"La terreur est partie. Elle m'a quittée comme une meute de loups décide d'abandonner une traque."
"La vie de ma mère était ratée. Je ne savais pas s'il existait des vies réussies, ni ce que ça pouvait signifier. Mais je savais qu'une vie sans rire, sans choix et sans amour était une vie gâchée."
“Mais sitôt les forains partis, chacun s’en retournait à sa prostration solitaire, devant sa télé, cultivant au choix, dépression, aigreur, misanthropie, apathie ou diabète.”
"J'aimais la nature et sa parfaite indifférence. Sa façon d'appliquer son plan précis de survie et de reproduction, quoi qu'il puisse se passer chez moi. Mon père démolissait ma mère et les oiseaux s'en foutaient. Je trouvais ça réconfortant. Ils continuaient de gazouiller, les arbres grinçaient, le vent chantait dans les feuilles du châtaignier. Je n'étais rien pour eux. Juste une spectatrice. Et cette pièce se jouait en permanence. Le décor changeait en fonction de la saison, mais chaque année, c'était le même été, avec sa lumière, son parfum et les mûres qui poussaient sur les ronces au bord du chemin."
“J’aimais tout ce qui avait trait au commencement. Ce moment où on imagine que les événements vont se dérouler selon un schéma planifié, que chaque nouvel élément va nous arriver sur un tapis roulant comme un colis dans un centre de tri et qu’il nous suffira de le ranger à l’endroit approprié. Les titres en bleu, les sous-titres en rouge.”
"C'était important le journal télévisé pour mon père. Commenter l'actualité lui donnait l'impression d'avoir un rôle à y jouer. Comme si tout le monde attendait ses réflexions pour évoluer dans le bon sens."
“(...) il y a des gens qu’il ne faut pas approcher. Vous apprendrez ça. Il y a des gens qui vont vous assombrir le ciel, qui vont vous voler la joie, qui vont s’asseoir sur vos épaules pour vous empêcher de voler. Ceux-là, vous les laissez loin de vous.”
"Les histoires, elles servent à mettre dedans tout ce qui nous fait peur, comme ça on est sûr que ça n'arrive pas dans la vraie vie."
Que la vie est une grande soupe dans un mixer au milieu de laquelle il faut essayer de ne pas finir déchiqueté par les lames qui vous attirent vers le fond.
S'il existait la moindre possibilité de revenir en arrière, je devais la trouver et l'exploiter. Pour retrouver le rire de Gilles, ses dents de lait, ses grands yeux verts... Mes professeurs étaient ravis par ma curiosité et ce qu'ils appelaient ma "vivacité d'esprit". En réalité, c'était juste une histoire de motivation. S'ils avaient su que le rire d'un petit garçon en dépendait...