Citations sur Le cuisinier de Talleyrand : Meurtre au congrès de Vienne (5)
Il était l'inventeur des gros nougats, meringues, suédoises, faisait comme nul autre les babas, les timbales, les pâtés chauds de poissons et de légumes, les vol-au-vent et la pâte feuilletée. [...] Il passait, malgré son jeune âge, pour le plus grand cuisinier vivant.
Le moindre reflet prenait sous la buée une consistance magique. Et dans cet univers de vapeurs et de vertiges, les êtres que Janez voyait tourner semblaient des sortes de centaures, piaffant et piétinant les fumées et les flammes.
Depuis les débuts du congrès, les rues étaient sans cesse un décor d'opérette où les uniformes de toute l'Europe se mêlaient aux tenues légères des filles du peuple, aux habits graves des Autrichiens, à cette population toujours incroyable de Magyars et de Tchèques, d'Allemands, d'Italiens, de Polonais, de Hongrois, de Bohêmes, de Slovaques et de Slovènes, de Serbes et de Croates, [...].
Son pichet de vin à la main, ses joues creusées par la lumière du feu finissant, Maréchal errait dans les cuisines désertes du palais Kaunitz.
Il allait sur des routes incertaines, sur des chemins boueux, dans le froid et la faim au ventre, mais il voyait le soleil. Il allait crotté et misérable, ses poches étaient crevées mais il se prétendait le plus riche des hommes. Il allait, insouciant et léger, au hasard, il cherchait l'extase dans la fugue et, dans le même temps, portait des deuils écrasants, éblouissants. Il allait, guidé par des fulgurances, où nul autre n'était allé avant lui, et il flottait au-dessus des abîmes. Les mots lui venaient sans qu'il les commande. C'est lui qui l'assure, et, moi, je le crois. Que reste-il de tout cela? Des cendres froides.