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sur 1042 notes
Dans un chalet au bord d'un lac, la narratrice et son amant (M) se retrouvent en secret, l'amant subit une crise cardiaque et laisse sa maitresse au bord de l'effroi. Cette dernière, sous le choc, ne veut pas quitter son défunt amant, elle l'emmène avec elle dans sa voiture au bord de l'implosion tout en clandestinité. Elle écrit une lettre à son épouse pour expliquer son choix, pour expliquer son amour infini pour M. Recèle de cadavre, la narratrice nous décrit son parcours amoureux auprès de cet homme marié. Leur coup de foudre, l'évidence de cette relation adultérine. L'héroïne, mère d'une petite fille de sa précédente relation, tombe sous le charme de ce quarantenaire. Elle quitte tout et se lance à corps perdu dans une relation sans promesse, sans lendemains définis. Elle accepte l'amour et la tendresse que son amant ressent pour son épouse, elle explique son besoin de solitude, son refus de subordination dans une relation où tout le monde se mélange, une relation comme madame et monsieur tout le monde, elle accepte le manque, l'absence. Cela devient sa raison de vivre. Elle attend son amant. A son décès, l'héroïne perd toute raison et M, mort devient une obsession.

Adeline Dieudonné nous livre ici un roman épatant sur les lignes d'une histoire d'amour hors norme, où l'amour ne se commande pas, où les choix semblent impossibles. Peut-on aimer deux femmes en même temps? Peut-on se satisfaire d'une histoire à mi temps? Roman à la fois sociologique et psychologique, Reste marque les esprits torturés. Les scènes en huit clos s'impriment et ne s'oublient pas. On frissonne devant cette double décomposition, autant du mort que de cette femme qui ne peut se résoudre à quitter son amant, à le rendre à son épouse. Des flashs musicaux accompagnent ces jours d'angoisse, d'amour impossible. Des passages par dizaine résonnent, cognent, nous font arrêter la lecture pour en savourer toute la puissance narrative et introspective.

L'épilogue est une pure merveille, comme ces scènes dramatiques et tragiques d'un western américain.
Comment peut finir une telle histoire ? Seule l'autrice à l'écriture singulière en détient la réponse. On reconnait la patte d'Adeline bien évidemment. Son attrait pour le monde animal est toujours omniprésent dès les premières pages, son humour, sa finesse, sa grandiloquence narrative, c'est Adeline Dieudonné, c'est elle, sans fausse note, sans lourdeur, sans temps mort. On avale les pages de ce dernier roman, Reste sans voir le temps défiler. On tremble, on comprend qu'il est possible d'aimer autrement, d'aimer un homme qui n'est pas libre, de l'accepter sans rien attendre, de tout prendre quand il est là, tout donner, tout graver dans sa mémoire, sur sa peau, sur son coeur.

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Je viens de terminer la lecture de "Reste" et honnêtement je ne sais pas trop qu'en penser. Peut-être qu'il vaudrait mieux que j'attende un peu de temps pour formuler une évaluation finale.

Le thème est hautement dérangeant : la narratrice du roman qui se balade pendant 6 jours avec le corps de son amant mort noyé.
Insolite aussi la décision de la narratrice-sans-nom d'écrire 2 longues lettres à l'épouse même de M. (son amant) qu'elle n'a jamais rencontrée.

Avouez que pour une femme de 41 ans, prof de Français et mère d'une gamine cela fait plutôt beaucoup à avaler et digérer.

Ce récit perturbant contraste cependant avec un style et un langage hautement littéraire, voire poétique, qui sont la marque de qualité de ma compatriote, Adeline Dieudonné.

Quoi qu'il en soit, une façon bien originale à réagir à la mort soudaine de l'être que l'on aime par-dessus tout.

L'ouvrage est riche également en considérations originales et profondes sur les grandes questions de l'existence humaine : naissance et décès, amour et couple, femme et homme, flirt et fidélité, etc.
Par ailleurs, en maniant un vocabulaire simple et parfois limite, l'auteure réussit à aller très loin dans ses réflexions perçantes.

Quand bien même si le niveau de "Reste" n'arrive pas à celui de son chef-d'oeuvre, "La vraie vie" de 2018, je pense que cet ouvrage mérite recommandation. Personnellement, j'ai l'intention de relire certains passages et de revenir ultérieurement sur le présent billet.
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J'avais adoré "La vraie vie", beaucoup beaucoup moins "Kérozène". Je ne savais donc pas du tout à quoi m'attendre avec "Reste", que les nombreux retours enthousiastes des Babelpotes m'ont incitée à lire. Incomparable avec "Kérozène" (ouf !), j'ai passé un bon moment, même s'il ne m'a pas totalement transcendée.

"Reste", c'est le mot que la narratrice, une certaine S., crie au plus profond d'elle-même à l'homme qu'elle aime, un certain M. Ensemble depuis huit ans, il n'en est pas moins marié à une autre depuis bien plus longtemps et avec qui il a un fils. Mais le couple fonctionne bien ainsi, S. aspirant à une vie indépendante après deux grosses déceptions amoureuses. Ils ont plaisir à se retrouver, pour quelques heures ou pour un week-end, comme c'est le cas en ce moment, dans un chalet à la montagne.

Mais M. est mort. Il est allongé sur le lit à côté d'elle. Et pour le garder plus longtemps pour elle toute seule, pour faire comme s'il n'était pas mort, elle décide de ne prévenir personne. Elle le charge dans sa voiture et part. Mais avant cela, elle écrit une lettre à la femme légitime...

Il y aura deux lettres en tout, dans lesquelles elle se raconte à sa rivale et lui livre une grande partie de son intimité. Elle revient souvent en arrière : sa vie avant M., sa rencontre avec M., sa vie avec M. Et puis aussi sa vie après M., dont les six jours de "vagabondage" avec le cadavre de son homme : six jours pendant lesquels elle défie la mort en se voilant la face, en ne voulant pas accepter la réalité.

Je cherche en vain ce qui ne m'a pas plu dans ce roman. Je n'ai, en fait, aucun reproche à lui faire, et c'est ce qui me met mal à l'aise puisque je n'arrive pas à mettre la main sur l'élément qui m'a empêchée de m'embarquer totalement. Parce que oui j'ai aimé, mais pas plus que ça finalement.

L'autrice nous livre un personnage à la psychologie fouillée et une "épopée" certes morbide mais qui ne manque pas d'intérêt. Les lieux sont à peine décrits, on sait juste que ça se passe à la montagne, mais on n'a pas besoin d'en savoir plus, et étonnamment ça ne m'a pas manqué, moi qui apprécie d'habitude des décors bien implantés.

C'est très bien écrit, l'autrice a une joli plume, comme j'avais pu le remarquer avec ses deux livres précédents. Elle est peut-être moins mordante, moins incisive ici, plus doucereuse. Serait-ce là mon problème : m'a-t-elle tapée moins fort ? M'attendais-je à prendre plus de coups ? Sans doute... peut-être...

Enfin voilà, j'ai aimé. J'ai aimé le personnage principal dans son introspection (même si les lettres sont adressées à la femme légitime). J'ai aimé la narration à la première personne, les chapitres courts et les retours en arrière, rendant la lecture dynamique et rapide. Mais il m'a manqué un petit quelque chose, une petite étincelle qui ne m'aura pas permis d'être totalement emportée par l'histoire de S., pour qui je n'ai pas vraiment eu d'empathie.
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Ce court roman ne manque pas d'originalité dans son scénario, même si les douleurs du deuil, de la séparation sont vécues souvent différemment selon les personnes.

Ici, c'est l'amante qui perd l'homme qu'elle aime, accidentellement. Alors que l'épouse ignore les faits, elle choisit de lui écrire, exposant ainsi sa peine, son désarroi, mais aussi son inconséquence dans le choix qu'elle fait de garder le corps auprès d'elle dans la montagne où elle voudrait finalement l'inhumer.

A-t-elle besoin de raconter sa vie au-delà de sa détresse du moment, de lui décrire ses amours, ses orgasmes, ses ruptures? La veuve n'a sûrement que faire de cet étalage malsain dont la narratrice semble inconsciente, perdue dans sa douleur qu'elle ne comprend pas qu'elle pourrait peut-être partager autrement.

Malgré cela, son road-movie cadavérique, bien qu'invraisemblable -- mais n'est-ce pas le rôle du roman de toucher à l'irréel à travers pourtant ce que certains appellent improprement les choses de la vie, -- présente un certain intérêt, son dénouement est assez réussi.

Il manque cependant à mon goût du style, d'autant que l'histoire se déroule dans le décor si riche de la montagne, d'un lac, d'une rivière, l'ensemble offrant des possibilités multiples pour étoffer un récit où les émotions ne m'ont pas paru transmises au lecteur.

Le titre est bien choisi, cependant le livre ne suscite pas l'envie de rester avec l'héroïne plus longtemps que les trois journées que dure son délire.
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Allez Reste, reste encore un peu
Toi et moi, devenir vieux
Allez reste, reste encore un peu,
Toi et moi faire au mieux …
S. aurait pu chanter cette chanson de Vianney et Boulevard des Airs à M. pendant sa folle virée.
Amants de longue date, M. et S. effectuent régulièrement des escapades dans un chalet en pleine montagne, idéalement situé au bord d'un petit lac.
Lorsque M se noie un matin pour une raison inconnue dans le fameux lac, S. disjoncte complètement. Elle décide d'abord d'aller repêcher son corps et de le ramener seule, à la force de ses petits bras, dans la chambre du chalet.
Pas prête à accepter la fatalité, S. décide de garder M. encore quelques jours avec elle et de balader le cadavre dans sa voiture en attendant de savoir quoi faire du corps.
Alors que j'avais adoré La vraie vie et Kérozène, j'ai bloqué sur le sujet au départ. Quelle mouche avait donc piqué Adeline Dieudonné pour partir dans une histoire à ce point sans queue ni tête ? pas pour moi cette fois !
Et puis L., ma bibliothécaire préférée m'a dit les yeux pétillants qu'elle avait beaucoup aimé cette lecture et que c'était une belle histoire d'amour. Voilà qui éveillait déjà ma curiosité et puis le coup décisif est venu de @Hundredreams avec sa chronique enthousiaste.
J'ai fini par me jeter dans l'eau du lac, et je ne l'ai pas regretté.
Quel plaisir de retrouver la plume acide et trash de l'auteure. Elle est sans complaisance pour S., la fille sexy en short tour à tour insupportable, attendrissante, égoïste ou débordant d'amour. J'ai beaucoup apprécié les très piquants passages relatifs à son vécu des nuits des jeunes parents, ainsi que les réflexions beaucoup plus sombres quant à l'acceptation parfois résignée par les femmes de la dominance et violence masculine.
Une histoire folle, une héroïne qui déraille, mais on monte dans le train fantôme avec facilité pour ne plus descendre en marche.
À vous de faire au mieux avec ce billet, et de voir si vous décidez de rester ou pas avec Adeline Dieudonné pendant cette lecture pas comme les autres.
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Elle s'est fait un nom dès la parution de son premier roman, La Vraie vie. Adeline Dieudonné confirme son talent avec ce troisième ouvrage, bien différent des deux précédents.

Le sujet est particulier, puisqu'il s'agit du road-novel d'une jeune femme dont le séjour clandestin avec son amant tourne au drame : l'amant décède brutalement. La douleur et la soudaineté de ce drame l'entraîne sur une voie dangereuse et macabre. Plutôt que de recourir à un appel à l'aide, elle embarque le cadavre dans sa voiture.
Chemin faisant, elle rédige deux lettres destinées à l'épouse légitime de l'homme avec lequel elle partageait depuis quelques temps des moments volés.

La douleur peut engendrer la folie, ce que démontre ce roman. Mais il ne s'agit pas uniquement de cela, on trouve dans les lettres l'expression d'un amour intense et inconditionnel. Et la volonté de faire durer le plus longtemps possible ce lien puissant, dont il ne reste que le contact de plus en plus difficile avec la dépouille inerte.

Loin d'être morbide, le roman se tient à ce fil fragile et dont on comprend que le temps viendra détruire cette tentative désespérée de figer les choses.

Avec une écriture toujours aussi percutante, Adeline Dieudonné m'a une troisième fois embarquée dans son univers romanesque original et abouti.

282 pages Iconoclaste 6 avril 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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M. est là, allongé près d'elle, il est mort d'une crise cardiaque. Dans ce chalet au bord du lac, où les deux amants venaient arracher quelques lambeaux de quotidien à la clandestinité de leur relation, elle écrit des lettres à l'épouse de M.
La narratrice raconte ses six jours de folie, de délire post-traumatique où elle a veillé le corps de son amant.

Adeline Dieudonné nous livre un roman très original, une situation improbable, porté par une écriture simple, très réaliste, parfois glaçante. Je dois reconnaître que j'ai été déstabilisé par ce récit qui s'apparente à un long monologue d'une femme qui fait le bilan de sa vie, de ses échecs, des hommes qu'elle a rencontrés, d'un viol qu'elle a subi, son choix d'une liaison avec un homme marié parce qu'il lui laisse l'espace nécessaire à son émancipation. Même si le sujet peut surprendre, j'ai retrouvé toute la force de la plume d'Adeline Dieudonné qui m'avait tant saisi dans son premier roman « La vraie vie ».

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Ce livre, je n'étais pas vraiment sûre de vouloir le lire, je le pensais éloigné de mes goûts littéraires. Pourquoi ? Parce que je n'aime pas trop les romans d'amour.
J'avais également peur du thème sur le décès de l'être aimé. Mais Magali (@Ladybirdy) a su me convaincre et puis, j'avais vraiment aimé un des romans précédents de l'autrice, « La vraie vie ». Je me souviens du malaise que j'avais ressenti. Il en faut du talent pour faire ressentir de telles sensations !

Ce roman-ci aussi, dans une certaine mesure, m'a troublée, dérangée, mais aussi emportée à l'autre bout du monde par la force émotionnelle du récit.

*
Le jour se lève. La lumière de l'aube dessine, sur un paysage lacustre de haute montagne, un sentiment de solitude, de vide, d'isolement.
De la couverture, du titre « Reste », retentit en moi un cri silencieux qui rebondit sur les parois de la montagne et se perd, se noie sur la surface bleutée et froide du lac. C'est ce ma première impression au moment de débuter ce récit.

La narratrice passe quelques jours privilégiés avec son amant M dans un chalet au bord d'un magnifique lac de montagne. C'est le matin, elle se lève tranquillement, le corps encore engourdi de sommeil et d'amour. M est parti nager, comme chaque matin.

« J'avance seule dans le brouillard
C'est décidé ça y est, je pars
Je m'en vais
À l'autre bout du monde »

Son regard se pose sur le lac, froid, bleu acier, sans aucune ridule pour l'apercevoir en train de nager. Elle remarque alors une forme inhabituelle à fleur d'eau, inerte, sombre. Elle met quelques instants à réaliser l'impensable.
M est mort.

« J'arrive sur les berges d'une rivière
Une voix m'appelle puis se perd
C'est ta voix
À l'autre bout du monde »

C'est un choc, un électrochoc. Quelque chose se brise en elle. Elle se sent seule, perdue, personne pour lui venir en aide, la soutenir, lui dire quoi faire. Et puis, elle ne veut pas que des inconnus le touchent, s'occupent de lui, le lui prennent, l'emportent loin d'elle. Elle ne peut se résoudre à être dépossédée de sa présence, de sa mort. Elle ne veut pas rendre le corps à la famille, pas tout de suite.

« Ta voix qui me dit mon trésor
Tout ce temps, je n'étais pas mort
Je vivais
À l'autre bout du monde »

Elle a besoin de temps pour accepter son décès, lui dire au revoir, le laisser partir, faire son deuil. Alors elle le sort de l'eau, le rentre dans la maison et elle décide de le garder pour elle quelques heures.
Quelques jours…

« Sur la rivière il pleut de l'or
Entre mes bras je serre ton corps
Tu es là
À l'autre bout du monde »

Mais elle ne veut pas que son épouse s'inquiète de ne pas le voir rentrer, alors elle lui écrit une lettre pour l'informer de son décès. Parfois, j'ai eu l'impression que l'épouse s'effaçait, et que la narratrice me parlait de sa vie, de sa relation avec les autres, avec M.
Au départ, j'ai été glacée par ce récit sous la forme d'un long monologue : il m'a paru froid et distant comme le bleu minéral de ce lac. Et puis, j'ai perçu petit à petit, combien les apparences étaient trompeuses. C'est au contraire une lettre qui se veut douce et aimante, une lettre pour dire combien M lui était précieux.

Et en écrivant, son esprit s'égare sur les rives du temps, remonte le cours de son histoire.

« M. m'avait appris à prendre ma place, à prendre forme. Avant lui j'étais une matière molle, presque liquide, qui s'ajustait aux nécessités de l'autre.
En m'interrogeant continuellement sur mes besoins, il m'avait appris à m'y intéresser, à les autoriser. À m'autoriser. Il me laissait de l'espace sans laisser de vide. Je me suis solidifiée à son contact, un noyau s'est formé au centre de la matière molle. »

Sa réaction m'a paru étrange, décalée, je me suis demandée si elle n'était pas partie dans un autre monde, un espace intérieur qui se libèrerait d'une trop grande souffrance, d'un trop grand vide.
M est présent dans chaque mot, dans chaque respiration, on ressent de plein fouet cet amour qui déborde de chaque ligne du texte.

« Je te rejoins quand je m'endors
Mais je veux te revoir encore
Où est-il
L'autre bout du monde »

*
L'autrice a écrit ce roman en écoutant de la musique. J'ai ressenti un rythme, une musicalité des mots qui m'ont enveloppée et accompagnée tout du long.
Parmi les titres que l'on trouve à la fin du livre, se trouve un titre qui a ma préférence, c'est « A l'autre bout du monde » d'Emilie Loizeau. Les paroles de cette chanson ont résonné dans ma tête tout du long de ce récit, mélange de rêves et d'espoir, de souvenirs et de tristesse, de solitude et de douleur.

Le texte est très beau et prévenant, introspectif et profond, d'une justesse incroyable, sans pathos ni larmes. Certains passages sont difficiles à lire, mais magnifiques par l'entièreté de cet amour. Des mots reviennent, silence, mensonge. Et avec ce silence, une impression de claustrophobie, d'étouffement.
Alors bien sûr, dans ce roman, il va être question du temps qui passe et des souvenirs, de la fragilité de l'amour, de l'acceptation de la mort et du deuil.

J'ai aimé le ton qui s'affranchit des normes et des contraintes sociales, de la bienséance, du politiquement correct. Adeline Dieudonné n'a pas son pareil pour parler en toute franchise de la réalité des femmes, des mères et des épouses. Ainsi, elle aborde également la place des femmes dans la société et les relations entre hommes et femmes.

*
Pour conclure, « Reste » est un roman épistolaire parfaitement maîtrisé, un livre sensible et marquant qu'il est difficile de lâcher. Je l'ai lu quasiment d'une traite, me retrouvant littéralement en apnée, impatiente de découvrir comment l'autrice allait conclure ce récit.
Une belle surprise qui m'a poussée à lire à la suite « Kérozène ».
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Un roman particulier.
Ils sont amants, passent quelques jours près d'un lac, il va nager et il meurt...
Et là, impossible pour elle de laisser partir l'être aimé ; elle va s'occuper de lui, le laver, l'habiller, le caresser, l'embrasser et balader son cadavre.
Nous suivons les pensées de cette femme, sa folie, son acte insensé, un peu au bord de la nausée et puis, on commence, si ce n'est à comprendre, à faire preuve d'empathie pour sa douleur, sa solitude et ses cicatrices.
Les chapitres courts et l'écriture ciselée m'ont permis de suivre pas à pas ces 6 jours d'errance.
Oui, un roman particulier, un peu gênant mais n'est ce pas ça aussi la littérature, nous faire sortir de notre zone de confort ?
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J'ai accompagné durant mes quelques heures de lecture la narratrice de ce roman phénoménal, en apparence très glauque, mais si on descend échelon par échelon, on y trouve une histoire d'amour pleine de vérité.

La narratrice est l'amoureuse et maitresse de M. depuis 8 ans, alors que lui est marié. Ils vivent un amour fou, et sont parvenus à grapiller quelques jours de vacances au bord d'un lac de montagne. Ces quelques jours se terminent mal, très mal : M meurt. La narratrice ne veut pas s'en séparer, elle veut vivre les premiers jours de deuil totalement en union avec lui… Elle écrit une lettre à sa femme pour lui expliquer les circonstances et son état d'esprit.

Quel roman ! Quelle ambiance ! D'ailleurs, la play list qu'Adeline Dieudonné fournit à la fin reflète exactement l'atmosphère de douceur et de tristesse qui émane de ces pages.
La difficulté du présent se mêle aux souvenirs du passé amoureux de la narratrice qui a vécu deux histoires avec des hommes trop pleins de testostérone pour lui permettre d'exister.
Et donc la comparaison avec M. ne peut qu'être à son avantage, d'où son immense, immense chagrin.

J'ai adoré. Adeline Dieudonné est une auteure qui sait se renouveler dans l'originalité. Atypique, elle me surprend à chaque roman. Ici, elle s'est coulée à la perfection dans l'identité d'une femme amoureuse et désespérée. Magnifique ! Quelle compréhension du deuil !

Alors, Adeline, permets-moi de te tutoyer et te dire ceci : « Reste. Reste dans le monde des lettres et continue à nous étonner ».
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