Ouvrage recommandé par une amie.
Une vraie déception !
Une colère, aussi.
Sur un sujet pourtant grave, et qui mériterait bien mieux que ça, l'autrice rate complètement son propos.
Sur la quatrième de couverture, on nous parle d'un "roman" qui serait "vrai", et déjà, l'ambiguïté s'installe : vrai roman, roman vrai ?
Puis on nous vend des "témoignages d'outre-tombe", de "voix authentiques", et là aussi, de quoi parle-t-on ?
Sûrement d'histoires vraies, peut-être un peu romancées, me suis-je dit.
Mais voici que l'éditeur nous confie ensuite, en une formule bien commode que "ici, la frontière entre la réalité et la fiction est aussi fine qu'un cheveu de femme" ... et, donc ?
Et donc, nous sommes bel et bien dans une fiction !
Alors pourquoi ne pas le dire franchement ?
Dès le début, et jusqu'au bout (et cela m'a demandé beaucoup d'aller jusqu'à la fin de ce livre, tant il est pénible à lire, tant dans la forme que dans le fond !), l'autrice nous mène en bateau.
En citant des nom, des lieux, des dates, en faisant parler ses personnages comme si elle les avait connus, fréquentés, elle a clairement l'intention de nous rouler.
Pour le lecteur, la lectrice, non averti(e), tout cela est véridique, et comme tout est fait pour choquer, tout cela est scandaleux.
Au-delà du supportable, même.
La volonté de choquer est manifeste.
Mais est-il bien honnête, ce procédé qui consiste à décrire des horreurs en les présentant comme des témoignages, alors que rien ne vient étayer leur réalité ?
Est-ce bien honnête d'employer un vocabulaire si brutal, si ordurier, pornographique, en somme, pour décrire une réalité qui est sans doute, et malheureusement, le quotidien de certaines femmes et filles en Iran ?
N'est-ce pas leur manquer de respect que de se repaître de la description détaillée de viols répétés, de plus sur des mineures ?
N'est-ce pas affaiblir le propos que de présenter ces destins brisés comme s'ils étaient le lot de l'ensemble des femmes et des filles en Iran ?
Les faits ne seraient-ils pas assez graves pour parler en eux-mêmes ?
A la dernière page, elle se met à table en nous confiant qu'elle n'a pas le coeur d'assigner un destin tragique à Soudabeh : c'est donc que tout n'était qu'invention, caprice d'écrivain(e) ?
Bien sûr, mais ... combien auront eu la force et la volonté d'aller au bout de ce livre ?
Combien l'auront refermé en croyant avoir lu un reportage, un livre-témoignage que l'autrice aurait rapporté de son vécu en Iran, de ses rencontres ?
Je n'aime pas qu'on me manipule, qu'on tente de me convaincre avec de la fausse monnaie.
Alors j'avoue avoir refermé ce livre avec la même amertume, ma même colère qui s'était emparées de moi en refermant "les particules alimentaires" de
Houellebecq, que j'avais à l'époque rebaptisées "les parties de cul alimentaires".
Même procédé : choquer pour vendre.
A ceci près que l'autrice n'a aucun style.
Vraiment.
Une platitude désolante : les mêmes scènes répétées encore et encore, dans un vocabulaire aussi pauvre que grossier.
Décidément, la cause des filles et des femmes en Iran méritait mieux que ça.