C'est au Botswana que je vous emmène aujourd'hui, un pays d'Afrique que j'ai envie de visiter depuis la lecture des enquêtes de la joviale et aimable Mma Ramotswe (si vous ne connaissez pas, ces romans sont écrits par
Alexander McCall Smith et sont très rafraîchissants et détendants). C'est dès lors avec une auteure botswanaise,
Unity Dow, qui est également la première femme à siéger en tant que juge à la Cour suprême du Botswana, que je plonge un peu plus dans cette région du monde dans laquelle le dépaysement est encore une fois garanti.
Dans ce livre fort sombre, puisqu'il touche à l'enfance, nous faisons la rencontre d'une jeune TPS (Tirelo Sechaba Participant, ou Appelé.e du service national), Amantle, benjamine de sept enfant et première d'entre eux à avoir été scolarisée, qui souhaite devenir médecin. Elle est envoyée au dispensaire de Gaphala, un village dans le delta de l'Okavango. Peu après son arrivée, elle trouve une boîte contenant des vêtements d'enfants tachés de sang. En rencontrant la maman de la fillette à laquelle appartenaient ces effets, elle va apprendre comment l'enquête a été conduite cinq ans auparavant, enquête qui a conclu à un décès provoqué par des lions. Elle va décider de faire la lumière sur cette mort violente, aidée de Boitumelo, son amie avocate, Nancy, une stagiaire avocate britannique, et Naledi, qui travaille pour un procureur général du ministère public.
Au début des années 2000, il était encore bel et bien question de meurtres rituels au Botswana (je ne dévoile rien par rapport à l'histoire, les informations figurent sur le quatrième de couverture), et c'est d'ailleurs loin d'être le seul pays d'Afrique concerné, si l'on effectue quelques recherches sur internet. Il s'agit de se procurer des organes humains pour les transformer et potions, amulettes et autres, qui doivent apporter prospérité et pouvoir (voire pouvoirs magiques). Cette réalité si éloignée de la mienne, je vous avoue que j'aurais préféré ne pas en prendre conscience de manière aussi réaliste. Car si le ton du roman n'est pas celui d'un thriller – à un moment, Boitumelo parle de la devise du pays qui serait « Au Botswana, on n'est pas pressé », et en effet, le rythme de l'histoire est plutôt lent – le fond, lui, peut définitivement le ranger dans cette catégorie.
Cette quête visant à rétablir la justice et la vérité relatives à la mort de la petite Neo est l'occasion pour
Unity Dow de mettre en avant de jeunes femmes modernes et éduquées qui agissent en fonction de leurs idéaux, mais aussi de montrer comment le combat pour y arriver semble compliqué, voire vain, tant le poids de la tradition est encore prégnant à tous les niveaux.
En résumé, une lecture fort sombre, un récit réaliste et une approche nuancée du Botswana.