier général. Tous les représentants de cette famille s'étaient appliqués à maintenir en même temps que leur prestige une tradition de paresse solennelle. Ils s'enfermaient dans leur maison comme des princes déchus par une erreur essentielle de l'univers, inaccessibles, excentriques, occupés de chasse et de lectures. Ils ne cultivaient pas les terres, dédaignaient même de gérer leur patrimoine, se bornant à recueillir des héritages qui fondaient sur eux, ou des revenus dont la source sembla toujours mystérieuse. On disait qu'ils possédaient des mines. Ils dissipaient leur fortune avec ennui, de temps à autre partant pour de longs voyages, achetant des chevaux, des trésors d'art, puis bazardant ce qu'ils possédaient lorsque le notaire parvenait à les convaincre qu'ils s'étaient ruinés.

[André DHÔTEL, "Le Maître de pension", Grasset, 1954 -- pages 44-45]
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Du potager on voyait se développer les profondeurs de cette lande, et on distinguait les pins dans l'éloignement et les bouleaux.
-- Tu connais pas la lande, observa Ramusot en se remettant au travail avec acharnement. C'est un endroit plein de fleurs où on peut aller presque jamais. Il n'y a que le grand Pierre avec les moutons.
-- Qui c'est le grand Pierre ?
-- C'est un copain.
Ramusot avait sans doute à peu près le même âge que Michael, entre seize et dix-sept ans. Le grand Pierre en comptait dix-huit.
-- Moi j'irai dans la lande si ça me plaît, dit Michael.
-- T'iras si le patron veut que tu y ailles.

[André DHÔTEL, "Le Maître de pension", Grasset, 1954 -- page 28]
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Dans les angles de cette vitrine il y avait l'ordinaire échafaudage des boîtes de conserve, mais au centre toute la place était réservée à un invraisemblable assortiment d'articles de pêche. Pas la plus petite mare à la ronde. Pas un homme de Marcourt qui s'adonne à la pêche, sinon ce fou de Batusard, toujours prêt à partir au milieu de la nuit pour aller voir l'aurore se lever sur l'Aisne ou sur la Marne. Pourtant Pascaline exposioat ce luxe de cannées à pêche, de bouchons rouges et bleus, de beaux crins et d'hameçons doubles et triples, comme si, un beau jour, un lac devait se creuser dans le calcaire du terroir. Il y avait même des balances à écrevisses au milieu de cette vitrine, et pour les écrevisses il aurait fallu courir jusqu'à la frontière de Belgique.

[André DHÔTEL, "Le Maître de pension", Grasset, 1954 -- pages 91-92]
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