Grâce à ce roman, nous allons déambuler dans les rues du quartier américain de Tripoli. Intissar partage une maison, elle vit avec un mari, ancien combattant, taiseux et qui préfère rester dans les bars et rues que chez lui. Ce couple a eu trois fils et une petite fille. Intissar, volontaire, essaie d'élever ses enfants, elle va alors reprendre le travail de servante de sa mère, chez une famille bourgeoise de la ville. Là, il ne reste qu'un fils Abdel-Karim Azam, qui y vit seul. Il a travaillé à Paris, y a croisé l'amour, en une belle ballerine bulgare. Nous allons aussi principalement sur l'itinéraire de son fils aîné, Ismaïl. Celui-ci va essayer de trouver sa place dans cette société et cette ville en mutation. Nous sommes dans les années 2000 et l'auteur va alors nous parler avec beaucoup de sensibilité et d'humanité de la transformer de la société libyenne. C'est aussi le portrait d'une ville, qui a été cosmopolite et qui s'est en quelque sorte refermer sur elle-même, à cause d'un intégrisme politique et religieux. J'ai beaucoup aimé l'ensemble des personnages. Romanesque mais criant de vérité, ce roman récit nous permet d'appréhender et de tenter de comprendre la vie difficile, troublé des libyens. Il nous parle d'une société cosmopolite, qui a tenté et tente de vivre ensemble. Ce livre nous questionne aussi sur le terrorisme et ce qui peut entraîner des jeunes dans des sentiments de haine et de sacrifice. Je vais continuer ma découverte de cet auteur, qui nous permet de mieux comprendre ou tenter de comprendre ces pays et ses habitants.
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Tripoli ,Ismail ,Abdel-Karim ,une ville, deux hommes, deux destins....qui vont se croiser.Intissàr,la mère du premier est la femme de ménage du second.
Deux personnages issus de milieux radicalement opposés.Abdel-Karim vient d'une famille de notables musulmans, le grand-père était un des fondateurs de l'indépendance du Liban,alors que Ismail est le fils aîné d'une famille ,également musulmane,très pauvre,vivant dans le quartier le plus misérable de Tripoli,"Le Quartier américain"; Ce quartier quı doit son nom à une école anglicane désaffectée,utilisée pendant des années par les services secrets syriens.
Ni l'un, ni l'autre ne trouvent la paix et le bonheur dans ce Liban du début du XXIème siècle ,qui s'enfonce dans la guerre.Un pays envahi par la Syrie en 1976 et qui y restera pendant vingt ans,devenu terrain d'affrontements de divers groupuscules terroristes manipulés par des grandes puissances par pays interposés.
Malgré la noirceur du sujet,les personnages attendrissants (la tendresse d'Ismail ,le djihadiste,pour sa mère et son frère malade / la sensuelle Intissàr,soumise aux désirs d'un mari souvent absent et violent mais ne renonçant pas à ses jeans serrés après chaque grossesse / le personnage mélancolique d'Abdel-Karim qui à l'aube écoute et fait écouter à tout la quartier "Le Barbier de Séville",comme le chant du muezzin....),l'humour discret au tournant d'une phrase (Aboo Mosaab..une légende...un homme d'allure banale,de taille moyenne,vêtu d'un vieux jean délavé- on aurait dit l'employé qui,autrefois,passait encaisser la facture d'électricité au Quartier américain ) et ce portrait de Tripolie,entouré de trois côtés de vergers, qui se décharne au profit du béton et de l'argent facile et s'enfonce dans la violence,en font un livre riche et passionnant à lire!
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