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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Murena, un premier cycle sur la Rome impériale qui s'érige en monument de la bande dessinée.

Le premier cycle de la saga Murena, ou Cycle de la Mère, se penche sur l'arrivée au pouvoir de Néron, à la tête du principat romain, et des intrigues qui essaiment dans la Rome impériale au premier rang desquelles se distinguent la propre mère de Néron, Agrippine. Cette première (magnifique) intégrale réunit alors les quatre premiers tomes de la saga – La Pourpre et l'Or, de Sable et de Sang, La Meilleure des Mères et Ceux qui vont mourir… – et court chronologiquement du milieu de l'année 54 de notre ère à l'année 59, celle de la mort d'Agrippine qui scelle ce Cycle de la Mère (plus précisément encore, ces premières années du règne néronien sont aussi connues comme le « quinquennium Neronis » pour la bonne tenue de l'administration impériale).


Du point de vue du scénario, le travail du belge Jean Dufaux rythme admirablement ces quatre premiers tomes. En effet, à partir d'une trame événementielle très dense, il réussit à nous emmener des bas-fonds aux plus hauts sommets politiques de Rome pour nous livrer une Rome impériale à l'état pur, brut même plutôt. Les arcanes du pouvoir comme les couloirs du palais impérial, les maisons de passe comme les « ludus », les rues mal famées comme les orgies très huppées, la chaleur de l'amphithéâtre comme quelques plongées dans la Tibre, rien ne nous est épargné, et ce pour notre plus grand plaisir. En se focalisant sur la psychologie des personnages et les relations entre eux, au détriment d'une action qui aurait pu être plus horrifiante, Jean Dufaux suit une certaine mode scénaristique visant à aider le lecteur à s'identifier aux personnages principaux. Ici donc, l'attention est surtout portée sur la relation mère-fils entre Agrippine et Néron, mais les personnages secondaires nouent leur histoire et leur destin aux agissements des deux principaux ; Acté et Murena par exemple sont des personnalités en constant développement. En plus de cela et malgré l'attention portée à la psychologie, Jean Dufaux nous gratifie quand même de coups de théâtre publics et de règlements de compte en sous-main, dans un monde où les intermédiaires sont facilement supprimables, où les tensions se resserrent et où la place est suffisamment présente pour introduire des personnages riches et divers dans leur comportement comme dans leur personnalité. Pour l'auteur, il lui suffit de juste de placer au plus juste ces enchaînements, avec des dialogues eux aussi plutôt justes dans le ton, pour faire raisonnablement monter la pression tout au long de ce premier cycle.
Par ses mots, on ressent donc vraiment la chaleur des combats, on palpe le sable sous les pieds des combattants et on hume l'odeur du sang qui se répand, toujours plus tenace, dans les interstices de cet Empire à l'éclat pourtant flamboyant, dont la destinée se jour tant dans les relations personnelles du dirigeant que dans les combats de gladiateurs.

Si on se penche plus précisément sur le dessin, là aussi du très lourd et surtout du très beau : Philippe Delaby, un autre belge, utilise toutes ses armes pour rendre l'atmosphère si particulière de la Rome antique. En effet, ce dessinateur, durant les quatre tomes de ce premier cycle, s'attache à coller parfaitement au style d'une Rome antique, pleine de vie et ensoleillée comme la Ville méditerranéenne par excellence qu'elle incarne. Dignes d'une mosaïque de Pompéi, les caractéristiques graphiques utilisées font clairement office de personnages à part entière. Tout d'abord, le lettrage lui-même, avec un ombrage lui aussi très caractéristique, nous intègre directement dans une époque bien précise, car en les voyant on repense facilement aux épigraphies latines et aux graffitis romains. de plus, certains choix graphiques comme le jeu de transition des couleurs sont très agréables : l'alternance, surtout dans le Livre II, entre des couleurs vives et du presque « noir et blanc » magnifie le contraste entre les journées ensoleillées typiquement méditerranéennes et les nuits éclairées uniquement par la Lune où le danger guette. Enfin, par contre, certaines variations graphiques sont trop visibles et peuvent désarçonnés, et cela concerne avant tout les personnages. Certains d'entre eux font clairement les frais d'un graphisme parfois laxiste, Lucius Murena notamment, alors qu'il donne son nom à la série. Ainsi, certains personnages frôlent parfois la correctionnelle et on découvre même que la chirurgie esthétique existait déjà à l'époque néronienne, car l'exemple le plus flagrant est sans aucun doute celui d'Acté, qui passe d'une beauté androgyne très bien mise en valeur dans la clarté des nuits du Tibre à une matrone romaine plantureuse plus classique vis-à-vis du modèle incarné par Agrippine. Est-ce une transformation consciente ? Peut-être bien, vu le charme de ce personnage.
Dans une bande dessinée, et d'autant plus sur une période flamboyante de la Rome antique, le dessin doit remplir un rôle à part entière et Philippe Delaby nous offre des planches dignes de cette attente.

Entre réalisme désiré et documentation attentionnée, les auteurs imposent donc leurs choix grâce à des qualités graphiques et des choix scénaristiques indéniables ; leur collaboration mêle ainsi astucieusement une reconstitution minutieuse des bâtiments de Rome à l'époque néronienne, un contexte fin sans faire se chevaucher des événements trop anachroniques, des intrigues captivantes avec un léger parti pris en faveur de certaines recherches plus ou moins récentes, le tout montrant le travail, que l'on peut qualifier d'historien, à l'origine de cette oeuvre de bande dessinée. le meilleur exemple pour illustrer ce constat est le soin apporté aux « notes explicatives ». Elles témoignent inévitablement de la recherche active d'informations historiques sur la période concernée, mais, en contrepartie, gênent considérablement la lecture (si on tient à la lire évidemment), qui devrait être fluide et directe : la très bonne intention est là, mais des petites notes de bas de page auraient sûrement été plus agréables.
Pour finir, notons, avec un plaisir décuplé non dissimulé, combien cette oeuvre dépasse le cadre d'une simple bande dessinée. Il convient de la replacer dans son contexte médiatique, tel un fer de lance du renouveau et du regain d'intérêt pour la Rome antique dans les médias actuels. En effet, comment lire Murena sans penser aux productions télévisuelles récentes que sont Rome et Spartacus, entre lesquelles Murena n'a pas à rougir ! Il est possible, voire obligé, de faire la filiation entre eux.


En conclusion, Murena avec ce premier cycle, celui de la Mère, fait véritablement figure de tête de file de la bande dessinée franco-belge en matière de reconstitution historique. Avec et après elle, la Rome antique prend un nouvel essor au sein de la bande dessinée, auquel Les Aigles de Rome ou même Cassio tente de participer avec le même esprit de précision dans la trame historique et d'originalité dans l'aventure. Murena marque donc le retour flamboyant du péplum bourré d'actions qui nous donne minutieusement à voir et à comprendre un univers fait de paysages magnifiques, de lieux symboliques et d'actions politiques d'envergure.
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Un intégral qui rassemble le premier cycle (et quatre albums), un travail magnifique qui raconte le destin de Néron. Luttes pour le pouvoir avec sa mère Agrippine, trahisons, complots,alliances, soirées orgiaques, assassinats d'une violence inouie en toute impunité, une histoire passionnante remarquablement documentée, scénarisée. d'autant plus que le fait d'enchainer les quatre augmente le plaisir et l'intérêt. Graphisme élégant et réaliste, tout concourt à faire de "Murena" une BD incontournable. Chapeau bas.
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Le cycle de la Mère… Effectivement, on sent bien la présence d'une mère durant ce premier cycle de la série de bande dessinées…
Dans ce premier cycle consacré ( principalement ) à la relation complexe de Néron et d'Agrippine, Jean Dufaux et Philippe Delaby nous offre un très, très bon travail, qui met en valeur le caractère presque sophocléen des événements ici contés. Les personnages sont complexes, bien mis en valeur par le trait fin et précis de Philippe Delaby et leurs relations sont finement travaillés.
Pour les auteurs, l'histoire n'est, de toute évidence, qu'un prétexte pour mettre en scène les relations intenses entre des personnages d'une profonde Humanité.
Très fidèle à Tacite ( il faut dire que lorsqu'on lit tout se raconte Tacite sur la vie de Néron, on peut facilement imaginer en tirer au moins un film, une série de quatre romans, une autre de vingt BD et une série télévisée ), le scénariste a su se détacher de toute ambition historique pour faire un splendide premier cycle d'une série de BD, haletant, passionnant, un cycle où les relations complexes de personnages allant droit à la tragédie sont parfaitement mis en scène, avec finesse et intelligence.
Un très bon premier cycle !
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J'avoue, j'ai fait pif-pouf dans le rayon, j'ai fermé les yeux et c'est Murena que ma main innocente a choisi.
La BD est une lecture très occasionnelle chez moi. Je n'ai rien contre, j'apprécie beaucoup mais c'est un passe temps. Je n'y connais rien en dessin, ni en scénariste. Par contre, il y a un de mes collègues qui est vraiment terriblement passionnant à écouter sur le sujet. Il est passionné par la BD! Quand je l'écoute, c'est l'horreur, j'ai envie de tout lire. Murena n'était donc pas un choix vraiment innocent car cette BD serait vraiment incontournable dans le genre historique. Alors certes je ne m'y connais pas en dessin, mais les illustrations sont magnifiques. le dessin est si pointu, si fiable, c'est magnifique. Et puis il y a l'histoire. J'aurai adoré avoir Murena entre les mains quand j'étais en secondaire car sous cet angle, l'histoire de l'empire romains est totalement excitante. Ahh tous ces complots et ces secrets et ces trahisons. Il y a des rebondissements continuellement et je n'est pas été perdue dans les noms ou les villes. Je trouvais que le scénario était vraiment fluide.
Gros plus pour c'est intégral qui réuni les 4 premiers tomes. Je déteste être coupée dans une histoire et là pouvoir lire d'un bloc le premier cycle, c'est génial. Il y a une seconde intégrale qui m'attend, bien vite que je la commence.
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Ma BD culte du genre historique. Un véritable chef d'oeuvre tant au point de vue du dessin, de la couleur qu'au point de vue du scénario et de l'Histoire dans l'histoire.
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J'ai eu beaucoup de chance à Noël dernier en recevant l'intégrale de Murena. Divisée en deux tomes, le « cycle de la mère » et « le cycle de l'épouse », cette édition est tout particulièrement soignée, dans un format légèrement plus grand, enrichie par des dessins d'étude des personnages et des couvertures des différents albums.

Murena, fresque fortement documentée, est l'évolution de deux destins : celui de Néron et de son ami Lucius Murena, patricien romain. Rome, 54. Sous le règne de l'empereur Claude, les tergiversations pour sa succession font rage en coulisses. Claude est alors marié à la perverse Agrippine, mère de Néron. de sa première union, Claude a un fils, Britannicus, héritier légitime du trône, au grand damne d'Agrippine qui veut faire de son fils le digne successeur de Claude. Celui-ci a pourtant d'autres projets, amoureux de la mère de Lucius Murena, il souhaite l'épouser. Agrippine l'apprend, si cela se produisait, Néron n'aurait plus aucune chance d'accéder au trône et elle-même ne pourrait assouvir sa soif de pouvoir. Bien décidée à régner à travers son fils, elle ne recule devant rien pour éliminer tous les obstacles qui se dresseraient sur sa route, à commencer par la mère de Lucius Murena et le malheureux Britannicus. Avec le meurtre de la mère de Lucius, l'amitié entre les deux jeunes hommes semble compromise, leurs vies vont prendre des chemins bien différents.

« le cycle de la mère » est marqué par l'ascension de Néron au trône, ainsi que par son émancipation, comment il parvient à se soustraire à l'influence grandissante de sa mère. À notre grande surprise, Néron est le personnage central de ce cycle, Murena est plus en retrait. Autant l'histoire de l'ascension de Néron, ses conflits avec sa mère, tout cela progresse rapidement, autant le destin de Murena nous paraît bien flou. On se demande comment Murena, animé par le désir de venger sa mère, va s'en sortir et ce qu'il va advenir de lui.

Entre combats de gladiateurs, orgies, intrigues aussi bien familiales que politiques, Murena nous fait découvrir la société romaine, des bas-fonds de la ville à la demeure impériale, où l'on croise des personnages fort peu recommandables. Les superbes planches de Philippe Delaby s'accordent parfaitement avec le scénario de Jean Dufaux, il attache une grande importance au cadrage, des plans larges de la ville, aux gros plans durant les combats de gladiateurs. L'intrigue se construit peu à peu, Néron, héros de ce cycle va, espérons, laisser un peu de place au héros éponyme de cette merveilleuse série.
Lien : http://bene31.canalblog.com/..
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Je suis très mauvaise pour critiquer des BD pour la simple et bonne raison que j'en lis extrêmement rarement. Je ne connais pas les illustrateurs ni les scénaristes, je ne sais pas ce qu'est une bonne BD, un bon dessin. Je lis de temps en temps une BD pour passé le temps et parfois je tombe sur une super surprise.

Ce que je hais le plus dans une BD se sont ces longues séries qui n'en finissent plus et dont il faut attendre plus d'un an pour avoir la suite. Où est le plaisir de lecture quand on est sans cesse couper dans l'intrigue. le lecteur affamé de BD ne voit pas de soucis, la lectrice de roman que je suis en voit un (hihi).

Alors pourquoi Murena? Il était tout simplement devant moi et puis beau papa adore cette BD et puis c'est une intégrale (les 4er tomes). Ah ça j'adore les intégrales. Nous pouvons lire un cycle ou la BD au complet d'un coup. C'est tellement plus agréable!

J'ai dévoré ce premier cycle et je bave déjà sur le deuxième. C'est totalement génial. Connue pour être une des meilleures BD historiques, l'intrigue est terriblement bien menée. Des rebondissements en veux-tu en voilà, des dessins que je trouve magnifique et surtout la découverte de l'époque romaine. Oui car j'avais un très vague souvenir de mes cours d'histoire et de latin mais avec Murena tout s'arrange (enfin il y a tout de même beaucoup de personnages mais je m'en sors).

J'ai vu que d'autres critiques sur Babelio étaient plus "constructives". Ici c'est l'immense novice qui prend la parole. J'ai juste un plaisir fou à lire cette BD.
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Très bonne bande dessinée sur Néron. On sent qu'il y a eu de la recherche derrière. Si jamais l'auteur arrange l'histoire il le signale, montrant ainsi qu'il maîtrise mais qu'il a choisit de présenter ainsi pour son ouvrage.
L'histoire de Néron est assez fascinante, j'ai vraiment hâte de voir la suite.
De plus (je suis très pointilleuse là dessus) les dessins sont très bien fait.
La lecture de cette bande dessinée me fait penser à la série "Rome" que j'avais beaucoup aimé.
Pour ceux qui sont intéressés par la civilisation romaine, et qui ont apprécié "Rome", je vous conseille la lecture de "Murena".
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très bel ouvrage qui regroupe les 4 premiers tomes de cette BD basée sur des faits historiques très fouillés tout en rendant le tout palpitant grâce à de magnifiques dessins et à des dialogues aussi prenant que si on lisait un roman !
L'ascension de Néron avec tous ces rebondissements, trahisons, amours, suspenses...bref, une magnifique réussite à offrir ou se faire offrir !
personnellement, je suis en cours de négociation pour me faire offrir l'intégrale du cycle 2...et j'ai hâte !!!
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