Drieu La Rochelle raconte son expérience de la grande guerre qu'il a vécu en discontinu. A tout le moins, il se donne le beau rôle et la fiabilité des anecdotes est sujette à caution. C'est pourtant une oeuvre intéressante à plus d'un titre.
S'il ne nous apprend pas grand chose sur l'horreur de cette guerre, il est intéressant de constater qu'il la considère comme la guerre moderne, alors que 25 ans plus tard, cette manière de combattre, arc-bouté dans les tranchées sous un déluge de feu, sera totalement dépassée (et les Français avec, qui croyaient à leur ligne Maginot). Mais elle est moderne en effet, par rapport aux guerres passées, parce qu'il n'y a plus de corps à corps, que l'héroïsme a disparu, et qu'on se fait massacrer par milliers en une après midi sans même voir un ennemi.
Drieu La Rochelle le regrette et son romantisme des guerres anciennes est mis à rude épreuve.
Il en dit beaucoup plus sur sa vision de la société. Drieu la Rochelle a une conscience aiguë de son origine bourgeoise et il laisse éclater un certain mépris pour les classes inférieures. C'est un élitiste, sans aucun doute. Il a d'ailleurs conscience également qu'il existe une classe encore au dessus de la sienne, celle des aristocrates et des grands bourgeois, et on sent un grand regret de ne pas y appartenir. Bref, c'est un homme de droite et on ne s'étonne pas qu'il ait finalement mal fini pendant la seconde guerre mondiale.
Il montre aussi un antisémitisme bon teint, presque naturel pourrait-on dire, qu'on aurait du mal à lui reprocher dans la mesure où les hommes de cette époque, après des siècles d'un catholicisme haineux envers les déicides (les juifs), l'étaient presque tous.
On s'ennuie quand même assez souvent, les récits sont peu soutenus, mais valent surtout par les discussions et réflexions qu'il engage sur la société, le monde, les système idéologiques, etc.
Vaut le coup d'être lu pour mieux connaître le personnage.