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Citations sur Pèlerinage à Tinker Creek (19)

Surgie du ciel qui s'assombrissait, une petite tâche apparut, puis une autre, et encore une autre. C'étaient les étourneaux qui regagnaient leurs dortoirs. Ils se rassemblaient dans les profondeurs du ciel, chaque vol passant dans l'autre comme à travers un crible, et ils dérivaient vers moi en spires transparentes, pareils, à des volutes de fumée.
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La première semaine de Janvier n'a pas encore pris fin, et j'ai dans la tête des projets grandioses. Je n'ai pas cessé de penser à l'idée de voir. Il y a des tas de choses à voir, des cadeaux sans emballage, et des surprises gratuites. Le monde est généreusement clouté, parsemé de petites pièces lancées de tous côtés d'une main généreuse. (...) Mais si l'on cultive une saine pauvreté, une robuste simplicité, de sorte que trouver un sou fasse littéralement le bonheur du jour, alors, puisque le monde est, de fait, semé de sous, avec votre pauvreté, vous venez de vous offrir toute une vie de journées de bonheur. C'est aussi simple que cela. On n'a que ce qu'on voit.
(...) Maintenant, ce sont les oiseaux que je vois.
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Les montagnes sont gigantesques, paisibles, elles vous absorbent. Il arrive que l'esprit s'exalte et s'installe au coeur d'une montagne, et la montagne le retient lové dans ses plis, sans le rejeter comme le font certaines rivières. Les rivières, voilà le monde dans ce qu'il a d'excitant, le monde dans toute sa beauté; moi, c'est là que je vis. Mais les montagnes, c'est là que j'habite.
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Mais il existe une autre manière de voir qui implique qu'il faille s'abandonner. Quand je vois de cette manière-là, je vacille, transpercée, vidée de toute substance.
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Les brèches, voilà l'important. Oui, ces brèches sont bien les seules demeures de l'esprit (...) Ces brèches sont sont les fentes des rochers où l'on s'accroupit pour voir le dos de Dieu (...) Hisse-toi jusqu'à ces brèches et glisse-toi dedans. Si tu arrives à les trouver, car elles aussi sont mouvantes et fugaces. Traque-les ces brèches. Rentre ta clé grinçante dans une fissure du sol, tourne-la, et tu découvriras - plus encore qu'un érable - un univers tout entier.
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D'une manière ou d'une autre, il est difficile d'apercevoir les poissons. J'ai beau passer le plus clair de l'été à traquer les rats musqués, je crois que ce sont surtout les poissons qui cristallisent la qualité de ma vie près de la rivière, et cela à cause de leur mystère même, cette facilité avec laquelle ils se dissimulent. Des poissons qui fraient en troupes serrées, un banc de poissons, cela fait trop, c'est horrible ; en revanche, je me détournerai de mon trajet si j'espère apercevoir trois ouïes-bleues immobiles, ensorcelées au fond d'un trou, ou montant vers des bulles ou des pétales flottés.
Il suffit de décider qu'on va essayer de voir des poissons pour que cela devienne quasiment impossible.
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Cette créature, disais-je donc, je l'ai payée vingt-cinq cents. Je n'avais jamais acheté d'animal auparavant. Ca s'est passé très simplement ; je suis allée dans une boutique de Ronaoke qui s'appelle "Au Chouchou Aqueux" ; j'ai tendu ma pièce au monsieur, et lui, m'a tendu un sac en plastique fermé par un noeud, tout gonflé d'eau, dans lequel flottait une plante verte, et nageait le poisson rouge. Ce poisson, qui ne vaut pas quatre sous, possède un intestin avec ses anses, une épine dorsale d'où rayonnent de fines arêtes, et un cerveau. Juste avant de saupoudrer ses flocons dans son bocal, je donne trois petits coups secs sur le rebord du col; maintenant, il s'est conditionné, et il monte à la surface quand il m'entend frapper. Il est de plus nanti d'un coeur.
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De longues grappes de fleurs blanches pendaient des caroubiers. L'été dernier, on m'a raconté une légende Cherokee, qui parle des caroubiers et de la lune. La déesse de la lune commence avec une grosse boule, la pleine lune, qu'elle balance avec force en plein ciel. Toute la journée se passe à la récupérer ; alors, elle en rogne un copeau et, de nouveau, elle la lance, la récupère, puis en rogne un autre morceau, la relance, et ainsi de suite. Elle consomme une lune par mois, et ça dure toute l'année. Et puis, comme le raconte le géologue du Parc National, Bill Wellman, "quand c'est qu'le printemps arrive, elle en a jusqu'aux genoux, des rognures de lune", alors, elle part à la recherche de son arbre favori, le caroubier, et elle suspend les minces copeaux de lune à ses branches. Et moi, je les avais là sous les yeux, les fleurs de caroubiers, rassemblés en pâles croissants.
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Aujourd'hui encore, certains scientifiques réputés ne sont pas parfaitement convaincus que le chant des oiseaux correspond strictement à une revendication territoriale et rien d'autre. La question est d'importance. Nous sommes sur terre depuis tant d'années, et nous ne savons toujours pas au juste pourquoi les oiseaux chantent.
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Quand nous perdons notre innocence - quand nous commençons à sentir l'atmosphère peser sur nous, quand nous apprenons que la mort fait partie du lot - nous prenons congé de nos sens. Seuls les enfants sont capables d'entendre chanter le mâle de la souris domestique. Seuls les enfants gardent le yeux ouverts. Tout ce qu'ils possèdent, et ce n'est pas rien, ce sont leur sens ; ils disposent de "systèmes de saisie" particulièrement développés qui acceptent toutes les données sans discrimination. Matt Spireng a récolté des milliers de pointes de flèches et de lances ; si vous voulez absolument trouver des pointes de flèches, dit-il, il faut vous promenez avec un enfant - un enfant, ça ramasse tout, absolument tout. Durant mon existence d'adulte, j'ai eu envie d'observer l'étui maçonné d'une larve de phrygane. Il m'a fallu Sally Moore, la petite fille d'un couple d'amis, pour en découvrir une sur le fond caillouteux d'une rivière peu profonde au bord de laquelle nous étions assises toutes les deux. "Qu'est-ce que c'est que ça?" demanda-t-elle. ça et je donnais la seule réponse qui me vint à l'esprit lorsque je reconnus le trophée qu'elle tenait dans la main, ça, ma petite, c'est un memento mori pour les gens qui lisent trop.
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