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Parti plein d'enthousiasme pour Rome,ville des "armes et des lois", paradis humaniste rêvé des philologues, haut lieu des échanges culturels entre les humanistes européens, convié à la cour du Pape, en qualité de secrétaire de son oncle évêque, Du Bellay l'angevin se morfond tristement...

Cruelle déception: rien qu'un champ de ruines plein de marchands du temple, des courtisans jaloux, intrigants ,ridicules...mais surtout: où est son petit Liré? où la douceur angevine? où l'ardoise fine?

Après les rêves bâtis sur la vision de la ville éternelle, ce sont les tristes réalités, d'une ville en chantier, chaotique, loin de ce que le poète avait imaginé.
Aux Antiquités de Rome succèdent alors Les Regrets. C'est toute l'amertume d'une déception qui se lit dans ce deuxième recueil..

La nostalgie à l'état pur et étymologique: le tourment du retour...

Dans la même édition, le premier "manifeste" poétique français Défense et Illustration de la Langue Française.

Les poètes humanistes et philologues de La Pléiade , tous fins latinistes et hellénistes grâce au talent du professeur de leur collège de Coqueret, le bien-aimé Dorat, revendiquent une refonte de la langue, fécondée par les apports du latin et du grec, une syntaxe plus pure, des modèles poétiques difficiles tel le sonnet hérité de Pétrarqu. Ils veulent des amours platoniciennes inspirées de Marsile Ficin mais pour des galanteries pas toujours platoniques, des thématiques renouvelées, une exigence et une culture toutes antiques...et résolument modernes!

Cette bande d'énergumènes agités, dont nous avons sagement ânonné les poèmes sur les bancs de notre école publique, venait de révolutionner la poésie!
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Qui a écrit ces vers célèbres ?


« Je ne chante (Magny), je pleure mes ennuis :
Ou, pour le dire mieux, en pleurant je les chante,
Si bien qu'en les chantant, souvent je les enchante :
Voila pourquoi (Magny) je chante jours et nuits » ?


Ils se trouvent dans les Regrets, inclus dans la lignée d'autres sonnets de bon cru.


Mon goût personnel tendrait à penser que la poésie des Regrets est largement surestimée mais ne nous limitons pas à une lecture immédiate et affective. Les poèmes de ce recueil dévoilent tout leur intérêt dans la perspective d'un cadre littéraire et politique qui renvoie d'une part au mouvement de la Pléiade et d'autre part à la déchéance de la Rome papale.


Joachim du Bellay, poète de la Pléiade, vivait à Paris avec ses semblables de plumes qui louaient unanimement la gloire de cette Rome antique qui avait permis à de grands auteurs comme Virgile ou Cicéron de construire leur oeuvre, jusqu'au jour où Du Bellay fut plus ou moins embarqué dans un voyage qui devait le conduire pendant trois ans à effectuer de menues tâches administratives dans la ville « mère des Arts » vantée par Ronsard. La réalité est bien souvent plus décevante que l'imagination et pour se lamenter, Du Bellay commença à rédiger les Regrets au cours de son séjour romain. Il le poursuivit encore lors de son retour et une fois rentré au bercail parisien. Ce recueil est donc celui du paradoxe : les lamentations sur l'exil composées en partie lors du retour offrent un espace d'expression à la fois pour la plainte, pour la satire et pour l'élégie, composition hétéroclite et incohérente si on la place dans la perspective purement biographique. Un autre paradoxe, et non des moindres, peut rendre le lecteur confus. Alors que Joachim du Bellay recommandait de prendre ses distances avec les sources d'inspiration antiques dans sa Défense et illustration de la langue française, il nous faut reconnaître qu'il déploie ici une poésie savante et riche de références à Ovide, Horace, Virgile ou Cicéron pour les anciens, mais aussi à Erasme ou à Ronsard, son compagnon et principal rival de la Pléiade. Les paradoxes se résolvent lorsque l'on déplace les Regrets du plan de la lecture biographique pour les placer sur le plan de la lecture littéraire. le recueil devient alors le manifeste d'une écriture poétique profondément originale, dans la lignée de cet humanisme qui accorde de l'intérêt aussi bien à l'individu qu'à la toile de ses sources d'inspiration.


Les Regrets est un puissant témoignage de cette période poétique et historique de transition, qu'on lira sinon pour le plaisir, au moins pour l'anecdote.
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Au début, Du Bellay agace un peu. Il n'arrête pas de se plaindre, de geindre, de regretter sans bouger. Mais il sort de sa torpeur, et nous avec, quand il commence à parler du monde qui l'entoure, cette Rome qui n'est plus que l'ombre d'elle-même, le ridicule de ceux qui s'y pavanent, le règne de l'apparence et le luxe sans gloire des parvenus qui se croient importants. La plume de du Bellay passe de la mélancolie au curare, piquant élégamment ses contemporains ou rêvant de l'ingrate patrie qui s'éloigne, défendant sa langue qui peut, à l'instar des langues antiques, tout dire et bien le dire. Sa langue pourtant, à Du Bellay, nous semble trop corsetée, pas encore assez affirmée, et on la lit désormais comme lui lisait les langues anciennes.
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Peut-on ne pas aimer une oeuvre, mais l'apprécier tout de même ? Étrange question, que je me pose à la vue d'un ouvrage où je ressens un profond déplaisir et en même temps un respect proche de l'admiration, voire de l'envie. Pour moi, c'est avec Les Regrets de du Bellay. J'ai lu deux fois ce recueil comme oeuvre imposée à l'année au collège puis au lycée. J'ai été déçu de le lire à nouveau, quand je ne vouais que des nouveautés. J'ai été blasé par les explications similaires, rabâchées sur ces poèmes usés et vieillots. Et en même temps, c'est bien avec Du Bellay que j'ai découvert le travail de la technique et de la rythmique poétiques.
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Je suis très consciente que Du Bellay fasse partie des auteurs classiques à lire et à connaître, mais je n'ai pas du tout réussi
à apprécier son oeuvre. Pourtant, je suis férue de littérature française classique. Peut-être devrais-je tenter une relecture en un autre temps...
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L'école de la République ne pouvait que mettre à l'honneur le héraut de la langue vulgaire, la future langue d'une France une et indivisible qui mettra à l'index toutes les autres littératures du territoire national porteuses (soi-disant) de troubles et de séditions. Du Bellay est donc toujours inévitable dans le parcours d'un élève. Il est vrai que sa langue est belle, sonnante et rieuse, surtout dans sa prose de "Défense et Illustration de la Langue française" où, à l'inverse du rythme imposé des sonnets des Regrets et des Antiquités de Rome, elle se donne le droit de s'éterniser, de s'épaissir et de durer. Une si belle langue qu'on ne peut s'empêcher de la lire à haute voix.
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Magnifique recueil de du Bellay ! Vraiment très intéressant par son talent certes, mais aussi par les différents " registres" qu'il utilise : la satire, l'élégie et l'éloge dans Les Regrets en particulier. A recommander même aux anti-poésie !
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La composition du livre n'obéit pas à un principe unique : si Du Bellay prétend ne tenir qu'un journal de bord (« des papiers journaux » dit-il) pendant le séjour – si décevant – qu'il fit à Rome comme secrétaire de son oncle, le tout-puissant Cardinal Jean du Bellay.
Les Regrets proprement dits sont les cinquante premiers sonnets, dans lesquels le poète se dit délaissé par sa Muse, exilé des siens, et de son pays, et se lamente sur son triste sort (imitant en cela Ovide, lui aussi exilé, et écrivant « Les Tristes »)

Le ton change ensuite complètement : de l'élégie, le poète passe à la satire : que ce soit pour décrire Rome (les papes, les femmes, les Romains), son voyage de retour (les Suisses), ou son retour en France (la Cour, les courtisans)

Le ton change encore une dernière fois : c'est au genre de l'éloge qu'appartiennent les 35 derniers sonnets : éloge des Grands, et éloges de Marguerite (les 15 derniers) - il s'agit de Marguerite de Savoie, la fille de François premier).
Ce sentiment de déception qui anime les Regrets et cette impression que ni lui ni les choses ne correspondent à son attente expliquent la forme particulière de l'écriture des Regrets : des alexandrins bâtis souvent en antithèse dans une langue qui arbore les signes de la pauvreté et du vide.
De quoi s'aperçoit alors le poète au bout du compte ? Qu'il n'est lui-même qu'un espace vide qu'il remplit d'un beau nom, et ce beau nom ne désigne rien d'autre que ce qu'il est en train de faire, tenter de remplir ce vide : ce qui compte n'est pas ce qu'il est mais ce qu'il fait, il n'est lui-même que dans le faire, que dans cet effort à se saisir : il est poète.
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Joachim du Bellay fut l'un des grands poètes de la Pléiade, presque aussi célèbre que Ronsard. Malheureusement, il est mort très jeune, à 37 ans. J'ai entre les mains ce livre de poche (appartenant à une collection très attractive), qui contient de la poésie et aussi de la prose: "Défense et illustration de la langue française". Je ne commenterai ici que "Les Antiquités de Rome" et "Les regrets", tous deux publiés en 1558.

Le premier recueil est court; il évoque la découverte de Rome par Du Bellay arrivant dans la Ville Eternelle dans l'équipage du cardinal homonyme: le poète, pétri d'humanités classiques, se plait à glorifier l'antique Rome et surtout à déplorer sa chute finale. le second recueil, plus long, est composé de 191 sonnets: le poète y exprime sa très forte nostalgie du pays natal, alors qu'il séjourne encore à Rome. Ces plaintes déchirantes et répétées sont souvent adressées à un personnage déterminé (souvent un poète français).

Dans la présente édition, l'orthographe (qui, en fait, était fantaisiste au temps de du Bellay) est conforme aux usages de notre époque: c'est une bonne chose. Mais la langue, qui est celle du XVIème siècle, peut surprendre le lecteur non averti; heureusement, un lexique placé à la fin de l'ouvrage traduit certains mots complètement tombés en désuétude. Certaines tournures et le style peuvent paraitre assez vieux jeu ou un peu académiques.

On trouve de grandes beautés dans ces poèmes, surtout dans "Les regrets". Quelques sonnets, comme "Heureux qui comme Ulysse…" par exemple, sont restés gravés dans la mémoire collective. D'autres méritent d'être (re)découverts. Toutefois, pour être tout à fait franc, j'ai été légèrement déçu par ma relecture: il me semble que j'avais mieux aimé ces sonnets, quand je les avais étudiés à l'école.
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Lu, relu et relu, inépuisable depuis l'enfance.
Lien : http://grapheus.hautetfort.c..
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