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Citations sur La sonate à Bridgetower (Sonata mulattica) (51)

Un moment gai, jovial et plein d'entrain, puis soudain en rage pour un propos innocent qui lui déplaisait ou qu'il jugeait inapproprié...avec des explosions de colère suivies aussitôt de remords qui le poussaient ensuite à écrire des lettres d'excuses, ainsi était Beethoven. George avait aussi constaté que contrairement aux musiciens de la génération de Haydn qui se considéraient comme les obligés des princes qui les employaient, Beethoven affichait son indépendance avec insolence.
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Né en Afrique au bord de la rivière Sokoto, il avait été kidnappé à l’âge de sept ans, après que son village eut été razzié et ses parents massacrés par des Noirs convertis à l’islam, séides des négriers arabes venus du nord. Ces Noirs islamisés étaient encore plus zélés que les Arabes dans leur traque des infidèles “impurs”, comme pour témoigner de leur allégeance envers leurs maîtres. Ils étaient arrivés la nuit dans le village de Soliman, l’avaient encerclé et, après avoir tué les veilleurs de nuit, ils avaient incendié les maisons et capturé les villageois qui, dans la panique causée par l’incendie, tentaient de s’échapper, sans pouvoir se défendre. Avec les habitants des villages environnants, les trafiquants capturèrent au total une centaine de personnes cette nuit-là.

À marche forcée, les femmes pieds entravés par des chaînes, les hommes maintenus en couple par une planche avec à chaque bout un licol leur emprisonnant le cou, les enfants enchaînés les uns aux autres, tous furent conduits par les chasseurs d’esclaves à Tombouctou où les attendaient les marchands. Ces Arabes arrivaient au grand marché d’esclaves avec des chevaux, du sel et des produits manufacturés. Ils repartaient avec les esclaves qu’ils avaient achetés soit vers le bassin du Nil et les côtes de la mer Rouge, soit vers le nord en direction de la Méditerranée, à travers le Sahara.
[...]
Avant de les vendre, on castrait les garçons et les hommes dans des conditions effroyables. L’opération était si barbare que très peu y survivaient : pour un rescapé, une douzaine trépassait. Il n’avait toujours pas compris pourquoi il avait réussi à y échapper. Peut-être à cause de son corps décharné qui laissait penser qu’il ne vivrait pas longtemps.

Frederick de Augustus était médusé. Il connaissait les horreurs de l’esclavage transatlantique, mais personne auparavant ne lui avait raconté l’esclavage arabo-musulman, tout aussi horrible, pire peut-être, sur certains aspects. Surtout, il ne trouvait aucun sens économique à cette castration qui provoquait la mort de tant d’esclaves. Il avait posé la question à Soliman qui lui avait répliqué :

— Vois-tu, ces esclavagistes-là ne raisonnent pas comme ceux que ton père a connus dans les Caraïbes. Pour ces derniers, que les esclaves se reproduisent est souhaité et même encouragé car essentiel pour leur prospérité. C’est comme avoir du cheptel ; plus il se multiplie, plus le propriétaire devient riche. Cette logique économique n’existe pas chez les négriers arabo-musulmans, obnubilés qu’ils sont par la crainte de voir ces Noirs prendre souche et avoir des relations sexuelles avec les femmes des harems dont ils sont les gardiens et les serviteurs. Il fallait donc en faire des eunuques, c’est-à-dire les castrer. Pire encore, comme eux-mêmes ne se privaient pas de violer les esclaves noires, les enfants qui en résultaient étaient systématiquement éliminés !
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Contrôle des noirs, p. 132 :
[La police des noirs] était chargée d'interdire l'entrée des Noirs en France car l'on estimait qu'il y en avait déjà trop dans le royaume. Quant à ceux qui y vivaient, elle était chargée de contrôler s'ils séjournaient légalement dans le pays en s'assurant qu'ils portaient bien leur cartouche, un étui métallique contenant un certificat portant le nom, l'âge, la profession ainsi que le nom du propriétaire de la personne si elle était esclave. Et on renvoyait d'office celles qui n'en avaient pas vers les colonies d'où ils étaient censés provenir.
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Séduction par la musique, p. 142 :
Qui ne connaissait pas l'air le plus populaire [Il pleut, il pleut bergère…] de Paris en ce moment ? Il ne l'avait jamais joué mais ce n'était pas un problème. Il attaqua. Mathilde n'attendit pas longtemps avant d'être emportée, et se mit à accompagner la musique en chantant. À la fin du morceau, George ne s'arrêta pas, il entama un air de rigaudon, vif, gai. Mathilde, enchantée, sauta de la table et se mit à danser. George enchaîna aussitôt avec une gigue qu'il exécuta sur un tempo rapide. Il jouait en se déplaçant autour de Mathilde, tenant son violon tantôt à hauteur de sa tête, tantôt sur sa poitrine, à l'envers ou encore droit à la manière d'un violoncelle, en se tordant dans des positions incroyablement acrobatiques. Mathilde, émerveillée, enjouée, dansait, dansait, tourbillonnait en battant des mains pour marquer les temps forts de la mesure. Et lorsque George, après avoir tiré les derniers sons de l'instrument et s'être incliné de façon délibérément clownesque, se releva et ouvrit largement ses bras, Mathilde s'y précipité spontanément, caressant ses cheveux frisés et moutonnants qu'elle trouvait étranges et attirants. Il la serra à son tour, l'écrasant contre sa poitrine. Un frisson étrange mais agréable le parcourut. C'était la première fois de sa vie qu'il serrait une fille dans ses bras.
Au bout d'un moment, Mathilde s'écarta de lui et le visage rayonnant lui dit :
- Jamais dans ma vie quelqu'un n'a joué rien que pour moi. Je n'oublierai jamais. Je te remercie vraiment, George.
Elle planta un petit baiser sur les lèvres de George et s'éloigna.
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Paris peu avant la Révolution, p. 118 :
Un beau soleil l'accueillit lorsqu'il quitta le bureau contrat en main et sortit dans la rue. Il était dans un état d'euphorie. En ce moment précis, le monde était tel qu'il le voulait, tel qu'il l'avait rêvé. Un étrange sentiment de gratitude envers cette ville de Paris monta en lui ; il en humait l'air à plein poumons et se demandait si on pouvait faire sentir à une ville qu'on l'aimait, qu'on avait le désir de la prendre dans ses bras. Oui, il aimait Paris, ses larges artères bordées de palais, ses parcs et jardins, et même les venelles tortueuses parmi lesquelles il s'était égaré un jour pendant qu'il cherchait une maison clandestine qu'on lui avait recommandée ; malgré les mendiants qui l'avaient assailli et quelques malandrins qui avaient tenté de l'interpeller, la main ferme sur le pommeau de son sabre, il avait continué son chemin dans ces rues mal famées auxquelles il trouvait malgré tout un attrait singulier.
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Liberté d'expression, valorisation de l'individualité et du trait d'esprit, diversité sociale, tout çela était nouveau pour Frédérick de Augustus. Jusque-là, comme tous les opprimés, il savait ce que voulait dire ne pas être libre, mais il ne savait pas ce qu'était la liberté. Ne pas être libre était quelque chose de physique que l'on ressentait en soi, dans sa chair. La liberté se définissait en creux. Elle consistait uniquement à se débarrasser des entraves qui vous asservissaient : la lourde et pesante chaîne de fer qui rivait les pieds de l'esclave dans l'entrepont d'un navire négrier, les lanières du fouet qui lacérait le corps pendant les corvées dans les plantations, la violence des maîtres. C'était de cette liberté-là qu'avait rêvé son grand-père dans les cales du bateau qui le transportait à la Barbade, celle qu'avait reconquise sa grand-mère en se suicidant, privant ainsi le maître de la satisfaction de la posséder, celle dont avait rêvé son père lorsque le sang giclait de son dos sous les coups du contremaître dans les champs de canne à sucre de l'île. Mais le type de liberté que Frédérick de Augustus découvrait ici était tout à fait autre chose, une liberté qui ne pouvait être conçue que par des hommes qui étaient déjà libres. Elle était abstraite mais réelle, elle allait au-delà de celle rêvée par les asservis tout en l'englobant. Elle flottait dans l'air de Paris, diffuse, et Frédérick de Augustus, dans son fauteuil, se demandait si cette liberté n'était pas le signe avant-coureur de mutations encore plus grandes.
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- Si nous étions français, ferions-nous partie de la noblesse ou du tiers état ?
- Je ne sais pas, mais je suis sûr d'une chose : toi et moi sommes es hommes libres. Et je te le dis mon fils, il n'y a pas de statut plus élevé.
- Nous ne sommes rien, ni nobles ni roturiers, mais nous sommes des hommes libres ! Je m'en souviendrais, papa.
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vant de les vendre, on castrait les garçons et les hommes dans des conditions effroyables. L’opération était si barbare que très peu y survivaient : pour un rescapé, une douzaine trépassait (… )
Frédérick de Augustus était médusé. Il connaissait les horreurs de l’esclavage transatlantique, mais personne auparavant ne lui avait raconté l’esclavage arabo-musulman, tout aussi horrible, pire peut-être, sur certains aspects. Surtout, il ne trouvait aucun sens économique à cette castration qui provoquait la mort de tant d’esclaves. Il avait posé la question à Soliman qui lui avait répliqué :
- Vois-tu, ces esclavagistes-là ne raisonnent pas comme ce que ton père a connu dans les Caraïbes. Pour ces derniers, que les esclaves se reproduisent est souhaité et même encouragé car essentiel pour leur prospérité. C’est comme avoir du cheptel ; plus il se multiplie, plus le propriétaire devient riche. Cette logique économique n’existe pas chez les négriers arabo-musulmans, obnubilés qu’ils sont par la crainte de voir ces Noirs prendre souche et avoir des relations sexuelles avec les femmes des harems dont ils sont les gardiens et les serviteurs. Il fallait donc en faire des eunuques, c’est-à-dire les castrer. Pire encore, comme eux-mêmes ne se privaient pas de violer les esclaves noirs, les enfants qui en résultaient étaient systématiquement éliminés ! (…)
Pose-toi la question mon cher Frédérick, comment expliques-tu aujourd’hui la présence d’une population noire aussi nombreuses dans les Amériques alors que dans les sultanats et les candidats, malgré la masse innombrable qui y a été importée, ce n’est pas le cas ? Où sont passés tous ces Noirs qui ont traversé la mer Rouge en direction de la péninsule arabique, entassés dans des boutres dans les conditions les plus atroces ? Crois-tu qu’ils ont tout simplement disparu comme ça dans un immense trou noir ? Non. C’est le résultat de ces pratiques ignominieuses. Castration et infanticide !
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Et cette vogue du violon ! Un instrument au son criard, dur et perçant. Qui n’a ni délicatesse ni harmonie et contrairement à la viole, à la flûte ou au clavecin, est fatigante autant pour l’exécutant que pour celui qui écoute.
-Désolé, monsieur, lui rétorqua son jeune contradicteur, cette prédominance du violon est là pour rester. Vous savez pourquoi ? Parce qu’à lui tout seul, il peut être l’instrument principal d’un orchestre.
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Ne te fais pas d’illusions sur les Viennois. Ces gens-là sont superficiels. Tant qu’on leur donne de la bière et de la saucisse, ils se tiennent tranquilles.
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