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Citations sur L'année de la pensée magique (89)

Je sais aussi que, si nous voulons vivre nous-mêmes, vient un moment où nous devons nous défaire de nos morts, les laisser partir, les laisser morts.
Les laisser devenir la photo sur la table de chevet.
Il essaie de venir le nom sur les comptes de tutelle.
Les laisser partir au fil de l’eau.
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Ce n'est qu'après avoir déposé mes clés sur la table dans l'entrée que je me souviens vraiment. Il n'y a personne pour entendre cette nouvelle ; ce projet inabouti, cette pensée inachevée ne mènent nulle part. Personne pour être d'accord, pas d'accord, répliquer.
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Les gens qui ont récemment perdu quelqu'un ont un air particulier, que seuls peut-être ceux qui l'ont décelé sur leur propre visage peuvent reconnaître. Je l'ai remarqué sur mon visage et je le remarque à présent sur d'autres. C'est un air d'extrême vulnérabilité, une nudité, une béance. C'est l'air de quelqu'un qui sort de chez l'ophtalmologue, les yeux dilatés à la lumière du jour, ou de quelqu'un qui porte des lunettes et doit tout à coup les enlever? Ces gens qui ont perdu un proche ont l'air nus parce qu'ils se croient invisibles. Moi-même je me suis sentie invisible pendant un certain temps, incorporelle.
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La vie change vite.
La vie change dans l’instant.
On s’apprête à dîner et la vie telle qu’on la connaît s’arrête.
La question de l’apitoiement.
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• Le mariage, c'est la mémoire ; le mariage, c'est le temps. Le mariage, ce n'est pas seulement le temps ; c'est aussi, paradoxalement, le déni du temps. Pendant quarante ans, je me suis vue à travers le regard de John. Je n'ai pas vieilli. Cette année, pour la première fois depuis mes vingt-neuf ans, je me suis vue à travers le regard des autres ; pour la première fois, j'ai compris que j'avais de moi-même l'image d'une personne beaucoup plus jeune. Nous sommes d'imparfaits mortels, ainsi faits que lorsque nous pleurons nos pertes, c'est aussi, pour le meilleur et pour le pire, nous-mêmes que nous pleurons. Tels que nous étions. Tels que nous ne sommes plus. Tels qu'un jour nous ne serons plus du tout
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En voyant cette photo, j’ai compris pour la première fois pourquoi les nécrologies m’avaient tant perturbée.
J’avais laissé d’autres personnes penser qu’il était mort.
Je l’avais laissé être enterré vivant.
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Je suis écrivain. Imaginez ce que quelqu’un dirait ou ferait est pour moi aussi naturel que respirer.
Et pourtant, à chaque fois, cette manière d’invoquer sa présence avait pour seul effet de renforcer en moi la conscience du silence définitif qui nous séparait. Ses réponses, quelles qu’elles soient, ne pouvaient exister que dans mon imagination, mon propre texte. N’imaginer ainsi ces mots qu’à travers mon propre texte me paraissait une obscénité, une violation. (…) Nous nous imaginons que nous connaissons chacun toutes les pensées de l’autre, même quand nous ne le voulons pas forcément, mais en réalité, j’ai fini par m’en apercevoir, nous ne connaissons pas même le plus infime fraction de ce qu’il y avait à connaître.
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Je ne pensais pas toujours qu'il avait raison, comme lui ne pensait pas toujours que j'avais raison, mais nous étions chacun celui en qui l'autre avait confiance.
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En me remémorant tout cela, je m’aperçois à quel point peut nous affecter l’idée persistante que nous pouvons contrer la mort.
Et son corollaire punitif, l’idée que si la mort nous rattrape, nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-mêmes.
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On s'apprête à dîner et la vie telle qu'on la connait s'arrête.
La question de l'apitoiement.
Les gens endeuillés pensent énormément à l'apitoiement. Nous nous en inquiétons, nous le redoutons, nous nous torturons l'esprit pour en déceler les signes. Nous avons peur que nos actes révèlent notre propension, comme dit très justement l'expression, à "nous appesantir". Nous comprenons l'aversion que la plupart 'entre nous éprouvent à l'idée de "s'appesantir". Les marques flagrantes du deuil nous font penser à la mort, qui nous paraît contre nature, démontrent que nous n'arrivons pas à gérer la situation. ""Un seul être vous manque et tout est dépeuplé." Mais on n'a plus le droit de le dire tout haut", écrit Philippe Ariès dans Essais sur l'histoire de la mort en Occident. Nous nous rappelons à nous-mêmes, encore et encore, que notre perte n'est rien, comparée à celle que connaît (ou, réflexion pire encore, que ne connaît pas) la personne qui est morte ; à essayer d'infléchir ainsi notre manière de penser, nous n'arrivons qu'à plonger toujours plus profondément dans les profondeurs du nombrilisme. (Pourquoi n'ai-je pas vu cela, pourquoi suis-je si égoïste.) Les termes mêmes ue nous employons quand nous pensons à l'apitoiement trahissent l'horreur absolue que nous en avons : l'apitoiement, c'est être désolé pour soi-même, c'est sucer son pouce, c'est ouin-ouin pauvre de moi ; l'apitoiement, c'est l'état dans lequel ceux qui se désolent pour eux-mêmes se complaisent ou, mieux encore, se vautrent. L'apitoiement demeure à la fois le plus commun et le plus universellement abhorré de nos défauts de caractère ; nous y voyons une nauséabonde force de destruction.
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