Souvent, quand un camarade n'avait pas de quoi acheter un bouquet à sa petite amie le jour de sa fête, il se glissait dans le vieux cimetière et chapardait les roses du dernier enterrement.
Maintenant, l'heure est venue de se mettre en règle : je vais rendre aux morts les fleurs que nous leur avons volées.
Picasso en veste de toile bleue ressemblait à un zingueur, et son ami Vlaminck à un coureur cycliste sous son chandail à col roulé. D'autres s'affublaient de culottes de sport, de redingotes, de macfarlanes, de salopettes, de pet-en-l'air, de vestes à martingale, de capuchons, de houppelandes, de cache-poussière, tout le décrochez-moi-ça des magasins de confection. Max Jacob se distinguait par un caban soutaché de rouge ramené de Bretagne, André Salmon par son carrick de cocher londonien. La fantaisie n'était pas moindre pour les coiffures : Chas Laborde son chapeau de pasteur, Mac Orlan sa casquette de jockey, et Le Fauconnier, le cubiste, un curieux petit feutre, retroussé par derrière qui rappelait facétieusement Louis XI