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"Souvenirs de la maison des morts" (le titre littéralement serait "Notes de la maison morte") est un récit autobiographique ainsi qu'un témoignage si l'on considère qu'il s'agit du premier livre écrit sur le système pénitentiaire russe.
Dostoïevski, commencera son récit sitôt après avoir purgé une peine de quatre ans de bagne (janvier 1850- janvier 1854), il y décrit son quotidien, parle de ses codétenus avec sensibilité et évoque de nombreuses anecdotes.
Il s'agit d'un récit très prenant car si Dostoïevski est un observateur averti, il s'agit aussi et surtout d'une partie de son vécu, quatre années ce n'est pas rien.
Je me suis dis que probablement plus qu'un autre, ce témoignage pouvait éclairer sur ce qu'est l'âme slave, ce mélange subtil de fatalisme et d'acceptation de la servitude comme une forme d'atavisme, je ne suis pas spécialiste des lectures sur le thème de la détention mais cet ouvrage dégage une certaine profondeur.
Etrangement ce livre est celui que j'ai le plus apprécié de l'auteur, le plus marquant, simplement peut-être parce que ce n'est pas un roman et que la réalité d'une histoire vraiment vécue est souvent plus impressionnante.
je précise que je n'ai lu que trois autres livres de l'auteur : Crime et Châtiment, le joueur et l'idiot.
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De 1850 à 1854, Dostoïevski purge une peine d'emprisonnement en Sibérie. A sa sortie, il publie "Souvenirs de la maison des morts" aujourd'hui considéré comme un classique de la littérature concentrationnaire. C'était la première fois qu'un roman était publié sur ce sujet politiquement incorrect et dévoilait les coulisses du système pénitentiaire russe.

Dostoïevski passe par le roman pour témoigner, ce qui lui donne davantage de liberté mais on n'a pas de peine à se projeter avec lui au coeur de la Sibérie pour découvrir non seulement l'organisation pénitentiaire mais aussi sa communauté de prisonniers. La force du récit vient du fait qu'il ne s'agit pas d'un pamphlet (contrairement à Victor Hugo qui a fustigé le système judiciaire français à travers "Le dernier jour d'un condamné" et "Claude Gueux") mais bien d'une exploration sociologique de la vie au bagne. le tour de force de ce grand auteur russe est de nous rendre attachants les criminels condamnés.

Les descriptions des scènes de la vie quotidiennes sont incroyables de vie et de précision, et le lecteur est subtilement invité à se forger sa propre opinion au spectacle des usages et coutumes de la prison. L'approche psychologique est fine et sert à merveille un récit tout en action dans lequel il est impossible de s'ennuyer.

Dostoïevski est un auteur qui a été condamné à mort dans sa jeunesse. La sentence fut exécutée par un simulacre avant d'être transformée en déportation. Quand on a vécu ce type d'expérience et qu'on s'est retrouvé les yeux bandés devant un peloton d'exécution, le besoin de témoigner semble plus que légitime, indispensable pour goûter à nouveau au réel.


Challenge XIXème siècle 2020
Challenge MULTI-DÉFIS 2020
Challenge NOTRE-DAME de PARIS
Challenge PAVES 2020
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Bienvenue dans l'univers carcéral russe du XIXème siècle !

Certes c'est un livre pas franchement, franchement feel good. Mais bon c'est peut-être aussi le moment idéal de le lire, entre les vacances insouciantes et les jours trop courts trop gris, la Toussaint et les réveillons ...

Lecture difficile mais nécessaire. Dostoïevski est un excellent observateur et nous décrit parfaitement ses compagnons de bagne, tant sur le plan physique que sur le plan psychologique, leurs conditions de vie et les travaux forcés. Il nous parle des coups de verge et autres punitions corporelles, des chaines portées pendant cinq ou dix ans, de la corruption des gardiens, des vols entre détenus et des trafics en tout genre dans le camp, de la malnutrition, du manque d'hygiène (épisode mémorable de la chemise de nuit qui passe de malade en malade à l'hôpital du camp, sans jamais être lessivée, accumulant sueur et autres sécrétions corporelles – pour rester décente). Mais aussi il évoque les moments plus légers, comme la représentation de théâtre au moment des fêtes, moment privilégié où « on avait permis à ces pauvres gens de vivre, ne fût-ce que quelques instants, à leur guise, de s'amuser, de passer une heure autrement qu'en galériens – et ces brèves minutes les avaient moralement transfigurés ». Ou encore le très touchant partage des croissants donnés en aumône par les habitants du village.

C'est un témoignage historique aussi, bien sûr. Mais surtout une expérience grandeur nature de sociologie et de psychologie. Dostoïevski décrit admirablement le crétinisme des petits chefs qui appliquent le règlement à la lettre, la perversion de certains individus qui s'enivrent de leur pouvoir de vie ou de mort sur les bagnards. Mais surtout je trouve qu'il parle excessivement bien de la misère morale des hommes voués à effectuer une tâche qui n'a pas de sens, de la soif insensée parfois de liberté que chacun de nous porte au plus profond de ses entrailles, du pouvoir effrayant de l'argent dans ces lieux où il permet d'acheter un semblant de liberté, celle de le dépenser comme bon nous semble. Et il rappelle fort justement que « aucun homme ne peut vivre sans un but qu'il s'efforce d'atteindre ; s'il n'a plus ni but ni espoir, sa détresse fait de lui un monstre ».

Un livre essentiel. Pour essayer de comprendre l'Homme. Et méditer sur notre époque.
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Peut-être au fond ‘Souvenirs de la maison des morts' est-il le roman russe le plus intéressant de la fin du XIXème. Un paradoxe pour ce texte froid et austère, souvent dédaigné au profit des grands romans. Mais il y a deux arguments à faire valoir.

Le premier est lié au caractère autobiographique, mais pas pour celui-ci en tant que telle. Des livres évoquant la misère des étudiants et de jeunes artistes, les dettes et les jours sans pain, on en trouve à foison et on reconnait bien vite quand ils ne sont pas le fruit de l'imagination. Mais même dans la pauvreté, l'homme instruit ne se mêle pas à l'ouvrier. le jeune homme pauvre reste dans son galetas humide, ressassant ses échecs et relisant ses précieux livres. Il fréquente d'autres jeunes déclassés, parfois quelques grisettes. Il ne manie pas les outils de ses mains trop blanches, ne partage pas le pain noir et la piquette avec l'ouvrier. Qu'on se rappelle Vallés, Vallés le communard, essayant de s'embaucher dans une imprimerie ; Tolstoï jouant les paysans…

Mais Dostoievski, lui, l'a vécu au bagne. Subi. Lui a vécu à leur côté, les a observé, a touché du doigt son inutilité quand il s'agissait d'aider de ses mains. Il décrit nombre d'entre eux – le petit juif d'une endurance insurpassable au sauna, le vieux-croyant banquier… Mais aussi leurs interactions, leurs habitudes, leurs rares distractions. Un témoignage unique sur la Russie des tsars, loin des palais de Saint-Pétersbourg et des babouchkas dans les isbas.

Mon second argument découle du premier, car il s'agit du constat implacable qu'il fait alors : même en prison, les barines et les gens du peuples ne vivent pas dans le même monde. Que les premiers puissent se dire leurs camarades n'engendre que l'incrédulité et le dédain chez les seconds. Un mur invisible et infranchissable les sépare, que Dostoïevski contemple avec tristesse et impuissance, quand Tolstoï se cogne dedans avec obstination.

C'est donc l'un des rares romans russes où se montre le point de vue du peuple. Et la profondeur de la fracture sociale, à bien des égards, permet de mieux comprendre l'incroyable déchainement de violence de la révolution russe.
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Souvenirs de la maison des morts me rappelle beaucoup Une journée d'Ivan Denissovitch, écrit par Alexandre Soljenitsyne en 1973. C'est étrange de constater que, malgré la centaine d'années et le changement de régime (de celui des tsars à celui des communistes de Staline) qui les séparent, ces deux oeuvres se rejoignent, l'une faisant écho à l'autre. Camp de travail forcé, goulag, à croire que le temps n'avait rien changé dans cet immense empire. Les deux auteurs ont été condamnés au bagne et cette expérience les a amené à raconter ce qu'ils y ont vécu.

Dostoïevski raconte la vie d'un prisonnier dans un camp de Sibérie. L'arrivée, d'abord, comment survivre à ces premières journées, se faire des amis ou, du moins, ne pas se faire d'ennemis, tant parmi les forçats que les gardiens. Surtout le travail et les façons de s'occuper les longs mois d'hiver. Aussi les petits gestes quotidiens (s'occuper du chien, se faire raser la tête, etc.). Sans oublier l'eau de vie que certains parviennent à faire entrer dans le camp. Puis les fêtes occasionnelles, Noël, Pâques, qui permettent de rompre avec la routine. Quelques uns profitent de séjours à l'hôpital.

Mais ce sont surtout les petites histoires qui touchent. Pourquoi un tel se trouve-t-il ici? Qu'a-t-il commis? Un meurtre? Certains, oui. D'autres ont peut-être imprimé de la propagande jugée dangereuse? Après tout, une bonne partie des prisonniers sont des lettrés, des intellectuels. Comme l'écrit l'auteur, à très peu d'endroits dans la Russie du 19e siècle on ne peut trouver un groupe de 250 personnes dont la moitié sait lire et écrire…

Le tout est écrit avec sobriété et réalisme. On ne s'apitoie pas sur le sort des prisonniers, on ne cherche ni à les excuser ni à les condamner. le lecteur assiste au châtiment de ces hommes, jour après jour après jour… Jusqu'à la libération, pour ceux qui s'y rendent.
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Voilà bien longtemps que je n'avais plus lu Dostoievski. Et pourtant je me suis immédiatement retrouvé en pays de connaissance.
Le récit est assez terrible. Sous un artifice littéraire qui ne trompe personne, le grand Fiodor raconte sa propre expérience de déportation au bagne en Sibérie. Nous sommes au milieu du 19e siècle (de 1849 à 1854 exactement) et à cette époque les conditions du bagne étaient effroyables. La raison de cette peine est la participation supposée à un complot contre le tsar. Dostoievski avait 28 ans.
Et il raconte.
Les fers, le marquage au front (auquel il échappe en tant que 'noble'), la nourriture infecte, les 'casernes' (baraquements) où les forçats dormaient côte à côte sur des bas-flancs, le travail forcé, les punitions corporelles qui conduisaient les condamnés aux portes de la mort, le major sadique, les séjours à l'hôpital qui apportent un peu de réconfort malgré les conditions d'hygiène épouvantables, les vols et les querelles incessantes, l'espoir et le désespoir.
Car au milieu de tout cela, Fiodor s'intéresse vraiment à ses co-détenus. Il tâche de connaître leur histoire, de comprendre leurs réactions, de sonder ce qui motive leurs attitudes. Au début, dit-il, il les voyait seulement comme des bêtes fauves, mais il a su découvrir en eux l'humanité recouverte par les déboires de la vie.
Et quel talent de conteur! Malgré le côté repoussant de ce qui est décrit, la lecture n'est jamais désagréable. Dostoievski semble posséder naturellement cette juste distance qui nous fait percevoir les personnages décrits sans sombrer avec eux dans l'abjection. Cela tient sans doute aussi su style d'écriture du 19e siècle, qui ne pratique pas l'immersion dans les réalités décrites, comme on le fera au 20e.
Je ne dirais pas que ce récit est bouleversant, mais il frappe avant tout par sa recherche d'humanité dans les lieux où elle semblait avoir disparu.
Et peut-être avons-nous là une constante de l'auteur qui se retrouvera dans les grands livres à venir.
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Bienvenue dans l'univers carcéral russe du XIXème siècle !

Certes c'est un livre pas franchement, franchement feel good. Mais bon c'est peut-être aussi le moment idéal de le lire, entre les vacances insouciantes et les jours trop courts trop gris, la Toussaint et les réveillons ...

Lecture difficile mais nécessaire. Dostoïevski est un excellent observateur et nous décrit parfaitement ses compagnons de bagne, tant sur le plan physique que sur le plan psychologique, leurs conditions de vie et les travaux forcés. Il nous parle des coups de verge et autres punitions corporelles, des chaines portées pendant cinq ou dix ans, de la corruption des gardiens, des vols entre détenus et des trafics en tout genre dans le camp, de la malnutrition, du manque d'hygiène (épisode mémorable de la chemise de nuit qui passe de malade en malade à l'hôpital du camp, sans jamais être lessivée, accumulant sueur et autres sécrétions corporelles – pour rester décente). Mais aussi il évoque les moments plus légers, comme la représentation de théâtre au moment des fêtes, moment privilégié où « on avait permis à ces pauvres gens de vivre, ne fût-ce que quelques instants, à leur guise, de s'amuser, de passer une heure autrement qu'en galériens – et ces brèves minutes les avaient moralement transfigurés ». Ou encore le très touchant partage des croissants donnés en aumône par les habitants du village.

C'est un témoignage historique aussi, bien sûr. Mais surtout une expérience grandeur nature de sociologie et de psychologie. Dostoïevski décrit admirablement le crétinisme des petits chefs qui appliquent le règlement à la lettre, la perversion de certains individus qui s'enivrent de leur pouvoir de vie ou de mort sur les bagnards. Mais surtout je trouve qu'il parle excessivement bien de la misère morale des hommes voués à effectuer une tâche qui n'a pas de sens, de la soif insensée parfois de liberté que chacun de nous porte au plus profond de ses entrailles, du pouvoir effrayant de l'argent dans ces lieux où il permet d'acheter un semblant de liberté, celle de le dépenser comme bon nous semble. Et il rappelle fort justement que « aucun homme ne peut vivre sans un but qu'il s'efforce d'atteindre ; s'il n'a plus ni but ni espoir, sa détresse fait de lui un monstre ».

Un livre essentiel. Pour essayer de comprendre l'Homme. Et méditer sur notre époque.
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Ancien militaire, Dostoïevski est condamné à mort et gracié au dernier moment. Sa peine est commuée en 4 ans de bagne et 6 ans d'enrôlement. Il prend prétexte d'un carnet retrouvé d'un bagnard de droit commun pour raconter son séjour car les « prisonniers politiques » n'existent pas en Russie !

Même s'il est installé avec le tout-venant des hommes condamnés, il n'est pas soumis aux châtiments corporels du fait de son rang et peut améliorer son quotidien avec son argent. L'inégalité et la notion de classes existent de même qu'à l'extérieur ! Il est soumis malgré tout aux chaînes, à la crasse, la promiscuité et la violence auxquelles il est impossible de se soustraire.

Il reste détaché dans son récit, bien qu'ayant sombré dans la solitude morale et la détresse. L'atavisme fait qu'il se sent supérieur et s'exprime ainsi sur ses compagnons. Il va apprendre à les côtoyer tout en ne se sentant jamais intégré à ce petit peuple, qu'il continue à décrire sans dire jamais « nous » ! Il m'a semblé bien naïf à s'étonner du rejet ou de l'attrait de certains pour sa personne alors que les barrières sociales ne sont en rien éliminées !

Il va faire un travail d'anthropologue pendant ce séjour et sonder les âmes humaines jusque dans leur tréfonds et on l'imagine en ressortir profondément changé.

J'ai trouvé bien des longueurs dans la première partie où les descriptions de ses codétenus, bien trop condescendantes m'ont pesées et lassées. Il m'a semblé bien souvent naïf mais c'était peut-être une façon de se défendre du désespoir.

Ce témoignage, rédigé comme un roman fait ressortir l'évolution de sa capacité à pardonner et accepter que ses compagnons n'aient que rarement des regrets ou même la reconnaissance de leurs crimes mais aussi que le menu peuple peut avoir des sentiments et de la grandeur d'âme.

J'admet que dans une fiction sur les moeurs de l'époque racontée, les classes sociales et leurs inégalités soient décrites, après tout c'est la réalité, mais j'ai beaucoup plus de mal à comprendre comment il a pu continuer à se comporter comme un homme « supérieur » alors qu'il a été mêlé à la misère humaine la plus profonde, celle-là même qu'il prétendait combattre !

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Souvenirs de la maison des morts est une série de souvenirs amers que Dostoïevski garde de son séjour au bagne de la Sibérie. En tant que penseur, il en fait un vibrant témoignage, il décortique la vie carcérale aussi bien dans son mode de fonctionnement que de ses effets considérables sur l'homme. Si un pays en guerre donne la sensation à l'homme d'être malade mais être en prison, c'est souffrir carrément de la folie. On y rentre altéré, et on en sort broyé. On y rentre insouciant et on en sort complétement dérouté. Le véritable souci d'un prisonnier ne devient plus la liberté plutôt la perte de soi. On se meurt une fois entre ces murs qu'on le veuille ou non. Un peu de soi y reste quand on sort de ses murs si bien que des criminels en sortent plus que jamais métamorphosés en de véritables monstres. Le bagne a broyé le peu d'humanisme qu'il y avait en eux. Ici l'auteur ne dresse pas des portraits psychologiques de ses personnages de manière aussi pointilleuse comme on le voit dans ses autres romans. Il nous relate des faits par lesquels on reconnait cette foi à la vie, à laquelle s'attachent les forçats une fois qu'ils aient accepté les limites de leur condition. Ils y mettent toute leur énergie, sentir la vie de la manière la plus normale. Mais l'écriture sombre de Dostoïevski ressort, qu'après tant d'effort, cette lueur de vie, au bout, n'est en fait qu'un vide. On le voit pendant le jour de Noël, jour où les forçats s'attellent à vivre une journée spéciale, avec tous préparatifs possibles mais quand arrive le soir, ils se rendent compte que cette joie rêvée leur est complétement inaccessible. Ils pratiquent de différents métiers et traitent avec l'extérieur à cet effet, puis ils gagnent de l'argent. Ils jouent aux pièces de théâtres...
Bien que sinistre mais la lecture est paisible, ça ne file pas comme avec des personnages perturbés à la Dostoïevski!

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Ce récit qui se déroule dans un bagne en plein coeur de la Sibérie peut être aisément assimilé à une autobiographie ou un témoignage de l'auteur.
Dostoievski y a passé près de quatre ans de sa vie après avoir vécu un simulacre plus que traumatisant devant un peloton d'exécution. Sa condamnation à mort venait alors d'être transformée en un séjour "salvateur" au bagne.
On pense très souvent à "une journée d'Ivan Denissovitch" de Soljenitsyne quand on parle de littérature concentrationnaire russe mais ce récit s'avère être également une référence de premier ordre en la matière.
Ici pas de complainte. Nous sommes dans l'observation d'un univers carcéral.
Une sorte d'analyse sociologique d'un microcosme organisé comme une ville.
L'assimilation des nouveaux arrivants en fonction de leurs origines (le communautarisme y est important), de leur classe sociale ou encore de la nature de leur peine, le déroulement d'une journée type, les règles et comportements à respecter entre les prisonniers, tout fait ici l'objet
d'une description méticuleuse.
Et on ne tombe jamais dans l'ennui car ces descriptions sont agrémentées de nombreuses anectodes notamment sur les "échanges commerciaux " entre les bagnards, leurs séjours à l'infirmerie, les ravages de l'alcoolisme ou les parades amoureuses aux portes du camp.
Un témoignage indispensable et édifiant qui permet de mieux comprendre une grande partie de l'oeuvre de Dostoievski.



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