AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le Joueur (184)

M. Astley m’a paru aussi très anxieux. Il est certainement amoureux de Paulina. Que de choses parfois peut dire le regard d’un homme timide quand l’amour l’a touché ! C’est curieux et risible. Assurément, cet homme préférerait se cacher sous terre que de laisser entendre par un mot ce que son regard dit si clairement.
Commenter  J’apprécie          70
Survient un Autrichien, on l’écoute et on l’introduit aussitôt. Alors je me mets en colère, je me lève, et, m’approchant de l’abbé, je lui dis avec fermeté : « Puisque Monseigneur reçoit, introduisez-moi ! » L’abbé fait un geste d’extraordinaire étonnement. Qu’un simple Russe prétendît être traité comme les autres, cela dépassait la jugeote du frocard. Il me regarda des pieds à la tête et me dit d’un ton provocant, comme s’il se réjouissait
de m’offenser : « C’est cela ! Monseigneur va laisser refroidir son café pour vous ! » C’est alors que je me mis à crier d’une voix de tonnerre : « Je crache dans le café de Monseigneur, et si vous n’en finissez pas tout de suite avec mon passeport, j’entrerai malgré vous !
– Comment ! mais il y a un cardinal chez Monseigneur ! » s’écria le petit abbé en frémissant d’horreur, et, se jetant sur la porte, il se tourna le dos contre elle, les bras en croix, me montrant ainsi qu’il mourrait plutôt que de me laisser passer. Alors je répondis que j’étais hérétique et barbare, et que je me moquais des archevêques et des cardinaux. L’abbé me regarda avec le plus singulier des sourires, un sourire qui exprimait une rancune et une colère infinies, puis arracha de mes mains le passeport. Un instant après il était visé.
Commenter  J’apprécie          30
Étranges relations, incompréhensibles souvent pour moi, eu égard surtout à son orgueil ordinaire. Elle sait que je l’aime à la folie. Elle me permet même de lui parler de mon amour. Quelle plus profonde marque de mépris que
celle-là !
Commenter  J’apprécie          30
Un gentleman doit tout perdre sans agitation ; l’argent lui est si inférieur qu’il ne peut s’en apercevoir. De plus, il est très aristocratique de ne pas remarquer combien tout cet entourage est vulgaire et crapuleux. Il serait
pourtant tout aussi aristocratique de le remarquer et de l’examiner avec une lorgnette ; le tout à titre de distraction. La vie est-elle autre chose que
l’amusement des gentlemen ? Le gentleman ne vit que pour observer la foule. La trop regarder pourtant ne convient pas. C’est un spectacle qui
ne mérite pas une grande attention. Eh ! quel spectacle mérite l’attention des gentlemen ? Seulement, je parle pour les gentlemen, car, personnellement, j’estime que tout cela vaut un examen attentif, non seulement pour l’observateur, mais aussi pour les acteurs de ce petit drame, pour ceux qui, franchement et simplement, se mêlent à toute cette canaille.
Commenter  J’apprécie          40
Un jour, cela se passait en Suisse, dormant dans un wagon, je me surpris à parler haut à Paulina. Ce furent, je crois, les rires de mes voisins qui m’éveillèrent. Et une fois de plus, je me demandai : « L’aimé-je ? » et, pour la centième fois, je me répondis : « Je la hais. » Parfois, surtout à la fin
de nos conversations, j’aurais donné, pour pouvoir l’étrangler, toutes les années qu’il me reste à vivre. Oh ! si j’avais pu enfoncer lentement dans sa poitrine mon couteau bien aiguisé ! Il me semble que je l’aurais fait avec
plaisir. Et pourtant, je puis jurer aussi que si, là-haut, sur le Schlagenberg, la montagne à la mode, elle m’avait dit : « Jetez-vous en bas ! », je l’aurais fait avec bonheur. D’une ou d’autre façon, il faut que cela finisse. Elle se rend très bien compte de tout ce qui se passe en moi. Elle sait que j’ai conscience de l’absolue impossibilité de réaliser le rêve dont elle est le terme, et je suis
sûr que cette pensée lui procure une joie extrême. Et c’est pourquoi elle est avec moi si franche, si familière. C’est un peu l’impératrice antique qui se déshabillait devant un esclave. Un outchitel n’est pas un homme...
Commenter  J’apprécie          80
– Il est amoureux de vous, n’est-ce pas ?

– Oui.

– Et il est dix fois plus riche que le Français ?
Qui sait même si le Français a de la fortune !

– Pas sûr. Un château quelque part.

– À votre place, j’épouserais l’Anglais.

– Pourquoi ?

– Le Français est mieux, mais plus vil ; l’Anglais est honnête et dix fois plus riche ! dis-je d’un ton tranchant.

– Le Français est marquis et plus intelligent.

– Qu’en savez-vous ?
Mes questions déplaisaient à Paulina. Je voyais qu’elle voulait m’irriter par l’impertinence de ses réponses. Je lui exprimai aussitôt cette pensée.

– Je m’amuse en effet de vos colères, répliqua-t-elle. Il faut que vous me payiez l’impertinence de vos questions.

– J’estime, en effet, que j’ai le droit de vous poser toute sorte de questions, répondis-je très tranquillement, puisque je suis prêt à payer mes impertinences et à vous donner ma vie pour rien.
Commenter  J’apprécie          31
J'étais en train de lui enfiler un autre bas, mais je n'y tins plus et embrassai ses pieds nus. Elle les retira et commença à me frapper le visage du bout de ses orteils .
Commenter  J’apprécie          60
Et une fois de plus, je me demandai :"l'aimé je ?" et pour la centième fois,je me répondis: "je la hais". Parfois,surtout à la fin de nos conversations,j'aurai donné pour pouvoir l'étrangler, toute les années qu'il me reste à vivre. Oh ! Si j'avais pu enfoncer lentement dans sa position, mon couteau bien aiguisé ! Il me semble que je l'aurai fait avec plaisir . Et pourtant,je pus jurer aussi que si,là haut, sur le Schlagenber,la montagne à la monde,elle m'avait dit : "Jetez vous en bas !", je l'aurais fait avec bonheur. D'une ou d'autre façon, il faut que cela finisse. Elle se rend très bien compte de tout ce qui se passe en moi. Elle sait que j'ai conscience de l'absolue impossibilité de réaliser le rêve dont elle est le terme, et je suis sur que cette pensée lui procure une joie extrême. Et c'est pourquoi elle est avec moi, si franche, si familière. C'est un peu l'impératrice antique qui se déshabillait devant un esclave.
Un outchitel n'est pas un homme...
Pourtant, j'avais mission de gagner à la roulette. Dans quel but ? il était évident que durant les quinze jours de mon absence,une foule d’événements étaient survenus dont je n'avais connaissance. Il fallait tout deviner,et je n'avais pas seulement le temps de réfléchir. Je devais aller à la roulette.
Commenter  J’apprécie          20
Oui, il arrive que l’idée la plus folle, la plus invraisemblable s’affirmer dans votre esprit avec une force telle que vous en arrivez à la croire réalisable…
Commenter  J’apprécie          00
Il est intéressant et comique d’observer tout ce que peuvent exprimer les yeux d’un être pudique et maladivement chaste lorsqu’il est touché par l’amour, et juste au moment où il rentrerait sous terre plutôt que de laisser d’un regard ou d’un mot percer l’aveu.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (8756) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Crime et Châtiment

    Qui est le meurtrier ?

    Raskolnikov
    Raspoutine
    Raton-Laveur
    Razoumikhine

    9 questions
    197 lecteurs ont répondu
    Thème : Crime et Châtiment de Fiodor DostoïevskiCréer un quiz sur ce livre

    {* *}