Citations sur 16 ans et des poussières (18)
"pas question que je t'entretienne jusqu’à 25 ans"
Ici, dans la cité, chacun crie pour ce faire entendre. Les voisins, la télé, les chiens de garde enfermées... Surtout maman
J'aimerais à cet instant prendre mon cœur à bout de bras et le lui jeter au visage, sanglant, palpitant. L'obliger à me voir pour de vrai, la forcer à comprendre que j'existe, que je suis de la même chair qu'elle - vivante, sa fille, sa vie -, que quoi qu'elle fasse et dise je l'aimerai quand même, je l'aimerai. Avec toute ma haine aussi. Et ma blessure qu'elle entretient ouverte, à vif. Mais je ne peux pas. C'est au-dessus de mes forces.
Les gens ne voient rien, ils ne lèvent pas les yeux vers le ciel, car ils les font plutôt glisser vers leurs chaussures et le trottoir.
- La bibliothèque, ou la médiathèque, est là pour subvenir à tous, riches et pauvres. C'est le plus démocratique des lieux culturels. J'approuve que tu le fréquentes, que tu empruntes des livres et que tu découvres les musiques du monde, le rap, le slam, les textes d'Abd al Malik... bref, tout ce qui te plaît, Shayna. Simplement, j'espère que peu à peu tu cesseras de dérober ce qui t'appartient déjà, à savoir ces CD de la bibliothèque. C'est un bien public, notre bien à tous.
Lorsque j'arrive dans la rue, essoufflée, anéantie, ils ne m'ont pas rattrapée. Je crois entendre les sirènes de la police approcher, je décampe vers mon immeuble en pensant à Enzo. J'ai un goût sale dans la bouche. Et je cours, les mains sur les yeux. La lumière, trop forte, les grignote peu à peu, et je me rends compte maintenant que je n'arrive plus à fixer la mer. Elle est quelque part derrière mes paupières, et je sais que, si je la regarde encore, elle va me dévorer les yeux. [page68]
Ce matin, 8 juillet, première bonne nouvelle, depuis longtemps, je suis partie chercher les résultats du BEPC... Que j'ai réussi haut la main! maintenant je me sens mieux, c'est important pour moi: mon premier examen dans la poche devient une raison de plus pour continuer en seconde. Il va falloir que je tente le coup, que je décide ma mère. [page 23]
Hier, en bas de l'immeuble, un chien noir s'est fait écraser. Le museau caché sous les pattes, il est mort au milieu des poubelles.
Depuis, personne n'a pensé à l'enlever ou à le pleurer, car celui qui pleure n'est pas d'ici. [page9]
La lumière de l'été, forte, mange les murs et les ombres minuscules qui s'y réfugient. Elle absorbe la colère qui navigue dans mes yeux quand je pense à ma mère. Et j'y pense souvent. C'est ma mère, elle rime avec colère.
La bibliothèque, ou la médiathèque, est là pour subvenir à tous, riches et pauvres. C’est le plus démocratique des lieux culturels