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4,14

sur 1241 notes
Splendide roman que ce Désorientale de Négar Djavadi. L'auteure est née en Iran en 1969, de parents opposants au régime du Shah puis à celui de Khomeiny, et elle a fui son pays avec sa famille pour échapper à la répression et aux exécutions. Son histoire a dû fortement imprégner son récit, et les événements et changements politiques qu'elle évoque ont bien eu lieu, au point que l'on se demande à plusieurs reprises quelle est la part de fiction et de réalité dans ce qu'elle raconte. Est-ce que ce Darius Sadr, le père de la narratrice, a réellement existé ? Est-ce que ce livre écrit par Sara, sa mère, se trouve dans une bibliothèque ? Kimiâ, la narratrice, alterne le récit entre le présent d'une salle d'attente dans un centre de procréation médicalement assistée, et le passé en Iran, avec ses traditions familiales et l'histoire de ses ancêtres. On est tour à tour en Europe (France, Belgique, Pays-Bas…) au gré des pérégrinations d'une Kimiâ adolescente puis jeune adulte qui se cherche, et en Iran, sur les traces d'une famille iranienne haute en couleurs. J'ai adoré ce roman, du début jusqu'à la fin.
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Très beau roman sur la recherche de soi au travers le personnage de Kimîa, la narratrice. Elle nous raconte sa famille, son histoire, les révolutions en Iran, celle du Shah, celle Khomeini, ses parents en guerre contre ces régimes, la fuite, l'exil, la violence, sa vie après l'exil, en France, en Angleterre,en Belgique... Comment se retrouver avec cette histoire, comment se construire....?
C'est une belle fresque familiale, qui parcourt l'Histoire en même temps que l'histoire personnelle de Kimîa. Les sauts temporels et les temps actuel se mélangent et expliquent au fur et à mesure.
J'ai vraiment aimé le style, l'histoire et la narration. Je recommande vraiment ce livre, un plaisir de lecture!
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Un véritable coup de coeur, j'ai dévoré ce roman qui contient pour moi tous les ingrédients de la fresque familiale et historique de qualité, de celle qu'on n'oublie pas.
La construction de l'histoire ménage un suspense avec des aller-retour entre le passé, le présent et la mention d'un EVENEMENT dont on sent qu'il est fondateur (il faudra attendre le dénouement ou presque pour savoir de quoi il s'agit). Kimiâ se trouve dans la salle d'attente d'un service de procréation médicalement assistée. Elle est assaillie par les souvenirs et profite de ce moment pour se remémorer l'histoire familiale, de la naissance de sa grand-mère Nour dans un harem, au départ clandestin d'Iran, via la Turquie pour arriver en France.
Les parents de Kimiâ, Darius et Sara, sont très engagés dans la vie politique iranienne, ils militent sans relâche contre la dictature du Shah et voient sa destitution comme une chance pour leur pays, jusqu'à l'arrivée de Khomeiny. L'enfance de la fillette et de ses deux soeurs est rythmée par l'activisme militant de ses parents et par l'omniprésence d'une famille haute en couleurs – les 5 oncles paternels représentant chacun des symboles d'un Orient mythique.
Désorientale, c'est l'histoire tragique d'un Iran qui passe d'un obscurantisme à un autre, d'un pays qui est le théâtre d'enjeux internationaux, dont les pays européens se partagent les richesses au mépris de toute justice politique, sociale. Je connaissais très vaguement les dessous de l'arrivée de Khomeiny – j'ignorais qu'il avait été accueilli en France avant de prendre les rênes du pouvoir. J'avais 13 ou 14 ans à l'époque et écoutais en boucle l'album de Trust (Répression) dans lequel se trouve le titre Monsieur comédie qui relate cet épisode. C'est mon seul souvenir de l'événement dont je ne comprenais pas alors vraiment les répercussions pour le peuple iranien.
Désorientale, c'est aussi le récit d'une construction identitaire rendue difficile par l'exil mais pas seulement. L'auteur décrit finement comment Kimiâ, dès sa naissance, peine à se reconnaître en tant que fille. Elle évoque différentes explications qui se conjuguent pour que notre narratrice éprouve un mal-être qu'elle traînera jusqu'à l'âge adulte. de fait, au fil des pages, se développe une empathie, une réelle tendresse pour l'héroïne, traversée par de multiples influences dont elle cherche à se défaire et qui pourtant participent à la construire.
La qualité du roman tient aux différentes émotions qu'il génère : on passe du sourire à la tristesse, on compatit, on accompagne les tribulations de la famille en s'inquiétant parfois de ce qu'il peut advenir comme drame. On approche aussi la culture perse, ses traditions, l'histoire politique complexe du pays. Enfin, le style a de l'envergure, du souffle, il nous embarque complètement.
A lire sans modération !
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Coup de coeur absolu pour ce livre dont on ne peut se détacher !
Roman exceptionnellement ambivalent, ce qui donne au récit une richesse incroyable, attention une avalanche de « tantôt » dans cette critique, juste pour montrer à quel point l'histoire est nourrie par ces multiples aller retours entre Iran et France, tradition et modernité, enfance et vie adulte, passé et présent…

C'est presque une saga familiale qui est racontée par Kîmia, qui se déroule tantôt en Iran au sein d'une grande famille tantôt traditionnelle avec des ancêtres et une histoire familiale profondément ancrée dans une vie orientale solide, tantôt révolutionnaire car portée par le couple moderne et libre que forme les parents de Kîmia, tantôt en France après leur immigration afin de protéger le père des réels risques d'assassinat pour avoir défier le pouvoir en place. Et puis tantôt l'histoire se déroule dans un présent immédiat, avec une Kîmia adulte qui se retrouve dans un centre médical dans la peau d'une bluffeuse professionnelle, tantôt durant les années de son enfance, jalonnée par les crises et déménagements en lien avec les activités de son père.
Forte d'une histoire et d'une famille singulière, Kîmia raconte toute cette vie balancée sans relâche entre deux pôles, ponctuée par des événements historiques Iraniens réels qui ont profondément marqués la narratrice. Car aussi moderne et soudée que soit cette famille, Kîmia ne se sent pas à sa place, peine à se trouver, à savoir qui elle est, ce à quoi elle aspire, ce qu'elle veut devenir…Tout cela afin de nous faire comprendre pourquoi et comment elle se retrouve là, dans ce centre médical pour un projet de PMA avec un homme dont elle ne semble pas être proche, ni connaître réellement… Alors pour savoir qui est Kîmia, il faut nécessairement reprendre son histoire, trois générations avant elle, en passant par les années rock et débauche de la jeunesse de Kîmia dans les grandes villes d'Europe, jusqu'à aujourd'hui.

Ce récit parle de la douleur que peut occasionner l'appartenance à deux cultures diamétralement opposées, de vivre deux vies dans une, et de cette impossible balance à régler pour n'en oublier ou léser aucune. Or dans la vie, c'est difficile, et l'auteure exprime très bien cela lorsqu'elle dit que pour s'intégrer à une culture, à un pays, c'est forcément devoir se désintégrer, au moins en partie, de celle incorporée depuis la naissance. de ce dilemme d'accepter cette double identité, de cette recherche de soi, qui aboutit ensuite au constat qu'une identité nous est propre, mais qu'elle nous est rarement révélée sans épreuves qui rythment ce long chemin pour se (re)trouver.
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Rebelle, Désorientée autant que Desorientale, Kimia nous raconte son pays perdu l'Iran au travers du prisme de sa famille sur les générations du Shah, de Khomeini, de l'islamisation. L'histoire de sa famille ou plutôt celles des femmes de la famille car ce sont elles qui dominent dans ses souvenirs malgré la présence tutélaire de Darius, le père qui plane au dessous de tous.
Une écriture rapide, très imagée et très percutante nous rend ce récit-roman passionnant. Elle semble écrire comme l'on parle, avec autant de facilité.
Avec l'univers de la musique rock, elle semble avoir trouvé sa paix et sa voie mais elle peut ajouter la Littérature car j'espère qu'elle poursuivra, peut-être pour nous raconter son futur enfin apaisé.
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J'attendais beaucoup, trop sans doute, de ce roman de l'exil, un thème que j'affectionne, mais qui forcément peut amener nombre d'attentes, et donc de déceptions. La narration du roman, sous forme de poupées russes, et qui demande une attention assez soutenue, est plutôt sympathique, mais trop de jeu sur l'anticipation, une manière de faire annoncer de nombreuses fois par la narratrice qu'elle ne peut pas parler tout de suite de tel ou tel péripétie de son enfance, qu'elle parlera bientôt de l'EVENEMENT, oui, écrit de cet manière, j'avoue que ça m'a essentiellement agacée. J'ai traîné dix jours sur moins de 350 pages, ce qui n'est tout de même pas très bon signe.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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J'ai récemment appris que le mot « paradis » venait du persan. Il signifie : « jardin enclos »... Ah la Perse..., l'Iran... Quelle culture! Quelle Histoire fascinante! Je le reconnais ma recension est assez partiale dans la mesure où j'ai beaucoup d'intérêt pour la littérature iranienne et Negar Djavadi ne m'a pas déçue!

Désorientale est un roman dont l'intrigue n'est pas sans rappeler l'histoire personnelle de son auteure qui a dû fuir l'Iran avec sa famille pour des raisons politiques. Il ne s'agit pas pour autant d'une autobiographie car Kimia - le personnage principal du roman - n'est pas née la même année qu'elle.

En effet, au début du roman on retrouve Kimia dans la salle d'attente d'un cabinet de gynécologie où elle souhaite faire une PMA. L'attente est propice à une rétrospective sur l'histoire de sa famille et plus largement de la Perse de la dynastie Qadjar - en passant par les Pahlavi qui changeront le nom du pays - jusqu'à la révolution islamique promue par celui qui était considéré comme le Mahdi, à savoir Ruhollah Khomeyni. Petite histoire familiale et grande Histoire du pays sont ainsi intimement liées. La trame historique est solide et le lecteur ne se perd pas dans les détails et les différents membres de la famille de Kimia (un glossaire en fin de livre permettant de situer les personnages).

L'ouvrage aborde à la fois les questions de l'identité culturelle et de l'identité sexuelle :

-Comment s'intégrer en France lorsque les gens ont une représentation mystifiée de votre pays?
-Comment se « desorientaliser » lorsque votre accent chantant ne cesse pas de rappeler que vous venez d'ailleurs? ...
-Enfin, comment faire face à son homosexualité lorsque l'on vient d'un pays où celle-ci est considérée comme un véritable tabou ?


Negar Djavadi parvient avec brio à traiter à la fois de sujets historiques (révolution islamique en Iran, fuite des opposants politiques) mais aussi de questions sociales très contemporaines(PMA...)
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Remarquable ! Éblouissant ! Je vous met au défi de lire ce roman sans ressentir une profonde émotion.
L'histoire commence dans la salle d'attente de l'hôpital Cochin, au service de Procréation Médicale Assistée.
On comprendra au fur et à mesure que l'auteure avance dans son récit pourquoi tout prend racine en ce lieu.
Kimiâ, l'héroïne, patiente en attendant son tour. Et son esprit s'échappe. Dans cette salle d'attente remontent les souvenirs de la famille Sadr sur quatre générations. Elle nous conte une petite histoire dans la Grande Histoire iranienne. En s'adressant directement au lecteur, Kimiâ nous aspire littéralement dans ses souvenirs. C'est un livre sur la mémoire....mais c'est également un livre sur l'intégration.
" [...] pour s'intégrer à une culture, il faut, je vous le certifie, se désintégrer d'abord, du moins partiellement, de la sienne. Se désunir, de désagréger, de dissocier. Tous ceux qui appellent les immigrés à faire des "efforts d'intégration" n'osent pas les regarder en face pour leur demander de commencer par faire ces nécessaires "efforts de désintégration". Ils exigent d'eux d'arriver en haut de la montagne sans passer par l'ascension."
Depuis son plus jeune âge, Kimiâ se sent différente de ces deux soeurs aînées. Plus proche de son père Darius et inexplicablement mal à l'aise avec sa mère Sara, elle va mettre du temps à comprendre pourquoi. Une quête d'identité personnelle sur fond d'exil...
Pour ce premier roman de Négar DJAVADI, on y trouve une très grande maîtrise d'écriture. Un roman aboutit.
A LIRE ABSOLUMENT !!!
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Très belle histoire que cette saga familiale iranienne contée avec talent qui nous conduit de la vie quotidienne en Iran avant et après la révolution islamique aux grandes avenues de Paris. Il y a incontestablement un joli style et le foisonnement de personnages, parmi lesquels il est quelquefois un peu difficile de se repérer (heureusement il y a un arbre généalogique) s'inscrit bien dans cet Orient multicolore, bruyant, plein de vie.
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« Tout ce que je sais c'est que ces pages ne seront pas linéaires. Raconter le présent exige que je remonte loin dans le passé, que je traverse les frontières, survole les montagnes et rejoigne ce lac immense qu'on appelle mer, guidée par le flux des images, des associations libres, des soubresauts organiques, les creux et les bosses sculptés dans mes souvenirs par le temps. Mais la vérité de la mémoire est singulière, n'est-ce pas ? La mémoire sélectionne, élimine, exagère, minimise, glorifie, dénigre. Elle façonne sa propre version des événements, livre sa propre réalité. Hétérogène, mais cohérente. Imparfaite, mais sincère. Quoi qu'il en soit, la mienne charrie tant d'histoires, de mensonges, de langues, d'illusions, de vies rythmées par des exils et des morts, des morts et des exils, que je ne sais trop comment en démêler les fils. » Négar Djavadi nous prévient d'emblée, son premier roman ne va pas ressembler à un long fleuve tranquille. Or, c'est justement ce parti pris de ne pas respecter la chronologie, de mêler la grande et la petite histoire et de faire resurgir les souvenirs de famille là où on ne les attend pas qui font tout le sel de ce livre grouillant d'anecdotes, vibrant de fortes déclarations et colorant les destinées des immigrants.
Kimiâ, la narratrice, commence par nous raconter pourquoi son père se refusait à prendre les escalators du métro parisien, nous promet qu'elle reviendra sur ce qui s'est passé le 11 mars 1994 dans le XIIIe arrondissement et retrouve le lecteur dans la salle d'attente de l'hôpital Cochin. Car elle doit avoir recours à une insémination artificielle. Bien entendu, elle peut combler son attente en tentant d'imaginer la raison pour laquelle les couples qu'elle croise se retrouvent là. Mais aussi nous expliquer son propre parcours. Remonter plusieurs générations en arrière et raconter l'Iran du Shah, les années de Révolution puis celles qui ont provoqué l'exil de la famille et la transformation qui s'en est suivie.
« Je suis devenue, comme sans doute tous ceux qui ont quitté leur pays, une autre. Un être qui s'est traduit dans d'autres codes culturels. D'abord pour survivre, puis pour dépasser la survie et se forger un avenir. »
Nous voici au coeur d'un film à grand spectacle avec ses panoramiques et ses gros plans : «Zoom avant sur le visage déformé du père. Observez bien ce qui se joue dans son regard bleu.» Puis quelques lignes plus loin : «quittons maintenant le champ – son regard bleu – pour nous tourner vers le contrechamp : les yeux de l'enfant. D'immenses yeux bleus remplis de larmes…» Toutes les techniques sont mises à profit, le soudain retour en arrière, la plongée et la contre-plongée, le travelling, comme lors de l'arrivée des passagers à l'aéroport de Paris en provenance de Turquie, ou encore le plan américain pour les scènes de dialogues. Grâce à Négar Djavadi, il n'y a presque pas d'effort à faire pour visualiser les scènes. le lecteur est littéralement plongé au coeur du récit, sur les pas des protagonistes et partage ainsi les émotions – fortes – des protagonistes.
Voici par exemple la scène de la naissance de Kimiâ, celle de l'irruption de l'armée au domicile familial, la mise à sac du logement et l'arrestation de ceux qui sont présents, ou encore le détail des activités clandestines et le combat des intellectuels contre toutes les dictatures. La seule chose qui a du mal à sortir du stylo de la romancière est cet épisode aussi dramatique que fondateur : «Puisque je parle des Nicolas II de la grand-tante, je pourrais raconter ici L'ÉVÉNEMENT, arrêter de la passer sous silence, comme Saddeq la découverte du corps de Mère. Et pourtant… Il te faut encore patienter cher lecteur, car, même si je vais essayer, je sais déjà que je n'y arriverai pas. Je n'y arrive jamais. »
Rassurez-vous, la patience du lecteur sera récompensée. Et bien d'autres surprises, y compris sur la grossesse espérée, viendront pimenter ce beau roman, dont le foisonnement n'a d'égal que le plaisir que l'on prend à s'y plonger.
Lien : https://collectiondelivres.w..
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