Je me remémorerai toujours ces années comme une période exceptionnelle : l'époque de trois adolescents heureux dans une Amérique bénie des dieux. (P30)
Le cinéma,Goldman,le voilà l'avenir!Désormais les gens veulent de l'image!Les gens ne veulent plus réfléchir,ils veulent être guidés!Ils sont asservis du matin au soir,et quand ils rentrent chez eux,ils sont perdus:leur maître et patron,cette main bienfaitrice qui les nourrit,n'est plus là pour les battre et les conduire.Heureusement,il y a la télévision.L'homme l'allume,se prosterne,et lui remet son destin.Que dois-je manger,Maître?demande-t-il à la télévision.Des lasagnes surgelées!lui ordonne la publicité.Et le voilà qui se précipite pour mettre au micro-ondes son petit plat dégoûtant.Puis,le voilà qui revient à genoux et demande encore:Et,Maître,que dois-je boire?Du Coca ultra-sucré!hurle la télévision,agacée!Et elle ordonne encore:Bouffe,cochon,bouffe!Que tes chairs deviennent grasses et molles!Et l'homme obéit.Et l'homme se goinfre.Puis,après l'heure du repas,la télé se fâche et change ses publicités:Tu es trop gros!tu es trop laid!Va vite faire de la gymnastique!Sois beau!Et il vous faut acheter des électrodes qui vous sculptent,des crèmes qui font gonfler vos muscles pendant que vous dormez,des pilules magiques qui font à votre place toute cette gymnastique que vous n'avez plus du tout envie de faire,parce que vous digérez votre pizza!
Pourquoi j'écris ? Parce que les livres sont plus forts que la vie. Ils en sont la plus belle des revanches. Ils sont les témoins de l'inviolable muraille de notre esprit, de l'imprenable forteresse de notre mémoire.
Grace aux livres,
Tout était effacé
Tout était oublié
Tout était pardonné
Tout était réparé
Il y a eu des drames, il y en aura d'autres et il faudra continuer à vivre malgré tout. Les drames sont inévitables. Ils n'ont pas beaucoup d'importance, au fond. Ce qui compte , c'est la façon dont on parvient à les surmonter.
Les drames sont inévitables. Ils n'ont pas beaucoup d'importance, au fond. Ce qui compte, c'est la façon dont on parvient à les surmonter.
Dans vingt ans les gens ne liront plus. C'est comme ça. Ils seront trop occupés à faire les zozos sur leurs téléphones portables. Vous savez, Goldman, l'édition c'est fini. Les enfants de vos enfants regarderont les livres avec la même curiosité que nous regardons les hiéroglyphes des pharaons. Ils vous diront : "Grand-père, à quoi servaient les livres ?" et vous leur répondrez : "A rêver. Ou à couper des arbres, je ne sais plus." A ce moment-là, il sera trop tard pour se réveiller : la débilité de l'humanité aura atteint son seuil critique et nous nous entretuerons à cause de notre bêtise congénitale (ce qui d'ailleurs est déjà plus ou moins le cas).
Garde tes avis pour toi petit impertinent. Je ne te demande pas une faveur , je te donne un ordre.
(P173)
— Allons, Marcus, qu'allez-vous faire de ces vieilleries? Vous avez une maison magnifique et vous allez la transformer en brocante.
— Ce sont simplement quelques souvenirs, Leo.
— Les souvenirs, c'est dans la tête. Le reste n'est que de l'encombrement.
(p.331)
Pourquoi vouloir changer ? Chacun est différent, Markie, et peut-être est-ce là le bonheur : être en paix avec ce que l'on est.