Au Moyen Âge, la princesse Hildegarde, fille du roi Karlh (ou Kharl selon les bulles), est accusée d'avoir commis l'inceste avec son frère, de s'être livrée au commerce avec le démon et d'avoir assassiné ses parents.
Voilà une situation initiale qui laisse entendre que ça va barder pour le matricule de la miss et on ne croit pas si bien dire...
Présentée au juge à poil dans la première case, elle se fait éclater la rondelle dès la troisième page par le bourreau pour lui extorquer des aveux. Peut-être pense-t-il qu'en poussant par le cul, ils sortiront par la bouche, on ne sait pas...
Le ton est donné d'entrée : on n'est pas dans l'érotisme à fleur de peau mais dans du boulard qui tache.
Mais ce n'était qu'un rêve et Hilda se réveille au XXe siècle, loin des complots ourdis par sa belle-mère, sans doute formée par celle de Blanche-Neige, pour lui ravir le trône.
Puis elle se rendort, retourne à son rêve horrible de torture sexuelle et se reréveille... On n'est qu'à la page 6 et déjà, le “récit” est plus haché que le steak du même nom...
Pour la consoler de son cauchemar, sa soeur Sandra lui fait des gentilles papouilles qui se transforment en broutage de minou. Sur ces entrefaites et entrecuisses, les donzelles partent consulter un psy pour Hilda. Or, ce psy est un démon ! Tada !
On a déjà atteint des sommets hallucinants de WTF alors que nous n'en sommes qu'à un tiers de l'album...
On l'aura compris, Hilda est un récit empreint de fantastique, foufou dans ses délires orgiaques, où chaque page ajoute une touche de nawak. Ça n'arrête jamais, chaque aller-retour entre l'an de grâce 1234 et la période contemporaine donnant lieu à une scène de cul plus barrée que la précédente. Ce récit déjanté fonctionne dans son outrance et sa façon de ne pas se prendre au sérieux, tout en étant mené avec maîtrise et servi par le superbe coup de crayon de Kovacq, précis et riches de détails.
Ce premier tome, en dépit de son titre, a le bon goût de ne pas se focaliser que sur son héroïne jusqu'à plus soif, insistance qui a le vite le don de fatiguer le lecteur à ressasser sans cesse le même sujet. On assise aussi aux turpitudes des royaux parents d'Hildegarde et à celles de la duchesse Hermengarde, ainsi qu'aux premiers pas d'Hildegarde dans le monde merveilleux du pétard en folie, auxquelles viennent s'ajouter les fantaisies démoniaques et tentaculaires du docteur Baalt et de son assistante Gerda, ainsi qu'une touche lesbienne autour de la soeurette Sandra. Soit une sacrée variété dans la gaudriole, autorisée par le nombre de personnages et le choix narratif d'une double trame chronologique médiévale/contemporaine.
Si le récit semble de prime abord décousu à caracoler d'une époque l'autre comme ça, pouf, il prend son sens passé le premier tiers de l'album en se construisant autour du concept de réincarnation, très en vogue dans les années 80-90 qui ont précédé sa publication. Après, on reste dans une histoire XXX, pas dans un édifice scénaristique à la Usual Suspects, donc il y a bien sûr un aspect prétexte et un peu capillotracté à cette histoire de réincarnation, mais pas que. Kovacq se sert de l'astuce pour créer de l'intrigue, pas juste comme un artifice narratif gratuit.
Verdict : c'est du bon, du beau, du lourd !
Lien :
https://unkapart.fr/hilda-ha..