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Citations sur Reste (165)

On ne réalise pas que la vie allège les corps.
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Je n'aime pas le conflit, j'ai tendance à absorber. Disons que sur ce coup-là, j'ai bien absorbé. Mon vagin aussi.
Aussi, c'était une façon de ne pas en faire un salaud. Si ça n'est pas grave, c'est qu'il ne s'est rien passé. S'il ne s'est rien passé, le sanglier n'existe pas. C'est fou le pouvoir que j'ai. Si je décide qu'il ne m'a pas violée, le viol n'a pas eu lieu. C'est magique. Pas de douleur, donc pas de victime, donc pas de crime. Circulez.
(p.112)
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Je ne pense pas qu’on m’ait appris à me taire. Simplement, on ne m’a pas appris à parler. Et on m’a dissuadée d’essayer. J’ai compris très tôt que pour être aimée des hommes il fallait éviter de leur prendre la tête, éviter d’être une chieuse, une grande gueule, une mégère.
Comment ma sœur a-t-elle fait pour échapper à ça ? D’où lui vient cette voix forte, claire ? Cette façon qu’elle a de ne jamais se laisser emmerder ? De défendre son territoire ?
Et vous ? Comment vous faites ?
Moi, j’ai mis des années à comprendre l'arnaque. Avec Romain, si j'évoquais un besoin, si je réclamais un changement, il refusait simplement la discussion, regardait ailleurs, changeait de sujet, allumait la télé. Je finissais par m'énerver toute seule. Lui, impassible, monosyllabique, me renvoyait l'image de l'emmerdeuse que je redoutais d'être. Il ne me restait qu’à choisir entre l'acceptation et la rupture. Et je me voyais capituler, endossant la figure martyre de la mater dolorosa avec un enthousiasme suspect. Avec le temps, il n'était plus nécessaire de passer par la case « dispute à sens unique », j'avais appris à ravaler mes besoins, notre vie à deux s'ordonnait autour de ceux de Romain. Je vivais la tête haute, drapée dans ma résignation, auréolée de ma vertu sacrificielle, romantisant ma posture de sainte persécutée. Je me donnais le beau rôle. Ça me dispensait d'agir, de lutter. Évidemment, ce sont des choses que je n'ai comprises qu’après l'avoir quitté.
(P.98-99).
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J’emmerde le post-partum. J’emmerde les hormones. Si on avait inversé les rôles, si Romain avait dû prendre ma place, il aurait aussi fini à moitié dingue. On nous vend ça comme les plus belles semaines de notre vie, on appelle ça un « congé », veinardes que nous sommes. Et moi j’y avais cru. J’avais imaginé des journées à ronronner, l’enfant tendrement endormi dans son couffin en osier, le soleil oblique éclaboussant un plaid en cachemire blanc, l’odeur de la lessive fraîche, moi m’abandonnant aux œuvres complètes de Dostoïevski en écoutant Bach. Mon cul.
Nina ne dormait quasiment que dans mes bras, une suture de la césarienne avait lâché à l’intérieur de mon ventre, je me déplaçais courbée à angle droit, comme une grabataire. J'attendais le retour de Romain pour prendre ma douche, ce qu'il semblait avoir du mal à comprendre mais il s'abstenait de tout commentaire.
(P. 97)
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On dit séparation, divorce, rupture, on fait le deuil du passé, alors que le chagrin d’amour fait plutôt le deuil de l’avenir. 
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Je n'aime pas le conflit. J'ai tendance à absorber. Disons que sur ce coup-là j'ai bien absorbé. Mon vagin aussi.
Aussi, c'était une façon de ne pas en faire un salaud. Si ce n'est pas grave, c'est qu'il ne s'est rien passé. S'il ne s'est rien passé, le sanglier n'existe pas. C'est fou le pouvoir que j'ai. Si je décide qu'il ne m'a pas violée, le viol n'a pas eu lieu. C'est magique. Pas de douleur, donc pas de victime, donc pas de crime. Circulez.
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Je me suis surprise à jalouser l'insouciance de ces gens. Nous n'appartenions plus au même univers. Je les regardais à travers une vitre sale, un brouillard. Comme si je ne pouvais plus les toucher, observant leur monde criard depuis une dimension parallèle, dévastée. Même les sons me parvenaient comme assourdis. J'aurais voulu les appeler à l'aide, qu'ils m'attrapent par la main et me ramènent de leur côté.
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— Je sais pas exactement... Je voulais... je voulais trouver autre chose pour lui, pas les funérailles classiques, je voulais qu’il soit bien, je voulais pas l'abandonner, je voulais pas le quitter mais maintenant je sais pas. Toute seule j'y arrive pas. Je pouvais pas affronter le regard de ma mère, ou de ma fille, je voulais pas les mêler à ça. On s’est aimés seuls tous les deux, je veux dire, dans notre coin, cachés, j’ai voulu continuer comme ça, le garder pour moi. Mais voilà, je suis fatiguée. Et puis il y a sa femme et son fils et tous les gens qui l'attendent et qui ne le voient pas revenir, je sais bien que je n'ai pas le droit de faire ça mais merde... p. 202-203
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M. était mon ami, c'était tout ce que je demandais, c'était tout ce que l’adolescente que j'étais demandait, «aussi léger à porter que fort à éprouver», celui à qui je pouvais tout dire, absolument tout, devant qui j'étais moins pudique qu’envers moi-même. Alors j'étais peut-être en train de fredonner une berceuse à un mort sur une montagne humide et blasée, prête à mourir moi-même d’une morsure de vipère, mais je l’avais eue, ma Harvest Moon. p. 191
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Des gens ont vu mourir la personne qu’ils aimaient, ils se sont habitués. Peut-être que si je reste allongée là, près de M. les choses finiront par s'améliorer. Peut-être que je suis en train de vivre le pire. Encore du vin. Pour faire passer le pire. Ça ira mieux demain. p. 60
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