Lorsque le RER s’arrêta en gare et que les gens quittèrent leur wagon, un observateur extérieur aurait pu sans peine remarquer à quel point les auditeurs de Guylain détonnaient d’avec le reste des usagers. Leurs visages n’affichaient pas ce masque d’impassibilité qu’abhorraient les autres voyageurs. Tous présentaient un petit air satisfait de nourrisson repu.
Dans les toilettes, le pouvoir appartient toujours à celui qui détient le papier.
Elles étaient émouvantes, ces deux petites vieilles emballées chacune dans leur manteau beige et toutes deux suspendues à ses lèvres. Guylain eut la soudaine envie de céder à leur folie, d'exporter ses peaux vives ailleurs que dans ce wagon sinistre qu'il empruntait tous les jours.
La chouquette est à la patisserie ce que le minimalisme est à la peinture ! Assène-t-elle à qui veut l'entendre. Débarrassée de tout effet illusionniste, elle se présente à nous dans toute sa nudité, avec pour toute parure ces quelques cristaux blancs, et s'offre telle qu'elle est : une petite douceur sans autre prétention que celle d'être mangée, tout simplement.
Un vrai prince charmant qui, après avoir gardé son beau destrier blanc dans le parking (une Audi A3 ou une DS intérieur cuir par exemple), fera halte chez moi pour vider sa vessie avant de m'emporter dans ses bras pour une longue aventure amoureuse.
"Il se surprenait de plus en plus souvent à parler ainsi à son poisson. Guylain se plaisait à croire que le carassin l'écoutait, là, suspendu au centre de la sphère, toutes ouïes ouverte dur le récit de sa journée. Avoir pour confident un poisson rouge impliquait de ne rien attendre d'autre de lui que cette écoute passive et silencieuse, même s'il croyait parfois déceler dans le filet de bulles qui sortait de sa gueule un début de réponse à son questionnement".
Depuis quelque temps, j'ai découvert qu'il existait sur cette planète un être qui avait le pouvoir de faire paraître les couleurs plus vives, les choses moins graves, l'hiver moins rude, l'insupportable plus supportable, le beau plus beau, le laid moins laid, bref, de me rendre l'existence plus belle.
Ce livre fait du bien. Il transforme les nuages gris en sucre rose de barbe à papa.
Non, mes attentions vont plutôt aux éclopées, aux fendillées,(...)à toutes celles que le temps a estropiées(...) C'est dans les cicatrices des gueules cassées que l'on peut lire les guerres, Julie, pas dans les photos des généraux engoncés dans leurs uniformes amidonnés et tout repassés de frais.
Des êtres en partance plongés dans l'attente d'un départ qui se refusait à eux.