Citations sur Fais-le pour maman (52)
Papa et moi nous nous regardons et échangeons un regard complice. J’aimerais pouvoir fixer cet instant-là pour le ressortir de mon esprit à volonté, le revivre quand bon me semble, aussi souvent que possible.
« Paroles de liberté »… La vache, ils y vont fort. Pour ceux qui, comme elle, débutent dans le strip-tease du « moi », ça peut faire flipper, pense aussitôt Claire. Flipper ou rire.
Elle lit pour oublier, elle s’abreuve de mots et d’histoires pour s'évader de cet exil forcé…
Sébastien a regardé pendant de longues secondes à travers la grande baie vitrée qui s'ouvre sur un parc, derrière le bureau de Claire Abecassis. Il a vu les branches d'un grand cèdre s'agiter sous les assauts d'un vent de plus en plus violent, il a vu le ciel s'obscurcir pour devenir cette masse sombre et pesante où de lourds nuages noirs se sont regroupés peu à peu comme de grands pachydermes le feraient autour d'un lac. Les premières gouttes de pluie sont lourdes comme des pierres et claquent comme autant de coups de feu sur la large vitre, arrachant Sébastien à son état de contemplation silencieuse.
Elle le sait, qu'elle doit aller voir un psy, tout le monde le lui dit, le lui répète à l'envi. Son père, sa mère, ses frères et ses soeurs... Et pour le marteau, elle l'à déjà et c'est dans sa tête qu'il frappe avec enthousiasme. (p62)
Pour les autres élèves, je suis une orpheline. Je n'ai plus de maman, c'est comme ça. Cela me donne un statut assez particulier, une sorte d'aura faite de crainte, de respect et de mystère. Parce que bien sûr, pour eux, le fait que j'arrive encore à vivre, à rire, à respirer, alors même que je n'ai plus de mère, reste une énigme.
(p. 165)
ce que j'entends, ce sont les échos déchirants des sanglots d'un homme. Ce que j'entends, c'est toute la détresse et la peur de celui que j'aime le plus au monde. Ce que j'entends, glacée et immobile, c'est l'abîme de désespoir qui dévore mon père.
Qui donc était cette femme pour venir tenter de remplacer ma mère ? Nous n'avions besoin de personne pour continuer à porter notre chagrin et surtout pas d'une parfaite inconnue. Nous n'avions plus que notre père, donc mathématiquement deux fois moins de parents que les autres enfants, ce n'était pas en plus pour le diviser encore en deux et le partager avec une autre. Pour moi, le plus grand diviseur de l'amour paternel s'était arrêté à deux depuis la mort de maman, pas de place pour un autre multiple.
Il pense alors avec stupeur que, la dernière fois qu'il s'est approché de cette manière de la porte de la cuisine, il a été terrassé par l'horreur. Et les images reviennent alors avec force, comme des vagues qui le submergent... Le sang, le couteau... Le seul moyen pour arrêter ça, il le sait, c'est d'ouvrir cette porte, tout de suite. Alors il entre dans la cuisine en poussant un cri afin de chasser ses souvenirs, et plus certainement ses peurs.
Les premiers jours elle a lu pendant des heures et des heures, restant allongée sur le canapé et ne sortant de l'appartement que pour aller manger trop vite une nourriture sans intérêt, par simple nécessité biologique. Elle lit pour oublier, elle s'abreuve de mots et d'histoires pour s'évader de cet exil forcé...