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Unity Dow nous entraine avec "Les cris de l'innocente" dans les bas-fonds de la justice bostwanaise, dans un petit village dans les brousses et dans une culture où la sorcellerie est une des actrices principales de la vie quotidienne.

L'auteure n'épargne pas son lecteur. Les premières pages sont les pensées les plus intimes d'un des kidnappeurs de la jeune Neo, il l'observe de sa voiture et nous l'observons avec lui. Ses pensées deviennent nôtres et nous dérangent,nous effraient.

Ce thriller dérange, horrifie, passionne, rend fier, il réveille toute une palette d'émotions en nous.

Hormis sa narration bien rodée et une intrigue qui ne perd pas haleine, l'auteure, en tant que juge à la cour suprême, dénonce la corruption au sein de la justice et des sphères gouvernementales, sphères qui ne peuvent donc pas protéger les plus faibles, sphères où l'action judiciaire est gangrenée par des histoires de sorcelleries qui effraient les personnes dont le rôle est de rendre justice. Elle dénonce aussi les vieilles traditions barbares, actes de sorcellerie où des personnes influentes cherchent des "agneaux sans poils" pour récupérer certaines parties de leurs corps et ainsi s'attirer réussite.

Ces personnages sont forts, ne sont quasiment que des femmes qui luttent pour protéger les gens démunis qui n'ont aucun pouvoir pour se protéger et réclamer justice. L'auteur développe avec beaucoup de finesse et d'intelligence les diverses relations des personnages nous entraînant ainsi dans la toile qu'elle tisse jusqu'à sa fin, une fin glaçante.
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Unity Dow est botswanaise, a été juge à la cour suprême de son pays, et a écrit des romans, dont celui-ci, qui n'est d'ailleurs pas qu'un polar!

Alors prêts à partir pour le Botswana? Plus particulièrement dans le delta de l'Okavango? Pas pour du tourisme, mais pour mieux connaître la réalité de la vie villageoise.

Nous sommes en 1999. Amantle effectue son service national (obligatoire) dans un dispensaire de brousse. Elle désire devenir médecin, mais en attendant elle s'investit bien, y compris quand les deux infirmières tire au flanc lui demandent de ranger un débarras. Voilà qu'elle met la main sur un carton contenant des vêtements ensanglantés, remettant à la lumière une histoire de disparition de fillette dans le village cinq ans auparavant. La police avait conclu à une attaque de lion, les villageois à l'étouffement d'une affaire de meurtre rituel. La tenace Amantle va faire bouger ses amis dévoués, et des personnages haut placés (mais là, contre leur gré)

Je m'attendais à une enquête policière classique, mais, pour mon grand bonheur, j'ai eu l'impression de vivre au Botswana.
Un long et passionnant chapitre, par exemple, raconte l'enfance de la petite Amantle, dernière née et première de la famille à aller à l'école. Villageois et citadins sont aussi enclins à des croyances les poussant à la violence, et hélas le pays n'échappe pas à d'autres maux, tels la corruption... le lecteur peut s'émouvoir, mais aussi s'amuser (en dépit du sujet). Passionnant de bout en bout.

Apprécions la fréquente ironie du texte (ce Disanka est un des meurtriers, on le sait au départ)
"A tous les égards, donc, M. Disanka était un honnête homme. Il possédait des commerces florissants, une bonne épouse, une bonne maîtresse qui savait élever seule ses enfants, de bons enfants légitimes, et de bonnes ex-maîtresses qui savaient élever seules leurs enfants et qui étaient à l'occasion disponibles pour rompre la monotonie de l'épouse et de la maîtresse actuelle. Après tout, les gens ne disaient-ils pas souvent qu'un homme ne pouvait se nourrir uniquement de porridge."

"Je ne vis pas passer la nuit dans la brousse, avec des hyènes qui hurlent et des éléphants qui font trembler le sol! Et puis il y a des lions, par ici!"
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Les Cris de l'Innocente est bien plus qu'un thriller appartenant à l'excellente collection Actes Sud . Ce livre se pose plus en livre de société. L'auteur nous entraîne à la découverte d'Amantle, jeune botswanaise envoyée en mission dans un dispensaire de brousse. Mais dès son arrivée , elle découvre des vêtements ensanglantés ayant appartenus à une petit fille disparu.

Aidée de jeunes femmes soucieuse d'améliorer et de changer la société de leur pays, elle va remonter jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir. Au final l'enquête passe presque au deuxième plan. On découvre un pays magnifique, le Botswana, ses coutumes, ses traditions, sa corruption, et l'émergence de jeunes en quêtes de changements.

Car dérrière ce récit, se trouve la plume acérée d'une auteure , à la fois juge et militante , qui n'hésite pas à égratigner le fonctionnement de son pays. Sa porte parole, Amantle , est une jeune femme, haute en couleurs qui ouvre les portes de ce pays magnifique que m'avais déjà présenté Alexander Mc Call Smith .

Un bon moment de lecture et de dépaysement par une auteure que je ne peux que vous conseiller.
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Peut-on parler de polar à propos de Les cris de l'innocente, le roman de Unity Dow ? Il serait plus juste d'évoquer un thriller dont la toile de fond est un petit village du Botswana. Unity Dow ne se contente pas d'écrire des fictions, elle est juge à la Cour suprême du Botswana et a rédigé plusieurs rapports sur la condition des femmes et des enfants dans son pays. L'affaire dont il est question dans Les cris de l'innocente est un meurtre rituel perpétré sur une jeune fille nubile. Une horreur absolue. Unity Dow maîtrise parfaitement les codes du roman policier et le livre est riche en rebondissements et situations extrêmes. Mais l'intérêt réside dans la description d'une démocratie corrompue où les enquêtes vont rarement à leur terme, où les pauvres n'ont pas droit à la vérité et à la justice, où les puissants font régner la terreur et imposent le silence par la peur. le livre est choquant pour ce qu'il révèle et sous-entend. Et surtout courageux, douloureux et lucide.
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Tombée par hasard dessus, je ne suis pas déçue. J'apprécie de plus en plus la littérature sub-saharienne que je découvre grâce au challenge Globe-trotters.
Cette enquête sort des codes habituels du roman policier. On connaît le meurtrier dès les premières pages mais ce n'est pas le principal sujet du roman. Ce qui m'a touché c'est de découvrir la vie dans ses petits villages ruraux du Botsnawa. Leurs coutumes, leur culture, leurs aberrations. On sent que c'est du vécu, et j'ai beaucoup voyagé. Les personnages principaux sont des femmes, et c'est quelque chose que j'apprécie toujours. Je pourrais lui reprocher sa fin, 50 pages de plus pour une vraie conclusion aurait été un plus.
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Le premier chapitre est assez long mais nécessaire pour bien comprendre les différences de coutumes comme la tolérance pour un homme d'avoir une épouse et des amantes, sur ce qu'est un chef aussi. La description du mari idéal fut longue à mon goût mais quelques lignes sur cet adulte qui fait plus que fantasmer sur des prépubères m'ont paru encore plus longues. Et pourtant l'auteur le rappel à chaque fois M. Disanka est un homme respecté, il a de l'allure, de l'argent donc on se tait sur ce penchant nauséabond. M. Disenka, monsieur… En apparence seulement. Il a beau jouer au bon papa, amant, notable, ce n'est qu'un masque pour camoufler l'être abjecte qu'il est, il y aurait bien un jour où un père n'accepterait pas le viol de sa fille.

Je n'ai pas aimé le style de l'auteure, cela manque de force, il y a trop de répétition qui donnent beaucoup de longueurs à l'intrigue, je n'ai pas été transporté dans ce roman policier mais le cadre est original.
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C'est au Botswana que je vous emmène aujourd'hui, un pays d'Afrique que j'ai envie de visiter depuis la lecture des enquêtes de la joviale et aimable Mma Ramotswe (si vous ne connaissez pas, ces romans sont écrits par Alexander McCall Smith et sont très rafraîchissants et détendants). C'est dès lors avec une auteure botswanaise, Unity Dow, qui est également la première femme à siéger en tant que juge à la Cour suprême du Botswana, que je plonge un peu plus dans cette région du monde dans laquelle le dépaysement est encore une fois garanti.

Dans ce livre fort sombre, puisqu'il touche à l'enfance, nous faisons la rencontre d'une jeune TPS (Tirelo Sechaba Participant, ou Appelé.e du service national), Amantle, benjamine de sept enfant et première d'entre eux à avoir été scolarisée, qui souhaite devenir médecin. Elle est envoyée au dispensaire de Gaphala, un village dans le delta de l'Okavango. Peu après son arrivée, elle trouve une boîte contenant des vêtements d'enfants tachés de sang. En rencontrant la maman de la fillette à laquelle appartenaient ces effets, elle va apprendre comment l'enquête a été conduite cinq ans auparavant, enquête qui a conclu à un décès provoqué par des lions. Elle va décider de faire la lumière sur cette mort violente, aidée de Boitumelo, son amie avocate, Nancy, une stagiaire avocate britannique, et Naledi, qui travaille pour un procureur général du ministère public.

Au début des années 2000, il était encore bel et bien question de meurtres rituels au Botswana (je ne dévoile rien par rapport à l'histoire, les informations figurent sur le quatrième de couverture), et c'est d'ailleurs loin d'être le seul pays d'Afrique concerné, si l'on effectue quelques recherches sur internet. Il s'agit de se procurer des organes humains pour les transformer et potions, amulettes et autres, qui doivent apporter prospérité et pouvoir (voire pouvoirs magiques). Cette réalité si éloignée de la mienne, je vous avoue que j'aurais préféré ne pas en prendre conscience de manière aussi réaliste. Car si le ton du roman n'est pas celui d'un thriller – à un moment, Boitumelo parle de la devise du pays qui serait « Au Botswana, on n'est pas pressé », et en effet, le rythme de l'histoire est plutôt lent – le fond, lui, peut définitivement le ranger dans cette catégorie.

Cette quête visant à rétablir la justice et la vérité relatives à la mort de la petite Neo est l'occasion pour Unity Dow de mettre en avant de jeunes femmes modernes et éduquées qui agissent en fonction de leurs idéaux, mais aussi de montrer comment le combat pour y arriver semble compliqué, voire vain, tant le poids de la tradition est encore prégnant à tous les niveaux.

En résumé, une lecture fort sombre, un récit réaliste et une approche nuancée du Botswana.
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Beaucoup plus qu'un polar, Les Cris de l'innocente mêle le reportage, l'essai anthropologique et le plaidoyer contre l'archaïsme. Pas de grand suspense toutefois : les faits étant établis depuis le début du roman et les coupables désignés, du moins pour la plupart d'entre eux, la seule question est de savoir s'ils seront confondus et éventuellement punis.
Roman dense, bien que parfois un peu lent, bien construit et solidement argumenté, Les Cris de l'innocente commence par la découverte fortuite par une jeune « appelée du service national » dans un village reculé du Botswana de pièces à conviction remettant en cause la version officielle de la disparition d'une petite fille cinq ans plus tôt. Décidée et sans peur, mais hélas un peu naïve, Amantle va mobiliser des amies attachées comme elle à la modernité et mettre tout un village et toute une communauté à ses côtés pour tenter de faire éclater la vérité. Un combat contre l'obscurantisme qui connaîtra bien des péripéties jusqu'à un final glaçant.
Le roman d'Unity Dow, qui a été plus de dix ans juge à la cour suprême du Botswana, part d'un constat accablant sur les pratiques coutumières que connaît encore l'Afrique et constitue un réquisitoire sans appel contre celles-ci. Car si féticheurs et guérisseurs perdurent face à une médecine moderne hélas trop souvent absente dans des zones reculées, certains n'hésitent pas à aller beaucoup plus loin, quitte à se mettre entre les mains de sorciers ayant recours au crime rituel – le dipheko en langue setswana – pour s'assurer réussite, puissance et fortune.
« Les sacrifices humains existent depuis très longtemps, mais avant d'en arriver là, traditionnellement, il fallait épuiser toutes les procédures de conjuration du mal. On commençait par sacrifier les animaux. Aujourd'hui, on est face à des voyous à qui on remet de l'argent pour aller abattre des gens, leur extorquer des organes à vifs. Ce n'est pas un rituel, c'est de la barbarie. le seul rituel en soi, c'est quand le Nganga (sorcier) traite ce "matériel" pour que le client puisse le consommer. C'est un rituel perverti, transgressé. » Joseph Tonda, entretien à Jeune Afrique, Mai 2014
Certainement pas un très grand roman policier, Les Cris de l'innocente constitue toutefois un excellent témoignage sur des pratiques barbares – femmes et enfants kidnappés et démembrés, albinos massacrés, cadavres mutilés – qui, du Togo au Cameroun et de l'Afrique du Sud au Nigéria, n'épargnent aucun pays du continent. Pratiques qui semblent connaître une recrudescence à la veille de chaque élection importante…

Lien : http://www.polars-africains...
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